L’association L’Afrique Des Idées, une ONG qui mène des analyses et tente de nourrir les débats d’idées pour le développement du continent africain dans les domaines économiques, politiques et culturelles, a organisé samedi 7 mars dernier à Paris une séance débat avec Mongi Marzoug, l’ancien ministre des Technologies d’information et de communication de décembre 2011 à janvier 2014.
L’association L’Afrique Des Idées, une ONG qui mène des analyses et tente de nourrir les débats d’idées pour le développement du continent africain dans les domaines économiques, politiques et culturelles, a organisé samedi 7 mars dernier à Paris une séance débat avec Mongi Marzoug, l’ancien ministre des Technologies d’information et de communication de décembre 2011 à janvier 2014.
L’ex ministre tunisien des TIC, qui occupe actuellement le poste de Vice Président chargé de la gouvernance d’Internet et du développement numérique au sein du Groupe Orange, a commencé par donner un retour d’expérience sur son aventure ministérielle avant de proposer ses recommandations pour le développement numérique en Afrique.
Pour M. Marzoug, deux lignes directrices doivent guider le travail d’un ministre. D’abord l’écoute et le dialogue, en insistant sur l’implication des différentes parties prenantes dans la prise de décision et dans l’exécution des plans d’actions. «La société civile, le privé, les syndicats, les patronats, ont tous un mot à dire et la mission principale serait de les réunir autour d’un consensus qui permettra de faire avancer les différents projets», a-t-il insisté. En un second lieu, l’ancien ministre a mis l’accent sur la motivation du personnel et des cadres ministériels. Il faut, en effet les inspirer, les pousser et valoriser les contributions des collaborateurs. «Il fallait mettre en clair qu’on peut contredire un ministre et mener un débat constructif pour aboutir à des solutions concrètes», a-t-il rajouté.
Mongi Marzoug à la rencontre débat de l’ONG Afrique Des Idées à Paris
Quant aux freins de fonctionnement, M. Marzoug s’est beaucoup arrêté sur la bureaucratie paralysante que connait l’administration tunisienne et qui touche aussi les pays africains. La corruption d’une part, mais aussi les protocoles inutiles. «Je n’ai pas compris pourquoi deux ministres doivent être présents dans une réunion interministérielle, si je peux gérer l’affaire avec un directeur général de l’autre ministère. Pourquoi bloquer le processus par des protocoles pareils ?», s’est-il indigné.
Il s’est ainsi rappelé d’une initiative qu’il a mené durant son mandat, où il a fourni des tablettes et des applications mobiles aux ministres et aux secrétaires d’état pour faciliter le déroulement des conseils ministériels. L’application dont le centre national informatique a réalisé, permettait de naviguer l’ordre du jour avec les points de situations et les plans d’action. Mais 30% seulement de l’équipe ministérielle se sont engagés à utiliser ce terminal mobile. M. Marzoug a fait remarquer que la transformation numérique est un vrai challenge qui doit être conduit doucement et en tenant compte de toutes les spécificités du personnel administratif. «L’usage du numérique et l’expérience de l’utilisateur (UI/UIX) est un sujet très délicat. C’est un domaine d’expertise à qui on doit prêter beaucoup d’attention», a-t-il martelé.
Mongi Marzoug est revenu, ensuite, sur le sujet du développement de l’infrastructure numérique. Il a insisté sur l’importance d’adopter un modèle de mutualisation de l’infrastructure pour avancer rapidement et minimiser les couts : «Nous sommes à 4% de taux de pénétration de l’ADSL sur le continent africain. Il faut multiplier les investissements dans l’infrastructure et mieux servir les populations pour qu’ils puissent bénéficier du numérique dans n monde de plus en plus connecté».
Dans un autre contexte, il a aussi mis le point sur l’importance d’anticiper les questions de régulations dans le numérique pour les pays africains. Pour lui, les textes ne sont pas clairs et beaucoup de travail devra être entrepris pour clarifier un cadre légal propice au développement du numérique. Toutes les questions de la neutralité du Net, du droit d’accès à l’information et de la protection de la vie privée doivent être traitées avec beaucoup d’attention et avec la participation des composantes de la société civile. «Il y’a des droits et des devoirs numériques qu’il faut éduquer et instaurer», a-t-il surenchéri.
M. Marzoug a cité l’exemple estonien qui vient d’être adopté comme modèle de référence par la Tunisie dans le déploiement du projet de l’identifiant unique pour chaque citoyen et a insisté sur l’importance du chantier juridique et légal qui doit l’accompagner.
Nous avons demandé à Mongi Marzoug son avis sur le travail de ses successeurs à la tête de ce ministère. Il nous a répondu qu’il vient de rencontrer Noomen Fehri, l’actuel ministre des TIC et de l’Economie Numérique et qu’il lui a recommandé de travailler en urgence sur le déploiement de la 4G en Tunisie. «Cela est très important pour préserver notre image dans la région en tant que pays pionnier en développement des Tics et nous permettra de nous positionner mieux dans la carte numérique mondiale».
Rappelons que un appel d’offre pour une licence 4G sera lancé vers la fin de cette année, juste après l’extinction des émetteurs analogiques de la télévision hertzienne afin de récupérer la bande 800 Mhz qui lui est réservé pour l’exploiter pour la 4G dans les zones rurales.
De notre correspondant à Paris, Marwen Dhemaied
Crédit photos : La page facebook de Afriques Des Idées
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