Introduction
Chaque technologie de communication a ses contraintes et ses limites de fonctionnement. A titre d’exemple, l’utilisation du téléphone portable est totalement dépendante de la couverture du réseau sur la zone géographique où se trouve le GSM. Beaucoup d’entre vous ont certainement remarqué la dégradation de la communication téléphonique sur un portable quand il y a des intempéries (beaucoup de vents, pluies, orages, etc…) ou quand il y a une saturation du réseau (surtout en périodes de fêtes) ou, tout simplement, quand un équipement (une antenne émettrice, par exemple) est HS. L’ADSL ne fait pas l’exception de ces aléas technologiques. En effet, le bon fonctionnement d’une connexion Haut débit est tributaire de trois parties: 1. Le client : allant de l’ordinateur jusqu’à la prise téléphonique, en passant par le modem. En plus, l’installation téléphonique, voire même électrique de la maison ont une extrême importance dans le déroulement d’une bonne connexion ADSL. C’est ce qu’on appelle l’environnement client. On va détailler ce point plus loin dans ce tutorial. 2. La boucle locale de l’opérateur historique : en effet, la ligne fixe du téléphone est elle même le support de l’ADSL. S’il y a une contrainte physique sur ce câblage, la synchronisation (signal ADSL) aura du mal à passer et/ou il y aura des pertes de paquets d’informations, ce qui engendra une lenteur de navigation. 3. Les équipements ADSL de l’opérateur télécom/FAI : ces équipements sont “la source” de l’ADSL. Si l’un de ces équipements est < title=”Hors Service”>HS, celà va de soi que la connexion en sera impactée (rappelez vous de l’exemple de l’antenne émettrice du réseau GSM). Comme vous l’auriez deviné, une connaissance préalable du réseau ADSL est nécessaire pour savoir situer un problème. C’est la raison pour laquelle je me suis longuement attardé sur le fonctionnement du Haut Débit dans le tutorial de la connexion ADSL. Toute fois, je ne manquerais pas de vous accompagner à l’aide de schémas simplifiés tout au long de ce tutorial. Mais je vous invite à consulter la Base de CoNet relative au fonctionnement de l’ADSL. Vous allez vous apercevoir qu’en cas de problème, le FAI n’est pas toujours en cause. Parfois, le soucis peut venir de l’opérateur de téléphonie fixe ou de l’environnement du client.
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Commençons par la problématique de la synchronisation (synchro pour les intiés).
La synchro est un signal électrique par impulsion qui est desservi au client via le câblage du téléphone. Ce signal est sinusoïdale.
L’électricité a comme contrainte majeure le support sur lequel cette dernière, est véhiculée : le câble de cuivre doit être continu (ne comporte pas de coupures); parfaitement isolé (il ne doit pas y avoir des pertes de signal) et sa longueur ne doit pas dépasser une certaine limite.
Mais pourquoi la longueur du câble est aussi importante dans la transmission du signal?
C’est un fait scientifique. Le signal est toujours atténué tout au long de son trajet!
En d’autres termes, plus le trajet est long (et donc plus le câble est long), plus le signal se perd.
Viennent se rajouter à cela la qualité du support et son calibre : en effet, si la fibre de cuivre est vieille et oxydée, le signal sinusoïdale de la synchro trouvera davantage des difficultés à passer; Même cas de figure si la fibre est fine.
Les calibres des fibres de cuivre torsadées sont mesurés en millimètres (0.4mm, 0.6mm, 0.8mm, 1mm). Parfois, vous pourriez rencontrer une désignation sous la forme de quotients: 4/10 pour 0.4mm, 6/10 pour le 0.6mm, etc…
En Tunisie, le calibre des fils de cuivres torsadés sont majoritairement, voire exclusivement (sauf preuve du contraire dans les nouvelles infrastructures), en 4/10. De ce fait, l’éligibilité (c’est à dire la possibilité d’avoir une synchronisation correcte sur une ligne téléphonique) est limitée aux zones géographiques peu éloignées du RE/NRA, à peu prêt dans un rayon de 8 kilomètres; au delà, l’atténuation du signal devient trop importante et la ligne est considérée comme inéligible pour l’ADSL.
Pour récapituler:
Le choix du type de modulation est soumis à une limite principale : l’atténuation (phénomène physique de perte de signal) et qui est fonction de :
- la distance séparant DLSAM et modem
- le diamètre du câble (rapport inversement proportionnel : plus le câble a un diamètre important, moins il y a d’atténuation).
L’atténuation est mesurée en décibel (dB).
~Note~ en plus des phénomènes d’affaiblissement linéique, sont également à prendre en compte les pertes dues aux différents branchements ainsi qu’à la vétusté des câbles et des équipements.
En France, La méthode de calcul théorique “officielle” est celle de l’ARCEP. L’affaiblissement d’une ligne au regard de son calibre et de sa longueur est estimé en utilisant les règles suivantes :
15 dB par km pour un calibre de 4/10
12.4 dB par km pour un calibre de 5/10
10.3 dB par km pour un calibre de 6/10
7.9 dB par km pour un calibre de 8/10
L’atténuation totale est égale à la somme des atténuations linéiques multipliées par les longueurs par calibre fournies dans la base de données, à laquelle il convient de rajouter un affaiblissement estimé à 1.5 dB pour les connexions (branchement, jarretiérage).
Soit la formule suivante :
atténuation (en dB) = (longueur à 4/10)x15 + (longueur à 5/10)x12,4 + (longueur à 6/10)x10,3 + (longueur à 8/10)x7,9 + 1,5
Donc, chaque ligne a une atténuation fixe :
Calibre
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Atténuation
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0.4 mm
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14.6 dB/Km
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0.6 mm
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10 dB/Km
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0.8 mm
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7.1 dB/Km
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Voici un graphe montrant la relation du débit avec la distance qui sépare le client au RE/NRA:
Plus la distance augmente entre le client et la centrale, plus l’atténuation augmente à son tour et fais chuter le débit. C’est sur ça que se base l’éligibilité à l’ADSL.
Malheureusement, il n’y a pas uniquement l’atténuation comme contrainte à la synchronisation. Il y a aussi la marge au bruit!
Mais c’est quoi la marge au bruit? C’est quoi ça encore?
La marge au bruit ou SNR, est un rapport de qualité entre la puissance du signal et sa dégradation à cause des fréquences parasites. En effet, la synchro émise depuis le DSLAM peut être sujette de perturbations externes qui vont rendre les hautes fréquences impures. Si ces fréquences parasites augmentent, la qualité se dégrade davantage.
De ce fait, La marge au bruit est variable; Par contre, l’atténuation est fixe.
Pour une approche plus réaliste de la chose, je vous propose cet exemple:
Imaginez vous dans un local administratif, où 4 personnes travaillent dans la même pièce: | 1- Morad |
2- Ali | |
3- Zina | |
4- Amira |
Chaque personne a sur son bureau un ordinateur et un téléphone. Imaginons que Morad et Ali sont seuls dans le bureau et que le premier a besoin de l’agrafeuse du deuxième. Morad va s’adresser à Ali à haute voix : “Hey Ali, peux-tu me filer l’agrafeuse s’il te plait?”. Ici Morad a haussé la voix car Ali n’est pas à côté de lui. Si Morad s’adressait à voix normale à Ali, ce dernier risquerait de ne pas l’entendre car la voix de Morad est atténuée par la distance (normale me diriez vous)!
Imaginons maintenant que ces deux persones ne soient pas seuls dans le bureau et qu’il y a Zina et Amira qui sont occupées à taper un rapport sur Word qu’elles doivent rendre en urgence pour leur patron. Si nous reprenons l’exemple de l’agrafeuse, Morad va hausser un petit plus la voix pour se faire entendre par Ali pour qu’il lui passe l’agrafeuse. Dans ce cas là, Morad serait obligé d’élever sa voix davantage, car il y a un bruit ambiant causé par Zina et Amira qui tapent sur le clavier.
Ici, la distance n’a pas changé, l’atténuation est la même; cependant, les bruits ambiants du clavier des deux collègues sont considérés comme une gêne supplémentaire pour la voix de Morad.
Imaginons maintenant que Zina soit en train de répondre au téléphone et Amira écoute de la musique sur son ordinateur. Morad a encore une fois besoin de l’agrafeuse d’Ali.
Dans ce cas, Morad ne pourra pas réclamer l’agrafeuse avec une voix “normale”; il devra crier pour qu’Ali l’entende et arrive à distinguer sa voix dans ce vacarme (la musique d’Amira et la conversation téléphonique de Zina).
La distance n’a toujours pas changé, cependant le bruit ambiant a augmenté et du coup Morad va rentrer chez lui, en fin de journée, avec des cordes vocales abimés.
Pour revenir à notre synchronisation, malheureusement, le modem et le DSLAM n’ont pas la possibilité d’augmenter “leurs voix” pour qu’ils s’entendent, dans le cas où il y a beaucoup de fréquences parasites. Du coup, les deux machines ne vont pas communiquer convenablement et il y aura une perte de la liaison. Ici on parle de perte de la synchronisation.
C’est la raison pour laquelle il faut ABSOLUMENT avoir une marge entre la puissance du signal (qui est fixe entre les deux machines) et la puissance des fréquences parasites.
- Moins les fréquences parasites sont puissantes, plus la marge augmente.
- Plus les fréquences parasites sont puissantes, plus la marge diminue.
Pour rester dans les métaphores: On considère un piéton sur un trottoir et une route qui passe à coté:
- Plus le piéton est éloigné du bord (donc la marge entre lui et le passage des voitures est grande), moins il aura un risque de se faire accidenter par une voiture.
- Plus le piéton est proche du bord (donc la marge entre lui et le passage des voitures et petite), plus il y aura probabilité de se faire écraser par une voiture.
Désolé, mais je ne vous suis plus! Quelle est la différence exacte entre l’atténuation et la marge au bruit?
L’atténuation est fixe : elle est relative à la longueur et le calibre de la ligne téléphonique depuis la centrale jusqu’au client.
Donc une fois que la fibre de cuivre torsadée est posée par l’opérateur téléphonique, l’atténuation ne varie plus. Une éventuelle modification pourrait se faire, dans le seul et unique cas où l’opérateur téléphonique fait des travaux et change une partie du câblage en mettant un fil de section différente et/ou un fil plus long/plus court.
La valeur de l’atténuation devrait être la plus petite que possible.
La marge au bruit (SNR) est variable : La valeur de la marge de bruit peut dépendre de beaucoup de choses. La principale raison qui influe sur sa valeur est bien évidemment la qualité de la ligne téléphonique qui vous relie à la centrale.
La qualité du câblage qui arrive jusqu’à vos prises de téléphone (état du câble, boite de dérivation, etc) va donc énormément influencer la marge de bruit.
Pour terminer avec ce SNR et pour les matheux d’entre vous, je vous annonce la formule de calcul de la marge au bruit (parfois une simple ligne mathématique équivaut à un long texte explicatif)
Rapport signal/bruit (SNR) [dB] = 10 * Log10 (Puissance du signal [W] / Puissance du bruit [W])
La marge au bruit SNR doit être la plus grande que possible.
Je pense que vous avez bien assimilé ce que sont les contraintes majeures de l’ADSL. Mais quand une panne de synchro surgit, où peut on isoler la source du problème et comment y remédier ?
Comme je l’ai mentionné au début de cette page, il y a trois parties potentiellement responsables dans la désynchronisation du modem. Mais la question qui se pose, quelle partie est à incriminer et comment nous faire dépanner.
Nous vous avons préparé une page spéciale dépannage synchro que vous trouverez en cliquant sur ce lien.