Les étudiants de l’Institut Supérieur d’Informatique (ISI) de l’Ariana sont entrés, depuis jeudi 6 mars, en grève ouverte avec suspension des cours jusqu’à une date non déterminée. La raison de cette révolte aussi inopinée que surprenante ? Un cumul de plusieurs problèmes. Mais ce qui a fait déborder le vase, ce sont les résultats du premier semestre qui sont tombés le jour même. Les étudiants ont, en effet, dénoncé une «manipulation honteuse et grotesque des notes».
Les étudiants de l’Institut Supérieur d’Informatique (ISI) de l’Ariana sont entrés, depuis jeudi 6 mars, en grève ouverte avec suspension des cours jusqu’à une date non déterminée. La raison de cette révolte aussi inopinée que surprenante ? Un cumul de plusieurs problèmes. Mais ce qui a fait déborder le vase, ce sont les résultats du premier semestre qui sont tombés le jour même. Les étudiants ont, en effet, dénoncé une «manipulation honteuse et grotesque des notes».
«J’ai assisté à tous les examens et là je découvre qu’on m’a marqué absent», s’est insurgé un des étudiants sittineurs dans les couloirs de l’ISI après l’affichage des résultats. «Je suis choqué. A ce point, ils (les professeurs et l’administration, ndlr) préfèrent mettre des zéros pour raison d’absence sans vérifier la liste des présents ?».
Pour d’autres étudiants, l’aberration est encore plus grave. «J’ai passé tous mes DS et j’ai eu une bonne note. Mais là je découvre qu’on m’a changé les notes et on m’a collé plein de zéros sur ces DS. Pourquoi ? Qu’est-ce j’ai fait pour mériter ça ?», s’est écrié un autre. Les étudiants sittineurs s’en sont pris à l’administration de l’ISI qui, selon eux, n’a même pas réagi à la polémique en adoptant une réaction hautaine avec les étudiants.
Les étudiants sittineurs dans les couloirs de l’ISI
Les revendications se sont multipliées en quelques heures dans une cacophonie ambiante où les cris et les slogans hostiles à la direction ont escaladé jusqu’à demander un changement radical dans la gestion de l’ISI. Parmi ces points : Donner plus de chances aux étudiants de l’ISI de passer au cycle d’ingénieur. Car, d’après eux, il n’y a que «30% seulement d’étudiants de l’ISI qui sont admis à la formation d’ingénieur pendant que les 70% restant viennent d’autres facultés». Ils demandent, donc, à ce que ce quota soit revu surtout que «les externes (ceux qui sont admis au cycle d’ingénieur d’une autre école, ndlr) ont généralement des moyennes au bac bien inférieures à celles des étudiants de l’ISI et des notes qui, souvent, ne reflètent pas leur vrai niveau universitaire».
Voyant les réalisations des autres universités/écoles d’ingénierie grâce à l’activité de leurs clubs (exemple d’ESPRIT ou de SUPCOM au MWC), les étudiants de l’ISI demandent également à ce que la direction accorde plus d’importance et de moyens aux clubs. «Les étudiants souhaitant participer aux compétitions nationales et internationales en informatique au nom de l’ISI, sont livrés à eux-mêmes sans aucun soutien logistique, financier ou encore moins moral de la part de l’administration. Ils doivent s’autofinancer tout seuls pour avoir le matériel et les cartes électroniques ainsi que le matériel adéquat», s’est plaint Seif, un des étudiants sittineurs. «Déjà qu’on dépense beaucoup dans le transport, surtout le soir quand les cours se terminent à 20h, nous poussant à prendre des taxis pour éviter les braquages. Sans parler de la nourriture vu que l’ISI n’a pas de restaurant universitaire».
L’état d’une des salles à l’ISI
Il a n’a pas manqué l’occasion pour évoquer l’état délabré de l’édifice : «Chaque classe est composée en moyenne de 42 à 45 étudiants. Or les salles ne peuvent contenir plus de 40 étudiants tellement elles sont petites. Et c’est normal vu que ces salles de classe sont en réalité des bureaux quand le bâtiment était alloué au tribunal de l’Ariana. Savez-vous que dans certains blocs de l’édifice, il y a une fuite de gaz ? Savez-vous que tout le temps nous avons des étudiants qui ont des nausées pendant les cours au point de l’étourdissement? Quant aux infiltrations d’eau et l’état dégueulasse des W.C, n’en parlons pas ! Parfois on a l’impression que les toilettes du marché central sont beaucoup plus propres qu’ici !».
Et c’est là que d’autres étudiants ont commencé à se plaindre de la salubrité des lieux. L’accumulation des déchets et de la poussière rend, en effet, leur établissement propice à la prolifération des maladies et des insectes de tout genre. D’autres, se sont mis à se plaindre du comportement irrespectueux de certains professeurs. «Vous savez ? Un des profs n’arrête pas de nous lancer des insultes, carrément pendant le cours, en nous traitant de ‘bgar’ (des vaches en français ; dans le dialecte tunisien ce mot est parfois utilisé comme une invective pour qualifier une personne de simplet, ndlr) et de ‘nullards’», s’est rebiffé Mohamed, venu soutenir ses collègues dans leur mouvement. «On est arrivés au point qu’une des profs exploite les salles de classe comme un espace de vente de produits cosmétiques. Et vous vous étonnez encore du niveau de l’enseignement en Tunisie ? Rien qu’à voir le niveau de la langue française de certains profs, on se demande parfois sur quelle base ils ont été recrutés».
Rappelons que l’Ecole Nationale des Sciences de l’Informatique (ENSI), à la Manouba est également entrée en grève ouverte dénonçant «le népotisme de la nouvelle directrice».
Amine Abderrahim
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