Comment un site tunisien qui a commencé par une équipe de deux personnes a pu en l’espace de 2 années voir son chiffre d’affaires progresser de l’ordre de 63% et recruter pas moins de 24 personnes ? Et pourquoi la brigade économique a-t-elle convoqué sa direction ?
Comment un site tunisien qui a commencé par une équipe de deux personnes a pu en l’espace de 2 années voir son chiffre d’affaires progresser de l’ordre de 63% et recruter pas moins de 24 personnes ? Et pourquoi la brigade économique a-t-elle convoqué sa direction ?
Bigdeal.tn est un site de rabais un peu spécial. Il fait du e-commerce et pourtant il ne vend aucun produit, il ne gère aucun stock. Il a réussi à faire épargner pas moins de 4,6 millions de dinars en 2 ans à quelques Internautes tunisiens. Comment ? Grâce à l’achat groupé. BigDeal propose, en effet, aux entreprises de vendre leurs produits ou services avec des remises exceptionnelles qui dépassent les 50%. Mais pour que ce nouveau prix soit validé, il faut qu’il y ait un nombre relativement important d’acheteurs.
«C’est là que Bigdeal intervient. Nous offrons notre plateforme pour créer le buzz sur ce produit», a expliqué Issam Essefi, PDG de la boite lors d’une conférence organisée le vendredi 6 juin dernier à Tunis, à l’occasion du 2ème anniversaire de la startup. Et pour donner un coup de pouce au buzz, rien de plus simple que de créer le besoin d’en acheter et ce, en limitant la date de validité de l’offre à 48 heures seulement. Une fois le nombre d’acheteurs limite est atteint, le deal est validé.
En d’autres termes, Bigdeal loue ses services de Webmarketing pour chaque entreprise qui souhaite booster ses ventes. Et il tire sa force des réseaux sociaux. «Avec presque 300 mille fans sur facebook, 20 mille visiteurs sur le site et une base de données de 130 mille clients inscrits sur le portail qui reçoivent les notifications par mail ou SMS, Bigdeal arrive non seulement à remplir le quota de vente, mais le dépasse carrément», a-t-il affirmé.
Mais pour ce jeune entrepreneur de 30 ans, ce ne sont pas ces chiffres dont il s’enorgueillit le plus. C’est plutôt le taux de fidélisation : «42% de nos clients ont acheté au moins deux fois via notre plateforme et avec un taux de conversion supérieur à 6%. A noter que la moyenne mondiale pour ce dernier critère est de 4% seulement». Mais malheureusement, tout succès a un revers de la médaille. Le site s’est heurté à plusieurs problèmes logistiques. «Parfois les clients sont insatisfaits à cause de la mauvaise gestion de l’entreprise avec laquelle le Deal a été conclu», a expliqué Issam Essefi. Il a pris l’exemple d’une offre de restauration qui s’est vendue comme des petits pains causant au restaurant une saturation du service, et donc, sa dégradation.
«Et pis, le problème se pose avec le paiement en ligne. Nous n’avons pas, jusqu’à ce jour, un moyen de faire un paiement échelonné. Si pour l’instant la majorité des Deal sont à des prix plutôt accessibles, ça n’empêche qu’on peut faire aussi des affaires sur des produits de luxe ou la somme est plus importante que le client souhaiterait régler sur plusieurs tranches», a-t-il rétorqué.
Mais ces freins au développement de son entreprise ne s’arrêtent pas là. Même la brigade économique s’est invitée dans le cadre : «On nous a convoqué car ils ne comprenaient pas comment on gagnait de l’argent tout en restant sur le Net et avec un statut d’une société informatique. Et pourtant, nous n’avons rien d’illégal. Mieux : nous avons même tenté de tirer le niveau vers le haut».
D’après Issam Essefi, il y a plus de risque de se faire voler son argent ou son chéquier plutôt que de se faire voler sur le Net. Car le seul moyen de se faire voler dans le paiement en ligne c’est quand quelqu’un vous vole votre carte bancaire de votre portefeuille. De plus, et dans la législation tunisienne, quand un client achète son produit en ligne, il a droit de se rétracter dans les 10 jours suivant la réception de sa commande et de le retourner pour un remboursement complet s’il n’est pas satisfait. «Or, chez BigDeal on propose le remboursement jusqu’à 30 jours après la date de l’achat», a-t-il déclaré par la suite.
Tout en tirant la sonnette d’alarme sur la situation chaotique du e-Business en Tunisie à cause d’une législation rigide venant d’un autre temps (déjà 3 sites d’achat groupé ont fait faillite récemment), Issam Essefi reste tout de même confiant sur la réussite du modèle économique basé sur le Web. Rien que sur sa plateforme, le nombre de paiement effectué 100% online a en effet observé un bond de 40% courant 2013.
Welid Naffati
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