Réguler les réseaux sociaux et les plateformes numériques est une question épineuse. Trouver l’équilibre entre la protection des utilisateurs et la préservation de la liberté d’expression, étant complexe. Plusieurs tentatives ont, d’ailleurs, été initiées mais aucune n’a été concluante pour le moment.
C’est dans ce cadre que l’Unesco a lancé des consultations multipartites, un dialogue global, afin d’élaborer des lignes directrices susceptibles de réguler des réseaux sociaux et les plateformes numériques. Régulateurs, gouvernements, législateurs et entreprises tech devraient, dans ce sens, traiter les contenus susceptibles de porter atteinte aux droits de l’Homme et à la démocratie, en veillant à la protection de la liberté d’expression et en luttant contre la désinformation.
« Il ne s’agit pas de censure, mais de trouver un moyen pour que ces plateformes ne deviennent pas un outil de désinformation et de discours haineux, un lieu de harcèlement et de cyberintimidation », explique l’ancien ministre des Technologies de la communication et actuel sous-directeur général de l’Unesco pour la communication et l’information, Tawfik Jelassi, dans une interview diffusée sur la chaîne Youtube de l’agence onusienne à l’occasion de sa conférence « Internet for trust » qui a eu lieu à Paris en février. « Environ 73 % des femmes journalistes sont victimes de harcèlement en ligne et 20% d’entre elles finissent par être agressées physiquement (…) La situation est donc tout à fait alarmante ».
Notant la nécessité d’agir « de manière collective et inclusive, car ces plateformes touchent le cœur de la société, le cœur de la démocratie, le cœur de la société civile, le cœur des droits de l’Homme », il ajoute que toutes les parties prenantes, les entreprises qui gèrent les plateformes numériques notamment, doivent se mettre d’accord sur un ensemble de principes réglementaires pour régir ces plateformes. « Que les entreprises technologiques qui exploitent les plateformes numériques fassent partie intégrante de l’ensemble de ce processus nous donne la conviction que les résultats de cette conférence peuvent être appliqués sur le terrain (…) Sans eux cela restera une déclaration ».
Selon Tawfik Jelassi, il y a eu jusque-là deux approches différentes : celle qui prône le « laisser-faire » ou la régulation jusqu’à la censure et l’auto-régulation. Aucune des deux n’a marché. « C’est la raison pour laquelle, dès le début, nous avons décidé d’approcher les entreprises technologiques qui exploitent ces plateformes en les invitant à faire partie intégrante de l’ensemble du processus. Celles-ci vont devoir mettre en application ce que nous avons élaboré ensemble ».
L’Unesco entend également travailler en étroite collaboration avec les différents régulateurs nationaux. « Nous voulons informer les régulateurs nationaux, les aider à rédiger ou à mettre à jour leurs systèmes de régulation nationaux à la lumière de ces principes et lignes directrices acceptés dans le monde entier par tous les acteurs, y compris les entreprises technologiques ».
Pour consulter les travaux de la conférence Internet for trust de l’Unesco, veuillez cliquer ici.
Nadya Jennene