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La monétisation de la 5G, un défi persistant pour les opérateurs sauf en Corée du Sud

Cinq ans après son déploiement mondial, la 5G reste un objectif ambitieux pour les opérateurs mobiles, mais la monétisation de cette technologie représente encore un défi majeur. Si la couverture réseau et les performances, notamment en termes de vitesse, ont considérablement progressé, les retours financiers n’ont pas été à la hauteur des attentes. Cependant, selon le rapport d’Open Signal, la Corée du Sud émerge comme une exception dans ce tableau, où les opérateurs ont su tirer parti des opportunités offertes par la 5G en proposant des offres groupées et des services différenciés.

Sur la plupart des marchés, les opérateurs ont concentré leurs efforts sur l’amélioration de l’infrastructure réseau. L’introduction du spectre à bande moyenne (3,5 GHz), l’expansion de la couverture et la rationalisation des coûts grâce à la réaffectation du spectre sont des stratégies courantes. Toutefois, ces mesures ne répondent pas à la question cruciale : comment transformer les capacités avancées de la 5G en nouvelles sources de revenus tangibles ? La réponse demeure incertaine pour de nombreux acteurs du secteur, selon Open Signal. 

Un obstacle majeur à cette transformation réside dans la dépendance des réseaux non autonomes qui relient les radios 5G aux cœurs 4G. Cette approche limite le potentiel de la 5G, notamment en ce qui concerne l’Internet des objets (IoT), la latence ultra-faible et la possibilité de découper les réseaux. Ces capacités avancées sont encore sous-exploitées, ce qui freine l’atteinte du potentiel commercial de la 5G.

Le spectre en bande moyenne, qui a permis d’augmenter la vitesse de connexion dans des pays comme la Corée du Sud et le Brésil, n’est cependant pas une solution miracle. Il présente un compromis : d’un côté, il permet d’offrir des vitesses élevées et une meilleure capacité réseau, mais de l’autre, il rencontre des limites en termes de couverture, en particulier à l’intérieur des bâtiments. À l’opposé, le spectre à bande basse, inférieur à 1 GHz, améliore la couverture, mais sacrifice la vitesse de connexion.

Pour pallier ces limitations, les opérateurs ont réaffecté une partie du spectre 2G et 3G pour soutenir la 4G et la 5G. Si cette réaffectation a permis de réaliser des économies substantielles, elle a aussi engendré des défis, notamment en matière de qualité de voix avec la VoLTE (Voix sur LTE) et la VoNR (Voix sur les Nouvelles Radios), ainsi que des problèmes de compatibilité des appareils. Par ailleurs, certaines zones rurales restent mal desservies, avec une couverture qui peine à répondre aux besoins croissants.

Au-delà des défis techniques, l’industrie de la 5G doit désormais se concentrer sur l’innovation produit et l’amélioration de l’expérience utilisateur. La 5G doit dépasser le simple cadre de la performance réseau pour se concrétiser dans des cas d’usage tangibles qui captiveront le marché. En l’absence de stratégies de monétisation bien définies et de cas d’usage convaincants, la 5G risque de devenir un « G étrange », un succès technique sans véritable retour économique.

L’avenir de la 5G pourrait résider dans la création de réseaux plus ouverts, accessibles via des API pour les services d’entreprise. Ces réseaux offriront de nouvelles opportunités de monétisation pour les opérateurs, mais ceux-ci doivent agir rapidement pour prouver la valeur commerciale de la 5G, avant que la 6G n’entre en scène.

Alors que la monétisation de la 5G reste un défi pour de nombreux opérateurs, l’accès sans fil fixe (FWA) apparaît comme une application concrète de cette technologie, avec un potentiel de revenus tangible. Le FWA utilise l’infrastructure mobile existante pour fournir des services haut débit dans les régions où le déploiement de la fibre optique serait trop coûteux. Ce modèle est particulièrement efficace dans les marchés où les investissements en haut débit fixe sont limités.

Aux États-Unis, le FWA a connu une croissance fulgurante. Verizon, par exemple, a dépassé son objectif de 4 millions d’abonnés FWA avec 15 mois d’avance, tandis que T-Mobile a étendu sa couverture dans les zones suburbaines et rurales. En Inde, des opérateurs comme Airtel et Jio ont intégré le FWA dans leur portefeuille, répondant à la demande croissante de connectivité dans des zones géographiques mal desservies. Jio AirFiber a enregistré une forte augmentation, passant de 600 000 connexions en décembre 2023 à 2,8 millions en septembre 2024.

L’un des principaux avantages de le FWA réside dans son modèle « plug-and-play », qui permet aux utilisateurs d’installer facilement leur équipement sans nécessiter l’intervention de techniciens. Couplé à des tarifs compétitifs, cela a permis à des opérateurs comme Verizon et T-Mobile d’obtenir des scores élevés en termes de satisfaction client. De plus, la possibilité de regrouper le FWA avec des services mobiles permet de renforcer l’offre et d’attirer un large public.

Sa montée en puissance pourrait, toutefois, poser des défis aux opérateurs, notamment en termes de capacité réseau et de qualité de service. À mesure que la demande augmente, l’augmentation du trafic pourrait impacter l’expérience globale du réseau mobile, d’après le rapport d’Open Signal.

Entres autres applications, le FWA  sera, rappelons-le, utilisé pour le lancement de la 5G en Tunisie. Initialement utilisé comme alternative aux connexions fixes telles que l’ADSL, le FWA a, en effet, connu une popularité croissante en raison de sa fiabilité et de ses débits élevés, en particulier dans les zones rurales où l’infrastructure Internet câblée traditionnelle est souvent absente.

L’un de ses principaux atouts réside dans sa remarquable fiabilité. En effet, contrairement à l’Internet par satellite, dont la qualité de service peut être perturbée par des conditions météorologiques défavorables, le Fixed Wireless demeure stable même en cas d’évènements météorologiques extrêmes. De plus, cette technologie offre des vitesses de connexion comparables à celles de la fibre optique, ce qui en fait une solution particulièrement avantageuse pour les particuliers et les entreprises recherchant une connexion fiable et rapide.

Un autre bénéfice indéniable du Fixed Wireless réside dans son coût. Moins onéreuse que les solutions câblées traditionnelles, cette technologie n’exige pas l’installation complexe de câbles ou d’infrastructures coûteuses. En ce sens, elle permet aux opérateurs d’effectuer un déploiement plus rapide et moins coûteux, tout en offrant aux utilisateurs un accès à un Internet haut débit de manière plus accessible.

Nadya Jennene 

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