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Le gouvernement financera une partie des charges des lignes dégroupées

Le gouvernement financera une partie des charges des lignes dégroupées

Le dossier du dégroupage a pris beaucoup trop de temps à être clôturé. Mais le ministère des TIC, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a enfin trouvé la solution pour donner un coup de pouce à ce projet qui traine depuis 2010.

Le gouvernement financera une partie des charges des lignes dégroupéesLe dossier du dégroupage a pris beaucoup trop de temps à être clôturé. Mais le ministère des TIC, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a enfin trouvé la solution pour donner un coup de pouce à ce projet qui traine depuis 2010.

Le président du gouvernement, Mehdi Jomaa, a en effet validé lors d’un conseil des ministres une décision relative au remboursement d’une partie des charges des lignes dégroupées de l’opérateur historique. Une enveloppe de 400 mille dinars a ainsi été réservée au titre de cette «subvention dégroupage», d’ici fin 2014. Pour l’année 2015, ce budget arrivera à 2.8 millions de dinars. Soit une subvention d’environ 4 dinars par ligne dégroupée, versée à Tunisie Telecom.

Bien que ça soit le gouvernement qui versera cet argent dans les caisses de TT, cette subvention n’émane pas en réalité des caisses de l’Etat, mais plutôt du ministère des TIC lui même. En effet, le ministère gère une caisse qui s’appelle le fond des télécoms. Crée sous Ben Ali dans le but de subventionner les institutions étatiques déficitaires opérant dans le secteur (la poste tunisienne, l’agence nationale des fréquences, l’office nationale de télédiffusion, etc.), ce fond finance désormais les projets pilotes de développement des TIC en Tunisie. Notamment le projet Smart Tunisia (lire notre article). Rappelons que ce fond est alimenté chaque année par 5% du Chiffre d’Affaire des opérateurs télécoms. 

Or, le dégroupage fait partie intégrante du développement économique du pays. C’est quasiment une condition sine qua non pour bâtir une infrastructure solide de communication le temps d’installer la fibre optique partout.

Pour les non initiés, le dégroupage est le fait que l’opérateur historique, Tunisie Telecom en l’occurrence, loue sa fibre de cuivre du téléphone fixe qui relie le client au central téléphonique, à un opérateur tiers. Ce dernier installe son propre matériel au sein de ce central de TT et sur lequel sera renvoyée la fibre de cuivre du client. 

Avec le dégroupage, le client n’aura plus un service de téléphonie fixe, mais plutôt de la VoIP puisque le support de cuivre servira, uniquement, à la transmission de la Data (ADSL, etc.). En supprimant l’accès analogique (voix classique sur le fixe), les frais d’entretient de la ligne fixe chute considérablement. C’est ce qui rend l’ADSL dégroupé une très bonne alternative à l’ADSL classique. Mais en cas de coupure ou dégradation de la ligne, le client sera pratiquement coupé du monde sur son fixe.

C’est la raison pour laquelle TT signe dans le cas du dégroupage, un contrat SLA avec ces opérateurs tiers pour intervenir en cas où un problème se déclare sur la ligne de cuivre de l’abonnée. Si cette dernière s’avère bonne, ça sera alors la responsabilité de l’opérateur tiers. Pour ceux qui souhaitent garder tout de même une ligne fixe, ils peuvent choisir un dégroupage partiel. C’est à dire que l’accès analogique est géré par Tunisie Telecom, mais celui d’Internet sera géré par l’opérateur tiers puisque ce sont ses propres équipements qui vont gérer le trafic Internet et non celui de TT comme c’est le cas maintenant.

En terme de qualité de service, l’ADSL dégroupé donne plus de flexibilité à l’opérateur tiers. Car il pourra proposer de nouveaux services (comme la VOD, la VoIP en qualité HD, etc.) selon le débit du client. Ou mieux encore, lancer un seul et unique débit : Le max que peut supporter la ligne du client. C’est à dire que le DSLAM (l’équipement qui envoi le signal de la synchronisation) s’adapte automatiquement à l’affaiblissement et la marge SNR de la fibre de cuivre pour lui livrer le max que pourra supporter la ligne.

Pour Tunisie Telecom, le dégroupage sera hautement bénéfique car l’opérateur historique a déjà investi des millions de dinars dans ce réseau qui est prêt à l’exploitation. Pour une capacité de quelque 2 millions de lignes, TT se trouve maintenant avec à peine 1 million seulement qui sont exploités. Essentiellement des entreprises. Car pour le grand public en Tunisie, c’est la 3G qui commence à devenir un accès privilégié pour la connexion Internet. Ce qui est un vrai danger en soi (lire notre article).

Avec le dégroupage, il est fort à parier que le nombre des utilisateurs sur le fixe va augmenter, ce qui réduira les pertes de cette branche (lire notre article). De plus, en créant, petit à petit, du trafic dessus (les appels voix, etc.), le ministère espère ainsi réduire au fil des années sa subvention jusqu’à ce que ces pertes soient complètement estompés. 

Tunisie Telecom se trouvera également bénéficiaire de ce projet puisqu’elle pourra, enfin, lancer ses offres commerciales agressives sur le fixe. Car elle a été longuement freinée par l’Instance Nationale des Télécommunications (INT) sur ce sujet. Pourquoi ? Car la concurrence ne pourra pas rétorquer. Mais en ouvrant le marché à la concurrence, les autres pourront donc proposer des offres tout aussi alléchantes que TT.

Rappelons que Orange a longuement contesté le prix demandé par Tunisie Telecom (aux alentours de 20 dinars TTC/mois) et quant à ooredoo a préféré plutôt investir sur son propre réseau de fibre optique dans les quartiers huppés en attendant une résolution définitive à ce problème de dégroupage. 

Welid Naffati

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