Le lancement de la Carte Technologique Internationale a été certainement l’évènement technologique phare de l’année. Cette carte, fruit de 4 années de négociations, de discussions et de réunions, est en passe de marquer un certain tournant pour les milliers de développeurs travaillant en indépendant. Une carte qui ramène de belles promesses, mais aussi des craintes d’abus.
Le lancement de la Carte Technologique Internationale a été certainement l’évènement technologique phare de l’année. Cette carte, fruit de 4 années de négociations, de discussions et de réunions, est en passe de marquer un certain tournant pour les milliers de développeurs travaillant en indépendant. Une carte qui ramène de belles promesses, mais aussi des craintes d’abus.
En ce sens, une conférence débat a été organisée samedi 16 mai, dans un hôtel cossu du centre-ville. Organisé par l’Association des Diplômés de l’Institut de Financement du Développement du Maghreb Arabe (ADIFID), en collaboration avec le géant des cartes de paiement bancaire, VISA. Durant cette conférence, les invités se sont succédés pour présenter la carte et son potentiel.
Commentant le lancement de la Carte Technologique Internationale, Sami Romdhane, Country Manager de Visa en Tunisie, a déclaré : «Le lancement de la Carte Technologique Internationale va contribuer au développement de l’économie numérique en Tunisie, notamment en permettant aux développeurs tunisiens de disposer de tous les outils nécessaires pour leurs activités. Les start-up et les jeunes compétences tunisiennes auront aussi accès aux marchés internationaux, puisque cette carte leur permet de recevoir des crédits relatifs à la vente de leurs produits et les prestations qu’elles fournissent».
Le ministère, via son représentant Sami Ghazeli, nous a indiqué que cette carte faisait partie des projets qui transformeront la Tunisie en une véritable référence numérique internationale. Quelques chiffres nous ont été présentés. Comme la valeur ajoutée du secteur qui est de 4.15 milliards de dinars actuellement et qui devrait passer à 13.5 milliards de dinars d’ici 2018 grâce à Tunisie Digitale (PNS) et notamment Smart Tunisia. Rappelons que le PNS c’est plus de 80 mille emplois à créer, 64 projets à valider et un objectif de 3/5 familles connectés en très haut débit. Un projet qui transformera, donc, la Tunisie en un véritable pôle régional, occupant la 1ère place sur le plan africain et arabe et la 40ème place mondial, côtoyant des pays développés en la matière.
Sami Romdhane, Country Manager de Visa en Tunisie
L’intervention de Kamel Mgharrech, directeur général de la Banque Centrale de Tunisie, a été également intéressante. Expliquant les modalités de fonctionnement de cette carte, ses plafonds à la fois pour les personnes physiques et les personnes morales, c’est-à-dire les sociétés, M. Mgharrech a indiqué que des mesures ont été prises pour garantir un fonctionnement optimal de la carte. Surtout avec le chiffre prévisionnel de 400000 concernés, ce qui représente un grand chiffre en devises.
Mais quid des abus et des dépassements ? Avec la prolifération des comptes bancaires anonymes et l’utilisation intempestive en devise, surtout sur les sites de paris en ligne, nombreux ont été les intervenants ayant exprimé leurs doutes quant à la capacité des autorités à lutter pour contrer les abus.
La déclaration sur l’honneur, condition sine-qua-non pour l’obtention de la carte est-elle un outil efficace ? A ce sujet, M. Mgharrech nous a indiqué que, au-delà de la déclaration et des mesures prises -c’est-à-dire l’obligation de déclaration de revenus à partir de la 2ème année- nous ne pouvons pas prendre d’autres mesures. En effet, les banques ne peuvent pas empêcher les transactions et les virements vers d’autres comptes qui ne sont pas plafonnés. Seulement, ces infractions peuvent être découverts, et les concernés se verront privés de leurs cartes, en plus des retombées judiciaires qui concernent l’infraction des lois mises en place en ce sens.
Plus que les lois restrictives, la Banque Centrale mise sur la responsabilité des clients et place une confiance totale en ceux-ci : «Nous comptons sur nos clients pour faire un bon usage de la carte. En cas d’abus, nous pourrons filtrer les utilisateurs les plus sérieux». Il a rajouté qu’en cas de dépassement de plafond autorisé, ce sera à la Douane Tunisienne de traiter les cas et de fixer s’il y’a un abus quelque part. D’autre part et à notre question sur le fonctionnement de la carte à puce qui prendra la place de la carte plastique dans quelques mois, M. Mgharrech nous a indiqué que les opérations DAB, qui concernent le retrait de billets à partir des Distributeurs Bancaires, ne seront accessibles que sur le territoire Tunisien, c’est-à-dire en Dinar Tunisien.
La Carte Technologique continue donc de susciter des réactions de toute part. Au potentiel énorme dédié, des abus peuvent être constaté, ce qui est très normal. En l’absence de lois, mais surtout en l’impossibilité de prendre des mesures draconiennes qui enlèveraient toutes les qualités de ces projets, la Banque Centrale a pris une décision unique. Celle de compter sur l’esprit citoyen des concernés. Pleine confiance aux jeunes développeurs, telle est donc la ligne directrice de l’institution, consciente du potentiel de la carte, et du potentiel de ces jeunes talents. Mais nos jeunes sauront-ils à la hauteur de cette responsabilité ?
Notons au final que la majorité écrasante des banques, ainsi que la poste tunisienne, ont lancé la carte technologique internationale avec Mastercard et non avec Visa.
Seif Eddine Akkari
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