Le 2 juin dernier, un décret-loi a été publié par le gouvernement marocain donnant un cadre légal au blocage du protocole VoIP sur les réseaux télécoms du Royaume Chérifien. Ainsi, la décision de blocage de la VoIP par le régulateur marocain (et qui a provoqué un tollé chez les consommateurs en début d’année) se trouve appuyé par un cadre légal solide vu qu’il y avait un vide juridique sur ce volet là… au plus grand bonheur des opérateurs marocains, fournisseurs d’accès Internet inclus.
Le 2 juin dernier, un décret-loi a été publié par le gouvernement marocain donnant un cadre légal au blocage du protocole VoIP sur les réseaux télécoms du Royaume Chérifien. Ainsi, la décision de blocage de la VoIP par le régulateur marocain (et qui a provoqué un tollé chez les consommateurs en début d’année) se trouve appuyé par un cadre légal solide vu qu’il y avait un vide juridique sur ce volet là… au plus grand bonheur des opérateurs marocains, fournisseurs d’accès Internet inclus.
Pour le moment, il n’y a aucune réaction notable dans la rue vu que c’est Ramadan et du côté des entreprises installées au Maroc, il semblerait que des solutions palliatives soient déjà adoptées à large échelle chez les Pro ainsi que les personnes physiques : Les VPN comme Hotspot Shield qui est gratuit en ligne et qui permet de contourner ce blocage.
Les appels VoIP ne passent plus sur les réseaux télécom des opérateurs marocains
Du côté de notre voisin de l’Ouest, ce n’est pas la joie non plus. En effet, le gouvernement algérien a décidé, samedi 18 juin dernier en début de soirée juste après la rupture du jeûne, le blocage de tous les réseaux sociaux, notamment facebook, twitter et Instagram, sans aucune annonce officielle ou préavis. La raison ? «Protéger les candidats au bac partiel qui commence le lendemain contre les faux sujets» et ce, après que plusieurs examens ont fuité lors de la cession principale, en fin mai dernier et qui ont été publiés sur facebook. Ce blocage se poursuivra jusqu’au 23 juin prochain, c’est à dire à la fin des examens du baccalauréat.
D’après nos contacts à Alger, cette censure n’a pas empêché plusieurs algériens à trouver rapidement la solution : Les VPN à l’instar de Hotspot Shield, dont le taux de recherche sur le Net algérien a explosé ces deux derniers jours d’après Google Trends. Mais il semblerait que cette décision commence à provoquer des remous du côté des entreprises algériennes qui estiment à plusieurs centaines de milliers d’euros les pertes indirectes à ces 5 jours de censure des réseaux sociaux en Algérie. Surtout du côté des opérateurs algériens des télécoms dont l’utilisation de la 3G par leurs clients passe essentiellement sur les réseaux sociaux.
Le taux de recherches du terme VPN depuis l’Algérie sur les 7 derniers jours d’après Google Trends
Ces pratiques de filtrage du web ou d’un protocole Internet sont un vrai danger pour la neutralité du Net. Leur timing (plein Ramadan) et la manière avec laquelle les pouvoirs marocains et algériens y ont procédé n’est pas du tout innocente. Car derrière de telles décisions, et en ce temps précis, on sent la panique du gouvernement face à un Internet libre et incontrôlable. Sur la VoIP, par exemple, il est difficile aux services de sécurité marocains de contrôler et de tracer les appels dans un contexte géopolitique explosif à cause de la menace terroriste. La solution de facilité qu’ils ont trouvé : Bloquer la VoIP pour que les appels passent sur les réseaux classiques des télécoms marocains. Ces derniers se réjouissent d’une telle décision pour des raisons purement économiques. Mais le résultat est encore plus dangereux qu’avant. Pourquoi ? Car en utilisant les VPN à large échelle, on passe à des communications cryptées de pair en pair via des IP cachées. Bonjour le casse tête aux services de renseignements qui n’auront plus la main pour contrôler les flux.
Quant aux opérateurs, notamment marocains, la censure ne peut qu’être contre-productive. Pourquoi ? Car le business model classique d’un opérateur (gain sur les minutes d’appel) est en plein déclin face à la montée exponentielle des réseaux IP dans le monde grâce à la 4G (LTE). Maintenant, l’industrie est en train de passer d’un model basé sur le prix de la minute, à un contenu ou service proposé sur Internet contre un forfait ou un abonnement. Ce contenu peut-être du multimédia (vidéo, audio, etc.) comme ça peut être un service tel que la réservation en ligne d’un taxi.
Mais quid de la Tunisie ? L’article 26 du code des télécommunications tunisien stipule clairement que «le titulaire d’une licence de télécommunications s’engage à se conformer aux conditions de secret et de neutralité à l’égard des signaux transportés». En d’autres termes, tout opérateur qui installe un réseau télécom en Tunisie s’engage à respecter la neutralité des données qui transitent sur ses équipements. Ce même article est écrit (mais avec une autre formulation) dans la licence des 3 opérateurs télécoms tunisiens qui doivent, ainsi, respecter la neutralité de traitement des paquets.
Et c’est en se basant sur cet article, justement, que le régulateur tunisien des Télécoms (INT) a fait un rappel à l’ordre aux 3 opérateurs télécoms en 2014 quand ils ont décidé de bloquer la VoIP sur leur réseau (lire notre article). Rappelons au final que la Tunisie a été classée première sur la zone Afrique du Nord et Moyen Orient en 2015 d’après le Freedom House au sujet des Libertés sur Internet.
Welid Naffati
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