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L’Etat fixe ses conditions pour le nouveau partenaire de Tunisie Telecom

L’Etat supervisera la sortie de EIT du capital de Tunisie Telecom et oppose des conditions

Le partenaire Dubaoïte de Tunisie Telecom, Emirates International Telecommunications LLC (EIT), a fait savoir sa volonté de revoir sa présence dans le capital de l’opérateur historique et ce, en revendant ses 35% au plus offrant. Après que l’annonce a été faite en juin dernier de la part de l’actionnaire émirati, l’Etat tunisien a fini par donner son feu vert à EIT mais a demandé, en contre-partie, un moratoire lorsque quelques entreprises étrangères ont manifesté leur intérêt à l’instar de Turkcell, la Libyan Investment Authority ou encore Korea Telecom.

L’Etat supervisera la sortie de EIT du capital de Tunisie Telecom et oppose des conditionsLe partenaire Dubaoïte de Tunisie Telecom, Emirates International Telecommunications LLC (EIT), a fait savoir sa volonté de revoir sa présence dans le capital de l’opérateur historique et ce, en revendant ses 35% au plus offrant. Après que l’annonce a été faite en juin dernier de la part de l’actionnaire émirati, l’Etat tunisien a fini par donner son feu vert à EIT mais a demandé, en contre-partie, un moratoire lorsque quelques entreprises étrangères ont manifesté leur intérêt à l’instar de Turkcell, la Libyan Investment Authority ou encore Korea Telecom

En effet, le gouvernement semble réaliser plus que jamais que l’apport du partenaire stratégique ne doit pas seulement se limiter au coté financier. Il doit valoriser toute l’entreprise, et en l’occurrence, les parts de l’Etat. Après tout, à quoi bon privatiser Tunisie Telecom en vendant les 16% restant si la valeur de l’entreprise ne cesse de dégringoler à la célérité de la lumière.

Ces dernières années ont été très difficiles pour TT. Ses dépenses ont augmenté, notamment à cause de la charge salariale (plus de 8000 employés contre environ 1900 pour Tunisiana et 1700 pour Orange). Et ces deux derniers ont réussi tant bien que mal à lui grignoter des parts de marchés et à lui piquer de gros clients (comme c’est le cas du groupe Bayahi).

Une commission composée de représentants du gouvernement (Ministère des TIC, de la finance, du développement régional et de la coopération internationale) ainsi que du management de TT et des membres de son conseil d’administration a été formée. Par cette commission, le ministère des TIC a voulu faire un état des lieux et évaluer les engagements de chaque partie. Et pour cause : le partenariat conclu entre EIT et l’Etat tunisien relevait du secret de polichinelle sous Ben Ali. Pourtant, parmi les termes de cet accord, le Dubaoïte s’engage non seulement financièrement, mais aussi dans une stratégie de développement de l’entreprise comme sur le plan des ressources humaines, la question du trafic international et les contrats de roaming pour la rendre plus compétitive à l’échelle internationale. 

Et l’Etat tunisien, lui aussi, a une part de responsabilité. Dans un environnement très compétitif, Tunisie Telecom a continué à être gérée comme une entreprise publique avec toutes les lourdeurs administratives qui en découlent. Or, l’application du décret 1555 aurait pu donné plus de flexibilité dans la gestion de cette entreprise étatique. Ce manque de volonté politique pour sauver Tunisie Telecom a fait que ce fleuron de l’économie nationale a commencé sa descente aux enfers. Une chute qui s’est accélérée avec la grève de plusieurs semaines durant 2011 et qui a été exploitée par Tunisiana et Orange pour récupérer des parts de marché à TT (on parle de plus d’un million d’abonnés qui ont quitté TT pour aller chez la concurrence).

L’Etat fixe ses conditions pour le nouveau partenaire de Tunisie Telecom

Le 30 juillet 2013, une commission interministérielle (composée par quelques ministères et non chapeautée par le président du gouvernement) a donc choisi d’ouvrir le débat sur les différents scénarios possibles pour la sortie de crise de TT. Après concertation avec de nombreux anciens responsables de TT et du ministère, la commission a rendu son rapport mardi 24 décembre dernier, qui :

–  Evalue l’expérience du partenariat actuel

–  Analyse les obligations contractuelles actuelles et les conditions de sortie du partenaire

–  Propose les scénarios pertinents possibles pour rendre TT plus compétitive

–  Précise ce qu’attend TT d’un nouveau partenaire et les critères d’évaluation des nouveaux candidats potentiels

–  Et enfin, fixe les conditions de rachat des parts du partenaire actuel.

Sur ce dernier point, 4 critères essentiels ont été retenus : 

1- Le poids de ce partenaire sur le marché arabo-méditerranéen comme opérateur universel (et non seulement sur le mobile) 

2- Sa capacité à ramener des services à valeur ajoutée chez TT

3- Son expérience dans la gestion et la transformation de sociétés similaires à Tunisie Telecom

4- Son aptitude à ramener des contrats intéressants avec les fournisseurs (achats de services, équipements réseau, etc.)

C’est donc une sorte de grille de note qui a été mise en place. Il suffit que le nouveau partenaire ne réponde pas à l’un de ces 4 critères pour que l’Etat tunisien oppose son véto à la revente des parts de EIT au nouvel actionnaire. Mais une fois le choix fait, le gouvernement accompagnera alors le dubaoïte dans sa transaction et ce, en dressant avec lui le planning de sa sortie du capital de TT (notamment sur les questions de délais de passation et signature du nouveau contrat avec le nouvel actionnaire, etc.).

Le rapport de la commission présente 6 scénarios possibles pour rendre Tunisie Telecom plus compétitive et la revaloriser après l’action de rachat. Deux d’entre eux ont été formulés sous forme de recommandation. Ils seront gardés sous embargo et délivrés au conseil d’administration dès l’entrée du nouvel actionnaire. D’après nos sources, EIT a déjà fait savoir qu’elle acquiesçait au plan et aux exigences de cette commission et qu’elle ne tardera pas à communiquer les noms des acheteurs potentiels qui répondront aux 4 critères cités ci-dessus.

Rappelons que EIT LLC est une joint-venture formée en 2006 entre TECOM Investments et Dubai Investment Group. Sa mission : augmenter la valeur des investissements du groupe à travers le monde et ce, grâce au secteur des télécoms. En juillet 2006, EIT a racheté 35% des parts de l’opérateur historique tunisien contre 3052.4 millions de dinars. Toujours d’après JP Morgan, cette part (35%) a perdu, aujourd’hui, 70% de sa valeur à cause d’une dépréciation d’environ 70% de toute l’entreprise.

Avec ce plan d’action du ministère de tutelle pour profiter de la sortie de EIT dans le but de remettre Tunisie Telecom sur les rails, on se demande bien comment réagiront les employés de TT et leur syndicat. Vont-ils le contester, ou vont-ils être coopératifs afin d’accompagner ce changement et mettre TT à l’abri de la faillite si rien ne change ?

Welid Naffati 

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