Les Tunisiens vont voter ce dimanche 26 octobre pour l’élection du prochain parlement. Le Front populaire a multiplié ses campagnes sur le terrain dans des zones très défavorisées. Chose qui est plus que normale pour un parti qui se veut être le porte-parole des couches sociales défavorisées. Certains le considèrent un vrai représentant de la société loin du cliché de la «gauche-caviar» (gauche élitiste). D’autres sont plutôt agacés par son excès de populisme qui est devenu, selon eux, «un fond de commerce».
Les Tunisiens vont voter ce dimanche 26 octobre pour l’élection du prochain parlement. Le Front populaire a multiplié ses campagnes sur le terrain dans des zones très défavorisées. Chose qui est plus que normale pour un parti qui se veut être le porte-parole des couches sociales défavorisées. Certains le considèrent un vrai représentant de la société loin du cliché de la «gauche-caviar» (gauche élitiste). D’autres sont plutôt agacés par ce qu’ils considèrent comme un excès de populisme qui est devenu, selon eux, «un fond de commerce».
Le Front Populaire est une coalition de 9 partis avec des indépendants. «Il se positionne comme un parti de gauche, mais pas radicale», a tempéré Rym Akkari, numéro 2 sur la liste Tunis 1 du Front Populaire. «On est pour tout ce qui est développement et équité sociale».
Il a suffit de poser la question «comment se passe la campagne» pour faire réagir Rym Akkari au quart de tour. La veille de l’Interview, elle a fait un tour dans un quartier loin de quelques kilomètres du centre ville de Tunis, dans sa circonscription Tunis 1. «C’est une vraie catastrophe ! Nous sommes encore dans la capitale et nous avons une infrastructure pire que celle trouvée dans les zones rurales. Que dis-je ? Il n’y a même pas d’infrastructure ! Les habitants sont assiégés par la poubelle et il y en a qui n’ont même pas accès au courant électrique !». Entre révolte et émotion, cette universitaire a continué à décrire la situation de plusieurs endroits de Tunis qu’elle a visité ces derniers jours.
On l’a bien compris. Pour le Front populaire, l’urgence n’est pas donnée aux TIC. Et pourtant, ceci n’a pas empêché Rym Akkari de nous donner un plan d’action intéressant de son parti sur ce sujet. Interview.
THD : Y’a-t-il vraiment un programme TIC du Front Populaire pour la législative ?
Réellement, nous n’avons pas un programme propre pour les TIC. Nous avons une philosophie et une vision par rapport aux couches sociales nécessiteuses et le rôle de l’Etat dans cette vision. On est là pour défendre tout ce qui est accessibilité de l’information et la démocratisation des TIC. De toutes les façons les TIC c’est transversal.
Rym Akkari
Comment le Front Populaire peut-il démocratiser les TIC ?
Déjà avec la généralisation des Logiciels Libres. Parce que ça rentre dans la philosophie du Front Populaire. C’est à dire la liberté du choix. Faut-il rappeler que les logiciels propriétaires restent tout de même limités dans un cadre commercial et donc pas accessible à tous le monde ?
D’après notre travail sur le terrain, il y a des zones dans la capitale où les gens sont venus nous dire «tous ces politiciens nous promettent des hôpitaux et des autoroutes. Mais j’ai même pas de l’électricité chez moi et de quoi me nourrir». Il y a des quartiers proches du centre ville qui n’ont même pas le réseau d’assainissement de l’ONAS. Pensez-vous vraiment qu’on peut leur parler de connectique en fibre optique et de Smartphone ?
Ceci étant dit, la technologie commence par l’apprentissage. C’est pourquoi l’Etat pourra se baser sur les TIC dans les écoles en attendant d’atteindre la croissance nécessaire qui réduira la disparité entre les classes sociales et bâtir une infrastructure nécessaire pour vivre dignement. On peut donc agir sur la culture numérique dès le jeune âge grâce au e-learning.
Comment allez-vous procéder pour généraliser le e-learning ?
Il y a eu l’annonce du projet pilote du ministère de l’Education dans 2 écoles primaires à Tunis, rue de Russie, et à l’école Tarek Ibn Zied à Karouan. Grâce à ce projet, les écoliers pourront travailler les cours sur Internet avec un tableau interactif. Théoriquement, ce projet pilote commencera avec la prochaine rentrée. Pour qu’il ne reste pas au stade d’effet d’annonce, le Front Populaire travaillera au Parlement à ce que le prochain gouvernement nous donne un état des lieux périodique sur l’avancement de ce projet ainsi que les premiers résultats de sa mise en œuvre.
Nous allons également demander au gouvernement à ce qu’il intègre dans ce projet pilote une ou deux écoles des zones rurales pour que le résultat soit plus global. Ceci nous permettra d’avoir un plan de déploiement plus réaliste en vue de le généraliser dans toutes les écoles tunisiennes.
Savez-vous que nos écoliers portent des cartables dont le poids minimal se situe aux alentours de 10 kilos en moyenne ? La raison de cela est que les instituteurs leur disent de tout ramener car le programme peut changer d’un jour à un autre. Vous imaginez un enfant de 6 ans, comme ma fille, porter chaque jour un cartable de 7 kilos. Ma fille pèse à peine 18 kilos. Le cartable fait donc la moitié de son poids !
Il y a un projet qui a été annoncé il y a quelques temps à propos du cartable numérique chez un des opérateurs télécom. Mais il n’est pas encore passé au stade de réalisation. Le principe du cartable numérique repose sur le fait que chaque écolier se voit doté d’une tablette qui regroupera toutes les matières sous formes d’applications. Au lieu de se trimballer avec un cartable, l’enfant aura juste cette tablette sur lui. Il pourra même suivre ses cours à distance quand il est malade.
Si on aura un bloc parlementaire, nous allons militer pour la concrétisation de ce projet en appelant tous les intervenants du secteur pour que ce projet entre dans sa phase pilote dès la rentrée prochaine de 2015/2016.
Y’a-t-il un autre point dans votre programme TIC que vous allez défendre ?
Oui. L’Open Data et la transparence administrative. Il faut qu’on développe la notion de la redevabilité des instructions publiques par rapport au citoyen. De ce fait, le Front Populaire travaillera au sein du parlement pour la création d’une loi qui obligera les instances publiques à publier leur données/stats ainsi que de faire leur mise à jour périodique et régulière selon un calendrier bien défini. Nous allons également les obliger à rendre ces données récupérables car dans certains cas, il est possible de consulter ces données en ligne, mais impossible de les télécharger.
Propos recueillis par Welid Naffati
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