Le rapport annuel «Mesurer la société d’information» de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) classe la Tunisie à la 99ème position à l’échelle mondiale avec un Indice de développement et des TIC (IDI) de 4.23. Un taux qui est au-dessous de la moyenne mondiale de 4.77. Le rapport de l’UIT se propose en effet d’identifier les indicateurs clés de la pénétration des technologies de l’information et de communication ainsi que leur accessibilité en termes de prix.
Le rapport de l’UIT se propose en effet d’identifier les indicateurs clés de la pénétration des technologies de l’information et de communication ainsi que leur accessibilité en termes de prix. Il propose donc une démarche d’évaluation basée sur des indicateurs quantitatifs et des études de marché des 166 pays membres de l’union.
L’indice de développement des Tics, l’IDI se déduit au travers de 11 indicateurs qui prennent en compte «l’accès aux TIC», «l’utilisation des TIC» et «les compétences en TIC». Les outils TIC pris en considération regroupent le téléphone fixe et mobile, l’ordinateur, l’accès à Internet et la connexion à haut débit.
Par rapport à 2012, la Tunisie a déjà perdu 3 places. Et par rapport à 2010, ce ne sont pas moins de 14 places qu’on a cédées (85ème). Néanmoins, la Tunisie a gardé sa deuxième place à l’échelle Maghrebine. Nous sommes légèrement devancé par le Maroc (96) qui a un indice de 4.27. Nous devançons toujours l’Algérie 112ème et la Mauritanie 147ème. La Lybie n’étant pas toujours classée. Nous sommes ainsi 10ème sur la région arabe où le Bahrain(27), Les Emirates(32) et le Qatar(34) prennent le dessus avec un IDI qui dépasse le 7/10.
Avoir un indice en dessous de la moyenne mondiale ne serait-il pas inquiétant pour un pays qui n’a cessé de mettre les Tics parmi ses priorités nationales ? Quelles sont les causes d’une si faible moyenne totalement en discordance avec le discours que nous tenons en tant que pays connecté ?
Une lecture détaillée du rapport nous renvoie à une analyse plutôt positive des indicateurs du marché Tics tunisien.
Le haut débit en Tunisie est le moins cher parmi les pays arabes
Sur ce point, l’UIT classe la Tunisie au rang 57ème mondial sur le tarif du haut débit filaire (sur le fixe) qui est jugée très abordable puisque le prix se situe dans les 1.6% du Revenu National Brut (RNB) par habitant. La Tunisie s’accapare ainsi de la 6ème place régionale.
Le rapport fait remarquer les efforts de l’opérateur historique Tunisie Telecom, pour offrir des promotions régulières sur les services ADSL. Avec 6.1 dollars en moyenne, le rapport souligne qu’il s’agit l’un des prix les plus bas proposés par un opérateur de la région pour un débit supérieur à 512 kbit/s (lire notre article). Il en découle que l’UIT considère que les plans de tarification du haut débit fixe en Tunisie sont abordables pour plus que 90% de la population.
Quant à l’accessibilité des prix du haut débit sur mobile, la Tunisie continue à impressionner en arrivant en 32ème position tout en étant légèrement devancé par des pays tels que la France et le Royaume Uni. En effet pour un volume référentiel de 500 Mo de téléchargement par mois, un abonnement prépayé 3G coûte environ 0.8% du RNB par habitant.
Paradoxalement, pour un type d’abonnement prépayé destiné aux ordinateurs (clés 3G par exemple), où le volume référentiel est de 1 Go, le prix d’abonnement mensuel correspond plutôt à 2.54% du RNB par habitant.
Mais il reste judicieux de rappeler que ce même chiffre est diminué par plus que la moitié par rapport à l’année dernière om il était à 5.8%.
Ainsi, le rapport fait souligner que pour le cas tunisien, les plans de tarification individuels pour le haut débit mobile restent toujours peu abordable. Ces tarifs présentent plus que 5% des revenus pour les 20% de la population. Ce qui explique selon l’UIT le besoin de partager une connexion clé 3G avec d’autres membres du ménage. En effet, la commission de haut débit pour le développement numérique a été claire dans ses recommandations : «D’ici 2015, les plans de trafications pour les services du haut débit entrée de gamme doivent représenter moins de 5% du revenu mensuel moyen». Ceci est conditionné d’après la commission par l’engagement d’une régulation adéquate de la concurrence entre les acteurs du marché.
Par ailleurs, sur l’observatoire de l’instance nationale des télécommunications, on remarque que le nombre d’abonnements aux clés 3G a augmenté de 28% de aout 2013 à aout 2014, pour atteindre finalement le nombre de 1’055’856 abonnés.
La spécificité locale tunisienne nait du fait que les Tunisiens ont choisis les clés 3G en tant qu’alternative moins chères pour le haut débit. Il serait ainsi plus intéressant de calculer la pénétration d’Internet en faisant une moyenne des clés 3G. Un détail qui n’est pas pris en compte par le rapport de l’UIT.
Quant à la téléphonie mobile, le rapport cite les résultats de l’étude co-publiée par la GSMA et Deloitte en 2013, et qui fait remarquer que le marché tunisien se distingue par une forte concurrence inter-opérateurs et de hauts niveaux de possession du multi-Sim. Ils finissent ainsi par conclure que le nombre actuel des personnes utilisant un mobile est beaucoup plus bas que le nombre d’abonnements. L’UIT affirme que 72% de la population tunisienne utilisent la technologie mobile par rapport à un taux de pénétration de 118%.
Parce que nous pouvons faire mieux
La Tunisie a la meilleure connectivité des établissements scolaires en Afrique. Plus de 80% des établissements scolaires bénéficiant du haut débit, la Tunisie se trouve en position de leader sur le continent africain. Mais le pourcentage des enseignants formés pour utiliser les Tics dans leurs cours, ne dépasse pas les 12%. De ce fait, la Tunisie perd beaucoup de places dans le classement mondial basé sur l’IDI.
En guise de conclusion le rapport annuel de l’UIT met le point sur l’importance de la tâche du régulateur pour améliorer l’IDI. Plusieurs initiatives sont déjà entreprises par les acteurs du marché numérique local. A savoir la mutualisation de l’infrastructure, le déploiement du haut débit soutenu par la banque mondial, le dégroupage, le Bitstream, la portabilité des numéros, etc.. Il est ainsi nécessaire de focaliser les efforts sur l’aboutissement de ces chantiers ouverts pour voir la Tunisie améliorer son indice de développement TICs.
Marwen Dhemaied
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