Note de la rédaction : Nous avons reçu cette lettre ouverte à l’occasion du sommet de la Francophonie qui se déroule actuellement à Paris au sujet de l’IA multilingue. Nous la reproduisons ici.
L’émergence de l’intelligence artificielle générative, désormais multimodale, constitue un jalon crucial dans l’évolution culturelle de nos nations et de leurs institutions protectrices. Chaque semaine, plus de 200 millions de personnes dans le monde utilisent ChatGPT. Néanmoins, les systèmes d’IA commercialisés internationalement reposent sur des systèmes d’IA à usage général dont la sécurité n’est ni assurée, ni régulée par une quelconque norme internationale.
Le manque de diversité linguistique et culturelle dans les modèles de base qui sous-tendent les applications d’IA, ainsi que le déficit d’évaluations de sécurité multilingues pour ces modèles, constituent une menace pour la souveraineté nationale des Etats dans lesquels ils sont distribués et pour la sécurité des utilisateurs.
Ces lacunes exposent les systèmes à des biais culturels et linguistiques qui influencent la manière dont les informations sont présentées et perçues à l’échelle mondiale. En l’état, la mise sur le marché de systèmes d’IA développés et évalués en anglais, favorise insidieusement une forme de domination culturelle et de monopole des valeurs dangereux pour la diversité des cultures hétérogènes du monde et expose le monde non-anglophone à des niveaux d’abus et de mésusage plus élevés.
Nous en appelons donc au pays hôte du Sommet de la Francophonie et du Sommet de l’Action sur l’IA ainsi qu’à tous les autres Etats afin que les bénéfices de l’IA soient réellement mondiaux. Tous les modèles de base d’IA distribués à travers le monde doivent :
- répondre à des standards de sécurité internationaux ;
- être évalués dans les langues des pays dans lesquels ils sont déployés.
Ensemble, construisons un avenir où l’IA est bénéfique pour toutes les cultures et toutes les nations.
Liste des signataires :
Mohamed Farahat
Vice-président du groupe consultatif multipartite (MAG) du Forum africain sur la gouvernance de l’internet (AFIGF)
Martin Vetterli
Président de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL)
Marie-Thérèse Png
Institut d’études avancées
Dr Seydina M. Ndiaye
Dr Seydina M. NDIAYE, Directeur Programme FORCE-N, Université numérique Cheikh Hamidou Kane
Ima (Imane Bello)
Chargée du Sommet de l’Action pour l’IA à FLI
Ms. Malek Khachlouf
Professeur émérite dans les écoles secondaires, Ministère tunisien de l’éducation