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La culture en Tunisie ou l’art de rater sa communication en ligne

La culture en Tunisie ou l’art de rater sa communication en ligne

Les produits culturels sont connus pour être une manne d’argent… si on sait comment l’exploiter. Le Net est, de ce fait, un canal qui peut booster les ventes et la consommation culturelle. Surtout grâce au paiement en ligne. Mais en Tunisie, tout porte à croire que cette idée est encore loin de faire l’unanimité. Pire : même si on fait le pas dans le e-commerce culturel, on a le chic de le rater.

La culture en Tunisie ou l’art de rater sa communication en ligne Les produits culturels sont connus pour être une manne d’argent… si on sait comment l’exploiter. Le Net est, de ce fait, un canal qui peut booster les ventes et la consommation culturelle. Surtout grâce au paiement en ligne. Mais en Tunisie, tout porte à croire que cette idée est encore loin de faire l’unanimité. Pire : même si on fait le pas dans le e-commerce culturel, on a le chic de le rater.

Le ratage est devenu, en Tunisie, presque une marque de fabrique, une règle à laquelle on ne veut plus déroger, une habitude, une mauvaise gestion, un mauvais reflexe … On ne sait plus comment on doit qualifier ce phénomène ou comment l’interpréter. On aura beau organiser les IGF, les SMSI, les Hackatons, les Barcamps, les Meetups, mais le minimum syndical n’est pas encore respecté.

Le théâtre municipal au centre ville de Tunis

Le théâtre municipal au centre ville de Tunis

Prenons l’exemple du site du théâtre municipal de Tunis http://www.theatremunicipal-tunis.gov.tn/. Le site est inaccessible depuis plusieurs jours (pour ne pas dire des semaines). Une erreur dans la base de données qui a mis le site hors ligne. Impossible donc d’y accéder pour vérifier le programme des soirées ou encore de pouvoir réserver sa place dans une présentation. Alors que dire pour acheter son ticket en ligne.

Mais avant même d’accéder au site, on notera tout de même l’URL du site. Très long et trop complexe pour une adresse Web. Difficile à mémoriser du premier coup. Dans un temps où on est bombardé d’URL de partout, le choix du nom de domaine devient aussi stratégique que l’image de marque. Pis : un site est considéré comme un ratage complet quand Google ne l’affiche dans le premier résultat quand on tape son nom complet. C’est notre cas ici. En effet, en lançant une requête sur «théâtre municipal tunis» on a dans les 3 premiers résultats de recherche des sites différents. Dont celui d’une entreprise privée spécialisée dans la vente en ligne des tickets pour les spectacles du théâtre municipal : Teskra.net. Ce dernier semble plus accessible, mieux organisé et plus ergonomique que le site propre du théâtre municipal. Mieux : il présente d’une façon claire le calendrier des présentations. 

Le message d'erreur SQL du site du théâtre municipal de Tunis

Le message d’erreur SQL du site du théâtre municipal de Tunis

Petit hic : il vend essentiellement les tickets des spectacles dans le cadre du festival du rire (événement boosté et sponsorisé par Tunisiana) et il nous est difficile de savoir s’il a été chargé par le ministère de la culture de vendre les places pour le compte du théâtre municipal. Quoi qu’il en soit, on ne peut que saluer une telle initiative. Et pour cause : il y a peu de sites tunisiens qui défendent l’image du pays sur la Toile, surtout sur la partie culturelle. Et quand les sites officiels ratent cette vocation, on ne peut, alors, qu’encourager les entreprises privées et les amateurs à combler ce vide.

Après tout, sans ces deux derniers, il est difficile pour la nation de progresser, d’impressionner et de rayonner mondialement malgré sa petite superficie. Mais comment peut-on la défendre convenablement si cette dernière se croit «à la page» en termes de technologies si elle ne se dote même pas de sites web dignes de ce nom. Et pourtant, ce ne sont pas les infrastructures, les noms de domaines en .tn ou encore les webmasters/webmarketteurs qui manquent.

Or, une nation qui ne sait pas mettre en avant une belle vitrine est une nation qui ne sait pas se vendre et vendre ses services. Un site web c’est surtout, et avant tout une image qui peut inciter les étrangers à venir le visiter voire même y investir.

Paradoxalement, les sites web des structures gouvernementales sont souvent facturés à des quarantaines de milliers de dinars par des sociétés tunisiennes de création de contenu web, réalisés dans la majorité des cas avec des CMS gratuits. Quand on sait que ces projets peuvent être réalisés en partie, si ce n’est la totalité, avec l’aide d’étudiants ou d’ingénieurs stagiaires et revenir beaucoup moins chers à l’Etat surtout en ces temps d’austérité, on ne peut qu’en être triste. C’est aussi triste de voir qu’à l’air des Transmédias et des applications mobiles spécifiques, notre théâtre municipal, dont les murs regorgent d’histoire ne bénéficie pas encore d’un site web digne de ce nom en 2014, qui valorise l’art tunisien, à part celui du ratage.

Emir Sfaxi

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