La supposée image d’exécution de Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari, kidnappés en Libye depuis septembre 2014, et qui a été publiée jeudi 8 janvier sur un site proche de l’Etat Islamique en Libye, a été prise par un appareil de marque Canon et elle date du 24 décembre 2014. La dite photo a été retouchée par le logiciel Adobe. C’est ce que nous affirme Mohamed Amine Slama.
La supposée image d’exécution de Sofiene Chourabi et Nadhir Ktari, kidnappés en Libye depuis septembre 2014, et qui a été publiée jeudi 8 janvier sur un site proche de l’Etat Islamique en Libye, a été prise par un appareil de marque Canon et elle date du 24 décembre 2014. La dite photo a été retouchée par le logiciel Adobe. C’est ce que nous affirme Mohamed Amine Slama.
Mohamed Amine Slama est un ingénieur tunisien en informatique spécialisé dans le journalisme d’investigation, exilé en France. Il a développé un outil d’analyse des images dans le cadre de son travail. Il suit depuis quelques temps les publications sur Internet des mouvements salafistes et organisations terroristes liés à Ansar Al Chariaa et l’Etat Islamique (EI). Ce logiciel qu’il a développé (et qui refuse d’en dévoiler plus de détails techniques) lui permet donc de mieux analyser ces publications, voire même de remonter jusqu’à sa source.
Revenant sur l’image qui a circulé sur la supposée exécution de Sofiene Chourabi et de Nadhir Ktari par l’EI à l’Est de la Libye, Mohamed Amine Slama affirme que l’image a circulé en premier sur un forum proche de la mouvance islamique dans sa section média. Dans cette dite photo d’exécution faite vraisemblablement la nuit, on voit à peine la silhouette de quelqu’un tirer par derrière, au niveau de la tête, sur une autre personne à genoux (supposée être l’un des deux tunisiens kidnappés) et qui est à genoux les yeux bandés. Et la dite photo immortalise le moment précis du tir puisqu’on voit le feu au bout de l’arme.
La photo de la supposée exécution des otages tunisiens diffusée par un site proche de l’EI libyen
«Cette photo est montée de toute pièce», affirme avec grande conviction Amine Slama. Sa preuve ? C’est son fameux logiciel d’analyse des images qu’il a spécialement développé. «Le procédé est purement scientifique», nous explique-t-il. «Chaque photo a une empreinte binaire qui est inscrite dans son arrière plan. Carrément derrière les pixels qui composent la photo.
«C’est une sorte de code source de l’image appelée interface binaire. Ce logiciel donne des infos du genre : La modification a été faite où et quand ; La date et lieu de création ; le model ou support avec lesquels la photo a été prise ; si elle a été supprimée intentionnellement ; si elle a été modifiée oui ou non. Et si c’est le cas, combien de fois elle a été modifiée avec quel logiciel».
L’analyse binaire de l’image faite par Mohamed Amine Slama
D’après cet ingénieur tunisien spécialisé dans l’investigation, son logiciel atteint cette couche protégée de l’image pour en tirer tous les détails techniques. «La photo a été prise le 24 décembre 2014 par un appareil de marque Canon. Elle a été modifiée par le logiciel Adobe. On peut donc affirmer qu’elle a été photoshopée», rajoute-t-il.
Mais y’a-t-il alors la possibilité que Nadhir et Sofiene aient été exécuté en décembre dernier ? «D’après mes sources en Libye, ils sont toujours en vie», infirme Mohamed Amine Slama. «Même d’un point vue purement balistique, l’analyse de l’arme utilisée sur la photo serait un pistolet du type magnum semi automatique 9 millimètres. Vous savez ce que cela veut dire ? La vitesse de la balle après le tir peu atteindre 350 mètres à la seconde ! Or au moment où on voit l’étincelle, la balle est déjà sortie est elle est à 50 mètres de la bouche du canon du revolver.
«Or, la pointe de l’arme est à 40 cm de la tête. Donc au moment ou on voit le coup de feu, théoriquement la balle a déjà traversé le crâne et on aurait du voir du sang, pour ne pas dire un bout du cerveau, vers l’avant du visage. En plus et à cause de la puissance du tir du Magnum semi-automatique, on devait voir, normalement, la victime penchée vers l’avant. Ou carrément sa face contre le sol. Ce qui n’est pas le cas».
Pour Mohamed Amine Slama, sa conclusion est sans équivoque : C’est du photoshop et c’est une image crée dans le but de manipuler l’opinion publique. «Et je dois avouer que c’est bien fait ! C’est un travail de Pro», s’étonne-t-il.
Mais qui se cache derrière cette manipulation et pour quelle raison ? «Là je ne pourrais rien dire. Mais des détails vont être bientôt dévoilés». Conclut-il.
Image de Sofiene Chourabi diffusée par le forum de l’EI en Libye
Rappelons que Sofiene Cuourabi est un journaliste qui est parti le 3 septembre 2014 en Libye pour enregistrer une émission spéciale pour la chaine tunisienne First TV avec le Cameraman Nedhir Ktari. Il aurait annoncé que le sujet de son émission portera la situation en Libye. Mais d’après plusieurs sources concordantes, Sofiene Chourabi avait plutôt l’intention d’interviewer Abu Iadh, le leader de Ansar Al Chariaa.
L’image de Nedhir Ktari diffusée par le Forum de l’EI en Libye
Arrêté vers le 5 septembre en Libye, et en apprenant les vrais intentions de Sofiene, des officiels libyens lui ont demandé d’annuler immédiatement son voyage et de retourner en Tunisie car ça sera trop dangereux. Mais Sofiene Chourabi aurait insisté et décidé de continuer son chemin vers le lieu où se cacherait Abu Iyadh et ce, en se faisant aider par des connaissances. Il a publié le 6 septembre un tweet annonçant qu’il va bien et qu’il continue sa mission sans donner plus de détails.
Mais toujours d’après les mêmes sources, Sofiene Chourabi serait tombé dans une très mauvaise période où Abu Iyadh aurait quitté la Libye vers la Syrie après avoir fait Al Moubayaâ (allégeance) à Abu Baker Al Baghdadi, l’Emir de l’Etat Islamique.
Welid Naffati