L’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC) appelle toutes les composantes de la société civile concernées par la défense du droit du citoyen tunisien à une information libre et indépendante, conforme aux règles professionnelles et déontologiques, à agir d’urgence pour protéger ce droit qui est menacé, aujourd’hui plus que jamais, depuis l’éviction de l’ancien dictateur.
Huit mois après la promulgation du décret-loi N°2011-116 du 2 novembre 2011, organisant la communication audiovisuelle et portant sur la nomination des dirigeants des médias audiovisuels publics et la protection de leur indépendance à l’égard des pouvoirs publics, l’INRIC regrette que le gouvernement continue de refuser l’application de ce décret-loi qui a été salué par bon nombre d’organisations non gouvernementales des droits de l’Homme et par des instances professionnelles, tunisiennes et étrangères, comme étant conforme aux standards internationaux en matière de liberté d’expression.
Ce refus a engendré un vide juridique qui a permis l’envahissement de l’espace audiovisuel tunisien par des médias qui bafouent les législations et les cahiers des charges en vigueur dans ce domaine, dans les pays démocratiques.
La décision du gouvernement de ne pas appliquer le décret-loi N° 116 qui dispose, dans son article 19, que la HAICA est chargée «d’émettre des avis conformes concernant la nomination des présidents directeurs généraux des établissements publics de la communication audiovisuelle», a également entraîné la persistance des mêmes méthodes qui étaient en vigueur durant les dernières décennies en matière de nomination et de destitution des dirigeants des médias.
Les récentes nominations, intervenues le 2 juillet courant, à la tête des radios nationales et régionales, sans concertation préalable avec les organisations professionnelles et syndicales concernées, sont certainement le meilleur exemple de la persistance de ces mêmes méthodes qui rappellent les nominations annoncées le 7 janvier 2012, et qui, à l’époque, furent considérées par le gouvernement comme étant une erreur qui ne se reproduirait plus.
En l’absence d’actions concrètes qui reflètent une volonté politique réelle de jeter les fondements d’une information libre et indépendante, conforme aux standards internationaux, l’INRIC exprime son refus de continuer de servir de décor, alors que la situation du secteur est en régression. Elle estime qu’il n’y a plus de raison valable de poursuivre ses activités et annonce donc sa décision de mettre fin à sa mission.
Source : communiqué