A la tête du ministère des Technologies de l’information et de la communication depuis le 24 décembre 2011, Mongi Marzoug pourrait ne pas faire partie du nouveau gouvernement après que les négociations du quartet ont débouché sur la nomination de Mehdi Jomâa, actuel ministre de l’Industrie, comme prochain chef de gouvernement.
A la tête du ministère des Technologies de l’information et de la communication depuis le 24 décembre 2011, Mongi Marzoug pourrait ne pas faire partie du nouveau gouvernement après que les négociations du quartet ont débouché sur la nomination de Mehdi Jomâa, actuel ministre de l’Industrie, comme prochain chef de gouvernement.
Pendant qu’il continue ses rencontres marathons pour former son prochain gouvernement, un gouvernement de compétences comme cela a été exigé par le quartet, Mehdi Jomâa pourrait reconduire M. Marzoug à la tête du même ministère, voire pour chapeauter un autre ministère.
Mais quel bilan décline l’actuel ministre des TIC après plus de 2 ans passés à ce poste ? Mongi Marzoug, a accepté d’accueillir la rédaction de THD pour parler de ce qu’il estime un travail d’équipe et non ses réalisations à lui. Dans cette rencontre, il a également énuméré les dossiers qu’il laisse à son successeur (une bonne dizaine). Interview.
THD : L’année 2013 était exceptionnelle pour les TIC malgré une conjoncture très difficile. Comment jugez-vous les actions du ministère depuis votre prise de fonction jusqu’à aujourd’hui ?
Mongi Marzoug : (Cachant un léger sourire tout en évitant de répondre directement à la question) Vous savez, le point le plus important dans le travail d’un ministère, c’est de faire participer les directeurs et directeurs généraux. Leur connaissance profonde de l’administration est un atout majeur pour la réussite.
Ce qui m’a étonné, c’est qu’il y a des cadres dans le ministère qui sont très compétents mais qui ne prennent même pas l’initiative de faire des contre-propositions dans les orientations générales afin de rendre plus efficaces nos plans d’actions. Personnellement, je leur ouvre toutes les portes, y compris par mail, pour me proposer leurs visions de travail. Et à vrai dire, j’ai trouvé une très bonne réactivité de leur part en les engageant dans le travail du cabinet. Je pense que ceci a fini par avoir un impact sur l’ambiance de travail que j’estime très bonne depuis ma prise de fonction.
Mais ce qui m’a agacé au départ, c’est la bureaucratie. Il y a des procédures administratives très lourdes qui ralentissent les prises de décisions. Or, je viens du domaine du privé où l’efficacité est une règle d’or du travail.
Qu’avez-vous fait alors pour réduire cette lourdeur ?
On a déjà réglé en 2012 le grand problème de l’organigramme au ministère. Celui du technopôle El Ghazala est très avancé. Il est en dernière phase d’approbation. Savez-vous qu’il y a des organismes rattachés directement au ministère et qui n’ont pas encore d’organigramme à l’instar du centre d’information, de formation, de documentation et d’étude en télécom CIFODECOM ? Pourtant ce centre a été crée en 2001. Et sur ce point, justement, ça sera une grande perte si le prochain gouvernement se décide à remettre le ministère sous la tutelle d’un autre ministère sous forme d’un Secrétariat d’Etat. Sans parler de son impact sur la volonté et le rendement du personnel et cadres du ministère.
Effectivement, il y a des rumeurs qui courent concernant des pressions sur Mehdi Jomâa pour réduire le nombre des ministres. Et du coup, il y a de fortes chances que le ministère des TIC disparaisse. Comment perçoivent-ils, les fonctionnaires de votre ministère, cette possibilité ?
Très mal. J’ai déjà quelques cadres qui m’ont ouvertement avoué leur intention de quitter le secteur dès que l’annonce sera faite. Moi personnellement, j’ai parlé à Mehdi Jomâa et je lui ai fait part de mon avis sur cette question. Car ça sera un sacré bond en arrière s’il se décide à le faire. Je lui ai proposé, par contre, un nouveau système de gestion : un ministre à la tête de deux ministères à la fois. Il a trouvé l’idée intéressante. En tout cas, c’est à lui que reviendra la décision finale.
Selon vous, qu’est-ce qui fait la réussite d’un ministre ?
Le sens de l’écoute. Je suis ouvert à tout le monde et je fais participer tout le monde à la prise de décision.
Quels sont les dossiers que vous laissez à votre successeur ?
La 4G. Il faut déjà préparer dès maintenant la consultation, l’appel d’offres, etc. pour garantir un bon lancement dès que le réseau 3G arrivera à maturité.
(Après un moment de silence) Vous savez ? Parmi les points dont je suis fier, c’est que les cadres du ministère, des entreprises sous tutelle -comme le CERT, l’ANF, etc.- et de l’INT (Instance Nationale des Télécommunications, ndlr) sont maintenant capables de préparer et de lancer un appel d’offres sans passer systématiquement par un cabinet spécialisé. Celui qu’on a lancé en 2012 (octroi de la 3G à Tunisiana, ndlr), a été fait en interne et nous a permis d’économiser 500 mille dinars en consulting. Certes, on aura de temps en temps recours à ces cabinets, mais ça ne sera plus systématique comme avant.
Sinon, il y a aussi le grand dossier de la TNT (Télévision Numérique Terrestre, ndlr). Comme vous le savez, en 2015, la Tunisie est obligée, conformément aux résolutions de l’UIT, d’arrêter la diffusion analogique sur l’hertzien. C’est vrai que nous sommes déjà très avancés en termes de couverture TNT par rapport à d’autres pays d’Afrique au point de nous considérer comme un cas d’école. Mais tant qu’il n’y a pas de contenu et suffisamment de récepteurs numériques pour la TNT, ça ne marchera pas.
Le ministère doit définir avec l’ANF et l’Office National de Télédiffusion (ONT, ndlr) de nouveaux tarifs pour la diffusion de la TNT pour qu’elle soit moins chère que le satellite. De plus, c’est le taux des ménages ayant une télé compatible à la TNT qui posera problème. D’après nos estimations, 15% seulement des téléviseurs en Tunisie sont équipés d’un tuner numérique. Il faudra donc trouver une stratégie et un business model pour ramener des récepteurs TNT à prix accessibles à tous les Tunisiens et ce, en collaboration avec les ministères du Commerce et de l’Industrie.
Fin de la première partie
Propos recueillis par Welid Naffati
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