La gestion d’une partie du fonds des TICs et le pilotage des projets numériques. Telles seront les principales missions de l’Agence de développement du numérique (ADN). La création de cette structure que le Conseil stratégique de l’Economie numérique souhaite accélérer viendra combler le maillon manquant au processus de mise en œuvre de projets digitaux notamment ceux mentionnés dans la feuille de route du programme Tunisie 2020, a indiqué Anouar Maarouf, le ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique lors d’un petit-déjeuner de presse organisé, lundi, au siège du ministère.
Ce rendez-vous avec les médias tunisiens intervient quelques jours après la manifestation que le syndicat des agents du Centre national de l’Informatique (CNI) a organisé devant le Théâtre municipal pour protester contre la création de l’ADN. Le syndicat du CNI accuse le ministère des TICs de vouloir créer une structure parallèle au CNI visant à dénuer ce dernier de ses compétences et missions principales, à savoir, la mise en œuvre de projets numériques nationaux.
Des allégations que le ministre des TICs a réfuté en précisant que l’ADN vise en premier lieu à remédier aux contraintes procédurales en apportant un complément d’expertise et ainsi boucler la boucle en terme de conception et pilotage des projets. “Actuellement, les projets que nous menons sont pilotés par des éléments de l’administration qui n’ont pas forcément les compétences nécessaires en matière de pilotage de projets”, a expliqué Anouar Maarouf.
L’ADN aura donc le rôle de chef de projet dont les tâches seront de concevoir, superviser et faire le suivi des projets dont l’exécution se fera par le CNI, entre autres. “Le CNI est fournisseur de solutions techniques (qui travaille exclusivement pour l’Etat). Il ne peut donc intervenir sur la phase conception du projet, développement et exploitation au même temps. Si l’on prend comme exemple le modèle de gestion de projet “Think, Build, Run”, le propriétaire (maître d’ouvrage) aura pour mission d’exprimer ses besoins auprès d’un expert métier qui saura, par la suite, traduire ces besoins et les transformer en un cahier de charge fonctionnel qui permettra ensuite au fournisseur de proposer la solution technique adéquate”, a signalé le ministre des TICs.
Les missions et les objectifs étant différents, l’ADN ne représente en aucun cas une structure “parallèle” au CNI, contrairement à ce que le syndicat des agents du CNI a avancé dans ses communiqués. L’ADN dispose, en effet, d’un champ d’intervention plus large que le CNI. Ce dernier se limite aux systèmes d’informations nationaux alors que l’ADN touche à l’économie numérique, dans sa globalité (l’application des programmes e-Gov, Smart Tunisia, e-business, M-Payment etc…).
Le ministre des Technologies de la communication et de l’Economie numérique a ajouté, concernant la gouvernance du fonds des TICs, que l’ADN sera en charge de la gestion d’une partie de ce fonds qui lui sera accordée sous la forme d’un budget. Le fonds des TICs (220 millions de dinars pour 2018) est pour rappel, un fonds spécial de trésor collecté auprès des opérateurs téléphoniques et fournisseurs des services internet (à hauteur de 5% du chiffre d’affaires annuel) et de l’Agence nationale des fréquences (ANF). La moitié de ce fonds sert, actuellement, à couvrir les déficits des institutions publiques tels que la Poste ou encore l’Office national de la télédiffusion (ONT) et la deuxième moitié pour les dépenses de l’Etat. L’ADN reprendra donc le contrôle sur une partie de ce fonds dédié, initialement, au développement du secteur des TICs.
En ce qui concerne le statut de l’ADN, Anouar Maarouf a précisé que cette structure sera un établissement public à caractère non administratif (EPNA) et aura la possibilité de recruter des consultants et des experts avec des contrats à durée déterminée pour piloter les différents projets qui seront mis en œuvre après sa création. L’ADN sera également dotée d’une grande flexibilité sur le volet appels d’offres. En terme de taille, elle sera une entreprise de taille humaine avec, tout au plus, une vingtaine de collaborateurs. “L’idée est d’avoir un établissement public avec les avantages du privé”, a souligné le ministre des TICs.
Nadya Jennene