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L’Open Data peut faire gagner jusqu’à 100 millions d’euros à l’économie tunisienne

L’épisode 74 de DigiClub powered by Topnet, a été totalement consacré à l’Open Data en Tunisie. Khaled Sallami, directeur général de l’unité gouvernementale d’administration électronique, chargé du dossier de l’OpenGov, était notre premier invité. Qu’est ce que l’Open Data ? Quels sont les avantages qu’on peut tirer de ce concept à la base anglais ? Et quel avenir pour la Tunisie dans ce domaine ? C’est ce qu’on va découvrir dans cet article.

Qu’est ce que l’open data ?

L’open data ou en français, les données ouvertes, sont des informations auxquelles l’accès est totalement public et libre de droit, au même titre que l’exploitation et la réutilisation. Ce concept a vu le jour, au niveau international, il y a environ 9 ans, et la Tunisie s’est inscrite dans cette trajectoire depuis 2012.

Il signifie, en plus clair, la transparence et l’ouverture de l’administration au citoyen, à travers la publication de données, et sa responsabilisation. Le citoyen a désormais le droit de donner son avis à propos du budget de l’Etat, à titre d’exemple, avant son vote auprès de l’assemblée des représentants du peuple, puisque depuis 2012, le budget est publié sur internet 3 semaines avant sa présentation à l’assemblée.

Plus concrètement, vous pourrez consulter le budget de l’Etat pour l’année 2019 dès le mois de novembre, sur les sites du ministère des finances et de la présidence du gouvernement, et déposer librement vos remarques et observations en ligne.

Quel est le rôle de l’unité gouvernementale d’administration électronique ?

«Dès 2014, on a commencé à élaborer et exécuter des programmes dans le cadre de la «participation ouverte», s’alignant avec les principes de l’OpenGov», a précisé Khaled Sallami, tout en expliquant que l’unité qu’il dirige « est chargée de la numéralisation de l’administration tunisienne, mais aussi du contrôle et du suivi dans le domaine de l’administration électronique».

Parmi les dossiers importants qu’on traite figure celui de l’openGov. Jusqu’à ce jour, l’unité dirigée par M. Sallami a pu élaborer 2 programmes (le 3ème est en cours de réalisation), comportant plusieurs projets et engagements du gouvernement envers la société civile et le peuple tunisien.

Cette unité dispose de 4 sites web, à savoir :

– www.data.gov.tn : c’est le site national officiel des données ouvertes, créé depuis 2017, et qui vient concrétiser la version expérimentale ayant vu le jour en 2012.

– www.e-participation.tn : c’est le 2ème site, pour la participation électronique, comportant des espaces de forums, de consultations, de dépôt de propositions…

– www.tunisie.gov.tn: il s’agit du site officiel du gouvernement tunisien, qui comporte tous les services en ligne, les informations se rapportant au gouvernement tunisien, les actualités dans divers domaines… Le site comporte également des applications dédiées aux services en ligne, que vous pouvez télécharger via mobile.
Il est à noter que grâce entre autres à ce site, la Tunisie est classée à la 80ème position sur 193 pays en ce qui concerne l’évolution des services administratifs en ligne, selon le plus récent rapport des Nations Unies.

– www.ogptunisie.gov.tn : ce site est celui de la participation gouvernementale ouverte. Il permet la diffusion de toutes les informations se rapportant aux programmes élaborés par l’unité d’administration électronique, ainsi que l’avancement des différentes activités au niveau de l’OpenGov.

«Les programmes que l’unité élabore se reposent principalement sur la participation entre le gouvernement et la société civile. Nous disposons d’un comité de pilotage mixte, composé de 8 membres de l’administration et 8 de la société civile, qui suivent de près l’évolution de ces différents programmes», indique M. Sallami.

Le premier programme qui s’est étalé sur 2 ans (2014 à 2016), comporte 20 engagements qui ont été réalisés à hauteur de 50%. Le principal mérite c’est qu’à travers ce plan d’action on a pu commencer ce projet et on a incité l’administration à s’y investir, d’après le DG de l’unité.

Parmi les projets non réalisés lors du premier programme figure celui du portail « e-people », qui a pu tout de même être exécuté durant le second programme (2016 à 2018). Il est actuellement en ligne, grâce à un financement de la Corée du Sud. A travers ce portail, tout citoyen peut déposer sa réclamation en ligne et recevoir rapidement une réponse, sans obligation de déplacement jusqu’au siège de l’administration concernée.

Comment réaliser de la valeur ajoutée grâce à l’Open Data ?

Les données ouvertes (Open Data) sont un créneau de l’OpenGov. Il s’agit de données collectées par le gouvernement et qui, une fois publiées, peuvent être exploitées par le secteur privé pour réaliser de la valeur ajoutée, en plus d’appuyer la transparence du gouvernement. Il faut savoir que le business model de Yahoo, Google, Linkedin et nombreuses autres firmes, repose sur l’exploitation des données pour réaliser de la valeur ajoutée. Selon une étude réaliser en 2016 par l’union européenne, la valeur du marché de l’Open Data au sein de l’UE est de l’ordre de 55 milliards d’euros. 100 mille postes d’emploi peuvent être créés en 4 ans grâce à l’Open Data d’après la même étude.

Et qu’en est-il pour la Tunisie ?

Le même constat peut être appliqué à l’exemple tunisien. En effet, au lieu d’investir dans le développement des données en ligne, l’administration tunisienne n’a qu’à publier ces informations et laisser les startups les exploiter pour faire évoluer les services en ligne en Tunisie. Djerba bus est l’exemple parfait de la réussite de ce concept. Il s’agit d’un projet d’application, qui peut vous donner des informations exactes sur les bus et leur circulation à Djerba, vous évitant une importante perte de temps.

Quels sont les défis à relever ?

Selon M. Sallami, en Tunisie, les personnes ou sociétés adhérant à l’Open Data ne sont pas très nombreuses. On a donc besoin de motiver les gens à s’inscrire dans ce concept innovant (un plan de communication sera mis en place dans ce sens, avec le tournage d’un petit film et l’impression d’un livret explicatif). On a également besoin de mettre en place un cadre juridique, pour la réutilisation de l’information diffusée.

«Une nouvelle loi dans ce sens est en train d’être élaborée au sein du gouvernement et sera prochainement proposée à l’assemblée, puisqu’il est essentiel d’avoir une autorisation pour la réutilisation ou la republication des données de l’Open Data. », d’après le directeur de l’unité qui ajoute qu’un nouveau décret de loi est aussi en cours d’élaboration pour pousser les administrations tunisiennes à s’inscrire dans ce concept et rendre publiques leurs données. Autre défi à relever, l’actualisation en temps réel et la justesse des informations publiées, notamment en ce qui concerne le ministère du transport.

Il faut noter que dans la plus part des cas, si l’information n’est pas publiée rapidement, elle n’a plus de valeur. En conclusion l’Open Data n’est pas uniquement liée à l’élaboration d’un cadre juridique, mais aussi et surtout à la justesse de l’information et sa disponibilité en temps réel, la simplicité de son utilisation et sa publication en état brut, sans y apporter de modifications.

Quel potentiel pourrait avoir l’Open Data en Tunisie ?

D’après M. Sallami, qui cite une étude élaborée récemment par l’UE, l’Open Data peut faire gagner entre 20 et 100 millions d’euros à l’économie tunisienne, si utilisée de façon optimale. Le rapport international des Nations Unies place la Tunisie au même rang que le Maroc selon M. Sallami, au niveau de l’Open Data. «Côté transparence, on les dépasse de loin», a-t-il ajouté, estimant que d’ici la fin de 2019, la Tunisie occupera une place bien meilleure à l’échelle internationale dans ce domaine.

Vous pouvez écouter ou télécharger l’intégralité de l’épisode 74 de DigiClub powered by Topnet sur le soudcloud de THD.tn

Zeyneb Dridi

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