Dans une longue interview accordée au journal AlChourouk dans son édition du dimanche 23 février, Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, a exposé le bilan des services de sécurité dans le combat du terrorisme. Un bilan qu’il juge positif. «Nous pouvons dire que la situation actuellement est sous contrôle après qu’on a arrêté ou tué les éléments les plus dangereux (parmi ces terroristes, ndlr) qui étaient prêts à mourir (dans des attentats suicides, ndlr)», a-t-il déclaré dans l’interview. «Les autres se sont soit retranchés dans les montagnes entre Kasserine et le Kef, soit ils sont partis hors de nos frontières».
Dans une longue interview accordée au journal AlChourouk dans son édition du dimanche 23 février, Lotfi Ben Jeddou, ministre de l’Intérieur, a exposé le bilan des services de sécurité dans le combat du terrorisme. Un bilan qu’il juge positif. «Nous pouvons dire que la situation actuellement est sous contrôle après qu’on a arrêté ou tué les éléments les plus dangereux (parmi ces terroristes, ndlr) qui étaient prêts à mourir (dans des attentats suicides, ndlr)», a-t-il déclaré dans l’interview. «Les autres se sont soit retranchés dans les montagnes entre Kasserine et le Kef, soit ils sont partis hors de nos frontières».
Dans son interview, M. Ben Jeddou a également affirmé que son ministère a fait quelques réunions avec le ministère des Technologies de l’information et de la communication pour demander la censure de certains sites. Ces derniers peuvent, en effet, être un moyen de communication entre les groupuscules terroristes, notamment les forums d’Ansar AlChariaa. D’après ses dires, cette demande n’a pas abouti, insinuant ainsi, que le ministère des TIC n’était pas coopératif dans le combat contre la terrorisme.
D’après nos sources au ministère des TIC, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’ancien cabinet a clairement informé le ministère de l’Intérieur que la censure ne peut se faire d’une façon arbitraire, sans décision de justice. D’autant plus que le projet de loi sur la cybercriminalité n’a pas encore été étudié par le Conseil ministériel pour être envoyé aux différentes commissions de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC).
De son côté, le rédacteur en Chef de Mosaique FM a cru saisir l’occasion pour épingler l’A2T (Agence Technique de Télécommunication), fraichement créée et qui a provoqué un tollé au point de faire réagir RSF. Dans sa rubrique «Edito, avec le rédacteur en chef» qui est passée mardi 25 février dans Midi Show (le podcast disponible ici), Neji Zeiri affirme que l’A2T a été mise en place depuis 3 mois et qu’elle a manqué de réactivité dans le combat national contre le terrorisme. Il a directement accusé le PDG de cette entité d’avoir préféré la passivité malgré les moyens dont il dispose pour arrêter ce fléau sur le Net tunisien.
Et pourtant, le PDG de l’A2T n’a pas été officiellement nommé par un décret dans le Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT). Pire encore : l’A2T n’a même pas de local et n’a pas commencé le recrutement de ses agents. De plus, aucun budget n’a été alloué par l’Etat et aucun cadre réglementaire n’a été adopté pour régir son travail.
Il est vrai qu’avec la création de l’A2T, l’ancien ministère des TIC a, enfin, épargné à l’ATI les pressions qu’elle subit des services de sécurité à propos du traquage des cyber délinquants, mais l’A2T est pratiquement inefficace sans le vote d’une loi sur la cybercriminalité. Surtout que ceux qui faisaient ce travail sous Ben Ali ont été remerciés par Farhat Al Rajhi, ancien ministre de l’Intérieur sous le gouvernement de Mohamed Ghannouchi, juste après la chute du régime en 2011. Or ce sont ces personnes qui maîtrisent les procédés (que ce soit au niveau national qu’international) pour mieux surveiller les éventuels dangers qui guettent le pays sur Internet.
Même si elle a été créée il y a plus de 3 mois comme l’affirme le rédacteur en Chef de Mosaïque FM dans sa rubrique, l’A2T n’est autre, actuellement, qu’une coquille vide.
On s’étonnera d’ailleurs de l’insistance, directe ou indirecte, du ministère de l’Intérieur et du rédacteur en Chef de Mosaique FM (qui était leur chargé de communication sous le gouvernement de Beji Caid Essebsi jusqu’à juillet 2011) sur la nécessité de censurer certains sites dits proches des réseaux terroristes, et ce, sans cadre légal.
Tout en condamnant ces portails et le message de haine qu’ils diffusent, il faut rappeler que sur Internet il est impossible de censurer un site, même en formulant une demande de shut down du serveur auprès de l’hébergeur. Car son contenu sera repris sur plusieurs serveurs relais (sites miroirs) éparpillés dans le monde.
Faut-il rappeler aussi qu’en censurant depuis la Tunisie une URL, on encouragera les terroristes à passer par des VPN sécurisés pour s’y connecter ? Or cette méthode rendra difficile, voire même impossible, de retracer les IP qui s’y connectent puisque les (apprentis) cyber terroristes y navigueront incognito.
Bien pire encore : en osant la censure ou le filtrage du Net tunisien d’une façon arbitraire, nous allons ouvrir la porte à toutes les dérives possibles et imaginables et ce, en muselant ou traquant toute voix discordante au nom de la sécurité nationale.
Welid Naffati
A lire également :
Le ministère des TIC a-t-il vraiment travaillé pour le développement de l’Internet en Tunisie ?
RSF demande le retrait du décret donnant naissance à l’Agence Technique des Télécommunications
Le ministère de l’Intérieur n’aura plus l’accès direct aux réseaux pour les écoutes téléphoniques