Le gouvernement cherche désespérément à relancer l’économie en encourageant le commerce électronique (voir le programme du premier ministère publié sur son portail). Mais cette bonne volonté politique cache une réalité noire du e-commerce en Tunisie.
«On vient de lancer un site de commerce équitable en Tunisie. Son but est de réduire la chaine de distribution pour que les petits producteurs locaux puissent vendre des produits artisanaux à bas prix», nous a déclaré Amel Djaiet Belkaid, directrice du site 1001-Tunisie.com et initiatrice du projet Tunisie-equitable.com. Un projet qui ne lui rapporte aucun sou, mais dont les frais sont supportés par Tunisiana. «Nous avons pensé que le paiement en ligne allait nous faciliter la tâche. C’était une erreur. Les procédures d’obtention du kit d’achat électronique se sont éternisées. Et devant la complexité des démarches administratives, beaucoup de sociétés sont réticentes à vendre sur Internet. Après qu’on ne s’étonne plus sur pourquoi le e-commerce a du mal à pointer son nez en Tunisie !»
Beaucoup de sociétés commerciales qui souhaitent élargir leur activité commerciale au Web se trouvent dans le même cas que Mme Djaiet Belkaid. Leurs directeurs ne savent plus à quel saint se vouer pour avoir l’autorisation de vendre sur Internet. Quelques uns d’entre eux ont carrément pointé du doigt le monopole de la société Monétique Tunisie et l’ont accusée d’être la source de tous les maux.
Mais la donne risque bien de changer grâce à la Biat et Viamobile. Ces deux derniers viennent en effet de lancer leur propre moyen de paiement en ligne appelé mDinar.
«mDinar c’est un porte monnaie électronique qu’on peut utiliser via mobile ou Internet», explique Ramzi El Fkih, PDG de Viamobile. «Son utilisation est facile, il suffit d’aller sur le site de mDinar, imprimer les formulaires, les remplir et se pointer dans n’importe quelle agence Biat avec sa carte d’identité nationale. Il se verra remettre deux codes d’identification personnels : un pour le Net et l’autre pour le GSM. Quant au numéro de compte, il sera tout simplement celui du portable. Cette opération est complètement gratuite».
Ramzi El Fkih, PDG de Viamobile
Mais faut-il avoir un compte bancaire chez la Biat pour pouvoir le faire ? «Non, ce service est ouvert à tout le monde, même ceux qui n’ont pas de compte courant», nous répond-il. «D’ailleurs, c’est l’un des avantages de ce service puisque l’utilisateur doit recharger son compte mDinar pour pouvoir payer en ligne. Il y a donc moins de risque de vol qu’avec un paiement classique via Visa/Mastercard. L’utilisateur maitrise mieux ses dépenses et ses budgets».
Le mDinar a vu le jour en novembre 2009 grâce à un partenariat entre la Biat, Viamobile et Tunisiana. Il a été dévoilé lors d’un point de presse regroupant ces trois acteurs. Dans sa version initiale, mDinar avait comme but de lancer, pour la première fois en Tunisie, le service de paiement via mobile (Mobile Payment) grâce au réseau de Tunisiana. Mais depuis, ce projet n’a pas été concrétisé. «Ce qui s’est passé, c’est qu’un proche du palais nous a bloqués. Après la chute du régime, nous avons réitéré notre demande d’autorisation auprès de la banque centrale. Elle nous l’a accordée en mars dernier», nous explique le PDG de Viamobile.
Et pourtant, on découvre que le lancement de mDinar s’est fait cette fois-ci sans Tunisiana. «Nous avons trouvé que ce service devrait être indépendant des opérateurs téléphoniques pour que chacun puisse en bénéficier», nous répond M. El Fkih.
En cette période de crise économique où le gouvernement de Jbali cherche par tous les moyens à montrer son aptitude à relancer l’économie d’un pays (et se cherche une légitimité politique aux yeux du citoyen), mDinar réussira, sans doute, là où Monétique Tunisie et la Poste ont échoué : encourager le e-commerce en Tunisie, et voire même l’exportation de nos produits à l’étranger via le Web.
Grâce à ce service, le paiement électronique (sur Internet et via mobile) sera plus accessible, plus facile à adopter et surtout, un tremplin pour la relance économique grâce au Net (concurrence oblige).
Welid Naffati
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