La Tunisie offre les plus bas débits descendants sur le fixe en Afrique du Nord, soit 8,61 Mbps au troisième trimestre 2023, selon Ookla Speedtest Intelligence. Et ce, malgré le nombre de huit FAI, contre un en Algérie, trois au Maroc et cinq en Égypte. La faible performance du réseau est due à la couverture limitée des services de haut débit à grande vitesse et à leur coût inabordable pour de nombreux foyers. Par exemple, une ligne VDSL à 50 Mbps coûte plus de 26 $/mois. De plus, il a fallu attendre 2022 pour que les FAI augmentent le débit des forfaits DSL de base de 4 Mbps à 10 Mbps.
Le secteur du haut débit filaire n’a cessé de croître, atteignant plus de 1,2 million d’abonnés en juin 2023. Cela représente une augmentation de 50 % par rapport aux niveaux de 2019. Il est intéressant de noter que ce taux de croissance a dépassé celui du segment de l’accès fixe sans fil 4G, qui n’a connu qu’une augmentation de 27,4 %, atteignant un peu plus de 470 000 connexions au cours de la même période. En revanche, le service fibre reste une offre de niche en raison de sa couverture limitée et de son coût élevé. La part de la fibre sur le marché du haut débit filaire fixe a connu une légère augmentation, passant de 3,0 % en 2019 à un modeste 4,5 % en juin 2023.
Tunisie Telecom (TT), une entité publique, détient la majorité des parts dans le secteur du haut débit fixe. TT contrôle l’infrastructure nationale de cuivre, exploite le réseau dorsal de fibre optique à l’échelle nationale et est en concurrence directe et indirecte sur le marché de détail via sa filiale Topnet. La propriété de TT est répartie entre l’État tunisien (à 65 %) et Emirates International Telecommunications (EIT, à 35 %).
TT maintient une position forte dans ce secteur, contrôlant 72,9 % de toutes les connexions fibre en Tunisie en juin 2023. Ce chiffre comprend les clients directs (39,1 %) et ceux fournis via Topnet (33,8 %). Les services fibre, lancés en 2012, ne sont disponibles que dans le Grand Tunis et à Sfax. De plus, TT domine le marché VDSL avec une part de marché substantielle de 92,4 %, principalement via Topnet.
La pression réglementaire exercée par l’autorité des télécommunications INT (Instance Nationale des Télécommunicationss) a exhorté TT à réduire ses frais d’accès au réseau et accélérer l’activation de la ligne pour aider les autres fournisseurs d’accès Internet (FAI). Malgré ces efforts, divers défis persistent, incitant les opérateurs tels que Ooredoo et Orange à compléter leurs offres filaires avec des services de haut débit mobile basés sur la 3G et la 4G, en plus du FWA basé sur TD-LTE.
Ooredoo, qui a introduit les services fibre en 2013, a vu sa part de marché fibre s’élever à 16,8 % en juin 2023. Son réseau fibre couvre le Grand Tunis et Sfax. Orange manque cependant d’offres fibre grand public. D’autres FAI, notamment Bee, GlobalNet et HexaByte, utilisent un mélange d’ADSL, de VDSL et de FTTH/B en accédant à l’infrastructure de TT.
À court terme, TT prévoit de mettre à niveau la plupart des ports DSL vers le VDSL et de promouvoir des forfaits à plus haut débit. Cette stratégie vise à augmenter le débit fixe moyen de 10 Mbps en 2022 à 50 Mbps en 2024. À moyen terme, TT vise à étendre sa couverture et sa capacité FTTH de 100 000 connexions en 2022 à 500 000 d’ici 2025. Ces initiatives devraient améliorer l’accessibilité du service de fibre optique et améliorer les valeurs médianes des débits descendants et ascendants du pays.
En outre, l’INT a lancé une consultation en août 2023 pour définir les conditions requises pour partager les installations afin d’éviter la duplication des infrastructures et garantir des investissements efficaces dans la fibre. La proposition est que tous les FAI et opérateurs d’infrastructures fournissent un accès partagé à leurs installations de télécommunications après 12 mois d’opérations commerciales. Cette initiative devrait permettre d’étendre la couverture fibre, de réduire les coûts d’accès et de soutenir le développement de la 5G.
D’après communiqué