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Le PDG de l’ATI parle de la censure en Tunisie

Le PDG de l’Agence Tunisienne d’Internet, M. Kamal Saadaoui, a accordé une Interview au magazine Weird où il est revenu sur comment Ben Ali voulait censurer tous les sites internet qui parlaient de Sidi Bouzid. Le blog Pinklemonblog (lire ici) a fait la traduction d’une partie de cette interview dont nous reprenons un extrait.

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«Je pense que Ben Ali n’avait pas idée sur le point auquel était arrivée la situation et qu’il pouvait tomber. Peut-être que s’il avait su ou imaginé cela, il aurait coupé la connexion Internet en Tunisie. Par contre, le nombre de sites censurés depuis le début de la révolution a explosé. Ils essayaient désespérément de censurer n’importe quel site qui parle de Sidi Bouzid. En quelques semaines, le nombre de sites censurés avait doublé.

Nous sommes des ingénieurs informatique et en électronique, pas des flics.

Nous ne regardons pas les emails des gens, nous ne filtrons pas de sites même si nous avons l’infrastructure qui permet de faire cela chez nous à l’ATI. Nous gérons, d’un point de vue technique, le système mais nous ne décidons pas de blogs à censurer. Nous ne savons même pas qui a un blog…

Ceci étant, nous donnons accès à ce système et ces machines à d’autres institutions qui avaient été mandatées par le gouvernement pour décider quel sites doivent être censurés. Ils ont la passerelle pour tout lire.

Nous leur avons donné une interface à laquelle ils peuvent accéder et ajouter n’importe quel site qu’ils souhaitent censurer. Nous ne pouvions pas savoir ce qu’ils censuraient car la liste était cryptés. Nous ne pouvions voir que les aspects techniques de la chose : CPO load, le trafic…des choses de ce type. Quelques fois, nous apprenions la censure d’un site quand des gens nous appelaient pour nous demander pourquoi on avait censuré leur blog…

Le nouveau gouvernement nous a demandé de maintenir en place le système qui permet le filtrage où il est et de leur permettre d’ajouter des catégories qu’ils n’aiment pas. La différence avec ce qui existait, c’est qu’aujourd’hui, ils vont avoir besoin d’une autorisation judiciaire pour censurer un site. La question n’est pas le filtrage/censure, mais qui filtre et en se basant sur quelle législation. Avant (sous Ben Ali), ils pouvaient censurer sans appliquer la loi maintenant, il faut une décision de justice pour le faire.

Le gouvernement nous a demandé pour le moment de bloquer les sites de pornographie, pédophilie, nudité et haine. Cette censure est symbolique.

C’est un message du gouvernement que nous sommes une société musulmane et conservatrice qu’ils apprécieraient que les tunisiens n’aillent pas sur ces sites.

Les tunisiens sont jeunes et ouverts et ils savent parfaitement comment contourner ces filtres. Il est donc en réalité, inutile de bloquer ces sites. Peu importe ce que nous faisons, il y a toujours moyen d’y accéder».

Lire l’article complet sur Pinklemonblog

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