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Le président de l’Infotica (UTICA) broie du noir et tire à boulets rouges

Avec les retards accumulés sur plusieurs axes de la stratégie Tunisie Digitale, notamment la e-santé, le e-tourisme, etc., le Conseil Stratégique du Numérique (conseil présidé par le Chef du gouvernement et qui doit se réunir tout les 3 mois) ne s’est pas encore réuni depuis la nomination de Youssef Chahed à la tête du gouvernement. C’était l’occasion pour nous d’inviter Karim Ahres, président de l’Infotica qui est la Chambre des services numériques de l’UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat), dans le cadre du Talk Show TIC de THD.tn, DigiClub.

Mais c’est quoi l’Infotica, justement ? «L’Infotica est présente depuis une 10 aines d’année. Juste avant 2011, on a créé une fédération pour le numérique. Après les élections du bureau, nous avons milité pour faire intégrer cette chambre dans le bureau exécutif de l’UTICA puisqu’avant cette date, le numérique était sous jacent à la chambre syndicale de l’électricité à l’’UTICA», a répondu Karim Ahres. «Donc on peut dire que nous avons pu introduire le numérique dans la stratégie de l’UTICA et ses discours».

Karim Ahres (à gauche) avec Mongi Marzoug (à droite) à la sortie du studio

Karim Ahres (à gauche) avec Mongi Marzoug (à droite, cliquer ici pour lire l’interview qui lui est consacré) à la sortie du studio

L’Infotica subit beaucoup d’attaques des gens du secteur. Parmi les accusation : Pourquoi l’infotica manque-t-elle de représentativité des entreprises du secteur ? Pourquoi les grands acteurs des TIC n’y sont pas ? Travailler avec les gouvernement post-2011 sur le volet du numérique afin de faire bénéficier les entreprises tunisiennes et notamment les Startup, n’a pas donné de résultats jusqu’à présent. Alors tant que l’UTICA joue un rôle politique, pourquoi elle ne se dirige pas plutôt vers les députés qui eux peuvent introduire dans la législation des lois qui vont révolutionner le pays en le mettant sur les bonnes rails ?

«Primo, nous sommes une chambre syndicale et non un parti politique», a-t-il rétorqué. «Et nous sommes là pour défendre les entreprises du secteur et non pour défendre un parti politique. Nous avons défendu l’idée de la participation de tous les acteurs, notamment le privé, à définir la stratégie. Or, ce schéma de gouvernance multi-acteur n’est pas une loi. C’est une façon de penser. Donc on peut dire que l’Infotica a fait un grand exploit en co-organisant la réunion de Tabarka 2012 pour la stratégie Tunisie Digitale».

Et il a par la suite rajouté : «Ces entreprises qui nous accusent, paradoxalement, ce sont les entreprises qui ont gagné des projets, grâce au travail entrepris par l’Infotica. Ce que je regrette, c’est que en tant que syndicat, nous faisons des propositions. Je me rappelle que quand on a élaboré la stratégie Tunisie digitale, on s’est fait attaqué par le secteur privé. Et ça c’est grave !»

Et quid de la CONECT, Tact et autres associations ou chambres syndicales qui représentent aussi le secteur des TIC ? On dit que l’Infotica les boycott ne veut pas collaborer avec eux. «Nous avons aucun problème avec aucun des autres représentants. Nous travaillons ensemble pour avancer surtout que nous sommes un pays arriéré numériquement. Il se peut qu’il y ait une entreprise en particulier en discorde avec nous, mais ce n’est pas ça qui va perturber nos relations», a-t-il affirmé.

Karim Ahres

Karim Ahres

A propos de la Stratégie Tunisie Digitale. Karim Ahres, président de l’Infotica a rappelé le genèse de cette stratégie : «Au lieu de faire des nième études qui vont finir dans les casiers, nous avons fourni au gouvernement ces études gratuitement sur comment travailler ensemble (public et privé, NDLR) pour rattraper notre retard. Dois-je rappeler qu’on parle maintenant du numérique et non plus d’informatique ? Par exemple pour la e-santé. Comment peut-on le développer si les startups n’ont pas accès aux données de l’administration ?», s’est-il demandé. «Pour s’y faire, il faut que des commissions soient créer afin de modifier les lois et chercher les financements. Mais ces commissions ne se sont jamais réunies pour la simple raison que la composition des gouvernements n’a pas cessé de changer».

Karim Ahres a par la suite étalé les différents problèmes qui ont entravé l’application de la stratégie mise en place avec Mongi Marzoug depuis 2012 avec des anecdotes sur les différents ministres qui l’ont succédés. Pis : Il a même évoqué les positions des autres ministres où chacun a travaillé pour son propre compte. « ‘Non ! Ne me parlez pas de la stratégie du ministère des TIC, nous avons développé dans notre ministère notre propre stratégie IT’. C’est ce qu’on nous disait dans les réunions avec les autres ministères. On s’est retrouvé donc avec des ministres qui travaillaient en ilots fermés», a-t-il regretté.

D’après Karim Ahres, le prochain Conseil Stratégique pour le Numérique dont la date n’a pas encore été fixé, sera le «turning point». Soit il y aura une décision concrète avec un décret grâce auquel il y aura la création d’une agence à la façon API mais qui sera dédiée au TIC (qui aura une partie du Fond des TIC dans son budget et aura une gouvernance multi-acteurs, NDLR), soit j’abandonne le combat et je vais présenter ma démission de l’Infotica. Car là je ne pense pas que la Tunisie pourra s’en sortir», a-t-il alerté.

Vous pouvez écouter tout ça et plus encore (ses mésaventures avec le ministère de la santé, l’Office National du Tourisme, etc.) dans l’épisode 11 de DigiClub powered by Topnet avec Karim Ahres, président de l’Infotica, sur SoundCloud et iTunes.

Welid Naffati

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