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Les pirates s’attaquent au site de l’ISIE qui crie au complot

Les pirates s’attaquent au site de l’ISIE qui crie au complot

L’ISIE (Instance supérieure indépendante des élections) a annoncé dans un communiqué rendu public jeudi 10 juillet 2014 que son système d’inscription en ligne a été la cible d’une «violente attaque» par des pirates informatiques afin de priver les citoyens de leur droit d’inscription.

Les pirates s’attaquent au site de l’ISIE qui crie au complotL’ISIE (Instance supérieure indépendante des élections) a annoncé dans un communiqué rendu public jeudi 10 juillet 2014 que son système d’inscription en ligne a été la cible d’une «violente attaque» par des pirates informatiques afin de priver les citoyens de leur droit d’inscription.

Il convient de rappeler que cela est la énième tentative de piratage de la part des hackers. Ces derniers ont tenté vigoureusement d’obstruer le processus d’inscription de bon nombre de Tunisiens notamment ceux résidents à l’étranger. Pour certains d’entre eux, l’inscription en ligne est la seule issue possible pour éviter de faire des centaines de kilomètres afin de retrouver un consulat tunisien  (au Canada par exemple, en Allemagne ou encore en Italie). Il importe de signaler qu’en déstabilisant l’ISIE c’est en effet tout le processus de cheminement vers la démocratie qui est condamné et entravé. Depuis le lundi 7 juillet, la plateforme informatique de l’ISIE fait bel et bien l’objet de vives attaques de piratage visant particulièrement l’application informatique d‘inscription sur le registre électoral de l’ISIE (USSD). Dans  cette perspective, le web et autres supports de communication n’échappent pas à ces tentatives. Le point culminant, selon Khameyel Fenniche, Chargée de communication à l’ISIE, a été mercredi après-midi ce qui a amené à bloquer le dispositif d’accès vers 15 heures. La reprise n’a pu se faire que jeudi 10 juillet matin vers 10h. 

Khameyel Fenniche, membre du Conseil de l’ISIE et experte en communication (à droite) et Mourad Ben Mouelli, Vice-président de l’Instance et ancien de l’ISIE 1 (à gauche)

Khameyel Fenniche, membre du Conseil de l’ISIE et experte en communication (à droite) et Mourad Ben Mouelli, Vice-président de l’Instance et ancien de l’ISIE 1 (à gauche)

«Qui a entrepris cette macabre attaque ?», s’est indigné Chafik Sarsar, Président de l’ISIE, lors de sa rencontre jeudi matin avec les quelques représentants de partis politiques. «Est-ce une force étrangère ? Une connivence tunisienne et étrangère ?» s’est-il demandé. Une réunion de crise est prévue jeudi pour essayer d’en savoir plus et de renforcer la sécurité informatique de l’Instance.

Dans cette même lignée, le leader au parti du Congrès Pour la République (CPR), Tarek Kahlaoui a considéré que le piratage du site de l’ISIE et de son système d’inscription est «une forme de terrorisme».

D’ailleurs, dans le sillage de cette déstabilisation technique s’opère progressivement une remise en cause et une forte critique du travail de l’ISIE. Celle-ci est rendue responsable du nombre timide des nouveaux inscrits. Beji Caied Essebsi, président de Nidaa Tounes, a fait appel lors d’une conférence tenue dans un hôtel à Tunis le 8 juillet dernier à ce que les délais d’inscription soit repoussées au-delà du 22 juillet 2014. Force est de constater que depuis maintenant 15 jours, Nidaa Tounes orchestre une critique acerbe du travail de l’ISIE alors que le parti lui-même aurait-dû mobiliser ses propres électeurs potentiels à s’inscrire d’autant plus qu’il est l’un des premiers concernés de cette bataille électorale. Selon les dirigeants de ce parti, l’ISIE n’est pas encore prête à conduire les élections. Il faut dire également que Nidaa trouve des difficultés à s’organiser en ce mois qui aligne avec Ramadan, la coupe du monde et les festivités qui se profilent. Or ce désistement à l’égard des prochaines élections serait, selon Nidaa Tounes, au service du parti Ennahda qui a déjà une base de 20% relativement acquise sur l’ensemble des électeurs qui ont déjà voté lors des élections du 23 octobre 2011. Ennahda, pour sa part et depuis son départ du gouvernement, ne cesse de multiplier ses actions sur le terrain de manière silencieuse, notamment dans les régions les plus reculées du pays où les autres partis y accèdent pratiquement jamais.   

Profitant de cette cacophonie, Hamma Hammami, leader du Front populaire, est également allé dans le sens de Nidaa Tounes en accusant l’ISIE d’allégeance à la troïka et de sa nonchalance quant à la reproduction du scénario électoral de 2011 qui a conduit la Tunisie a une sorte d’isolement international.  

Entre temps, la sécurité informatique et le système d’information semble être le point faible de cette instance malgré la nomination d’un «expert en sécurité informatique» parmi ses membres, visiblement incapable de gérer des attaques (du type DDOS, etc.), de sécuriser une page facebook officielle et encore moins de veiller sur le bon fonctionnement des boites mails (lire notre article).

Mohamed Ali Elhaou 

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