Le Congrès Pour la République (CPR) est un parti qui était au pouvoir au sein de la Troika gouvernante (aux côtés d’Ennahdha et d’Etakattol) suite aux élections de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) en 2011. Son ex-secrétaire général Moncef Marzouki a pu, grâce à cette ANC et notamment au soutient au parti islamiste, accéder à la magistrature suprême l’obligeant à démissionner de son poste. Le CPR l’a alors nommé comme président honorifique du parti. Et c’est Imed Daïmi qui occupe désormais le poste de son secrétaire général. Pour ces législatives, le CPR se sent plutôt rassuré sur ses chances d’avoir un bloc parlementaire ‘confortable’.
Le Congrès Pour la République (CPR) est un parti qui était au pouvoir au sein de la Troika gouvernante (aux côtés d’Ennahdha et d’Etakattol) suite aux élections de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) en 2011. Son ex-secrétaire général Moncef Marzouki a pu, grâce à cette ANC et notamment au soutient au parti islamiste, accéder à la magistrature suprême l’obligeant à démissionner de son poste. Le CPR l’a alors nommé comme président honorifique du parti. Et c’est Imed Daïmi qui occupe désormais le poste de son secrétaire général. Pour ces législatives, le CPR se sent plutôt rassuré sur ses chances d’avoir un bloc parlementaire ‘confortable’.
Son discours est d’ailleurs très stratégique dans les choix des mots. Jugé trop populiste par certains, le CPR se revendique plutôt comme un «parti assez radical dans sa prise de position par rapport aux questions se rapportant aux questions de souveraineté et des choix économiques du pays». C’est dans ces termes que Mohamed Lamjed Ghdemi, tête de liste CPR à Kairouan, a défini son parti.
Cet ex-consultant système et réseau a fait carrière en France jusqu’à 2011. Il rentre à Tunis pour occuper le poste d’ingénieur informatique au palais de Carthage. Il était en effet le DSI du cabinet du président de la république Moncef Marzouki. Agé de 34 ans, Mohamed Lamjed Ghdemi est également l’auteur du programme politique TIC du CPR. Vu ses engagements dans la campagne électorale à Kairouan, THD n’a pu rencontrer M. Ghdemi. La rédaction s’est donc arrangée à faire l’Interview via Skype un peu tard dans la soirée du vendredi 17 octobre. Ce dirigeant CPR nous a alors présenté sa vision globale sur les TIC et l’économie numérique de leur programme politique (disponible sur ce lien). Interview.
THD : Si on a à définir la politique économique du CPR, dans quel spectre on vous trouvera ?
Mohamed Lamjed Ghdemi : Le CPR un parti de centre-gauche. Il défend une politique économique sociale. Mais il n’est pas contre l’économie libérale. C’est à dire que c’est à l’Etat de tenir les secteurs stratégiques tout en libéralisant tout le reste. Il y a des partis de l’extrême gauche qui se sont fortement alliés avec l’extrême droite. Certes, pas sur le plan identitaire, mais plutôt sur le volet économique. Ennahdha, par exemple, se définit comme un parti centriste, pourtant, il a une politique économique ultralibérale.
Qu’est ce qui change dans votre programme TIC de cette année par rapport à 2011 ?
En 2011, juste après les élections, le CPR a demandé à ce qu’il y ait des consultations avec les acteurs de chaque secteur, les TIC inclus. Ces consultations, qu’on a appelé les congrès nationaux, servent à élaborer un plan d’action national pour le développement de chaque secteur.
On réitère pour cette année ce plan. Mais ce que nous rajoutons par rapport à 2011, c’est le développement du secteur TIC sur 4 axes : le citoyen, l’administration, l’entreprise, et enfin l’enseignement, l’investissement dans le secteur TIC, la formation et les organes de régulation.
Pour les citoyens, on va travailler sur la démocratisation de l’usage des TIC (c’est à dire assurer une couverture totale de la population par les services de communications comme la voix et Internet.
De ce fait, le CPR travaillera à inscrire une obligation pour tout nouvel opérateur entrant ou tout nouveau service, comme la 4G, qui sera lancé par un actuel opérateur, à ce que la couverture touche les zones défavorisées à l’intérieur du pays proportionnellement à celles denses.
Le CPR va également travailler sur l’amélioration du plan ‘PC familial’. Mais il sera remis au gout du jour. C’est à dire que chaque famille tunisienne, et surtout les plus démunies, aura accès à un équipement pour se connecter à Internet. Que ça soit un PC desktop, un laptop ou même une tablette.
Mohamed Lamjed Ghdemi
Comment allez-vous faire pour ces familles les plus démunies ?
Le CPR a pensé au chèque social orienté TIC. C’est une subvention que l’Etat donne aux familles nécessiteuses pour se doter d’un équipement de connexion. Cette subvention sera entre 300 et 500 dinars.
Nous avons également pensé à un nouveau concept appelé Smartlife. Son but est de faciliter la vie du citoyen et les tâches de tous les jours. Les autorités locales pourront ainsi lancer des services électroniques de proximité en partenariat avec les PME de la même région.
Le CPR militera pour que l’Etat utilise les plateformes de communication sur le Web partant des collectivités locales jusqu’aux hautes instances du pays. Ces plateformes serviront pour communiquer directement avec le citoyen. De ce fait, le CPR défendra l’idée de faire le vote par voie électronique pour les prochaines élections dans les zones déjà couvertes par Internet.
Dernier point pour le Smartlife : Nous allons encourager l’adoption du principe de la Smart City. Dans le cadre des partenariats privé-public, les autorités locales peuvent lancer des manifestations d’intérêt public pour lancer un Smart city dans leur région. Cette étape est de préparation. L’autorité locale peut y définir les grandes lignes de déploiement du projet avant la signature du contrat avec le fournisseur.
Mais ceci sera un marché conclu de gré à gré. N’est ce pas interdit surtout qu’il y a plusieurs sociétés privées qui peuvent y participer ?
Non ce n’est pas illégal. Il y a des lois bien déterminées sur ce type de procédé. Surtout si les critères de choix du contrat sont publics et bien clairs. Exemple : le choix se portera sur l’offre la moins chère, le temps de déploiement, etc.
Quels sont les autres points ?
Le e-gov et la e-administration. Le CPR travaillera sur le développement des SI par secteur. C’est dire la e-santé, la e-culture, la e-éducation, etc. Ce plan national va assurer plus de transparence et d’efficacité aux administrations. Le CPR militera pour qu’il y ait une obligation légale de mise à jour du service d’information, comme les SI et les sites Web, des administrations pour qu’ils soient à jour.
Avec les mesures d’austérités, le CPR s’opposera à ce que ces mesures touchent la e-administration. Car il ne faut pas lésiner sur les moyens dans les opérations de mise à niveau des SI et d’implantations de nouveaux SI. On travaillera également sur la mise en place d’un outil de supervision et de gestion des indicateurs et des opérations en cours qui couvrira tous les services de l’Etat. Appelé également ERP.
Dans le programme TIC du CPR, on parle du volet sécuritaire. Pourriez-vous nous en dire plus ?
On veut équiper les militaires et les services de sécurités par des moyens technologiques qui permettent d’intercepter les communications des terroristes afin de devenir plus réactifs et efficaces dans le combat conte les crimes organisés. Ces moyens permettront d’analyser et d’intercepter des télécommunications notamment en VoIP.
Quid de l’économie ?
Nous allons obliger les entreprises à mettre à la disposition des clients des moyens de paiement électroniques. Pour les startup, on va travailler sur un cadre légal pour l’octroie de lignes de crédits spéciaux où le capital à risque sera plus élevé, et donc, toléré par les banques.
Le CPR militera pour la création d’une task-force pour convaincre les investisseurs étrangers en TIC à s’installer en Tunisie.
Mais c’est déjà l’une des raisons d’être du projet Smart Tunisia…
Peut-être. En tout cas, ce sont là des points qui ont été mentionnés dans le plan Tunisie Digitale 2018 et qui ont été débattus entre l’Etat, le privé et la société civile à Korba en juin 2014. Le CPR ne peut, donc, que les adopter.
Vous avez parlez des organes de régulations comme l’INT et leur représentativité dans les régions. A quoi bon ?
L’Instance Nationale des Télécommunication procède périodiquement à des mesures de la qualité du réseau mobile. Or vu que son siège se trouve à Tunis, l’essentiel de ses mesures se font sur le Grand Tunis. Mais si cette instance a plus de représentativités à l’intérieur des régions, elle pourra faire un rappel à l’ordre aux opérateurs quand la qualité chute.
Même chose pour l’Agence Nationale de Sécurité Informatique ou le Centre National d’Informatique. Ce n’est pas normal si une municipalité a besoin de corriger une panne dans un de ses ordinateurs doit l’envoyer jusqu’à Tunis et attendre plusieurs jours, voire semaines, pour le récupérer.
Propos recueillis par Welid Naffati
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