Selon les chiffres communiqués par la GSMA, le monde compte actuellement plus de huit milliards de connexions mobiles y compris le cellulaire IoT. La Tunisie compte, selon la même source, 16.8 millions de connexions (quatrième trimestre 2017) dont 44% en 3G/4G. Face à la démocratisation des connexions mobiles et la multiplication des objets connectés dans le monde, l’IPv4 (protocole de base des communication sur internet) arrive à court d’espace et la migration vers l’IPv6 devient un impératif. Quel plan national avons-nous préparé pour cette migration? C’est à cette question que le workshop organisé, lundi, par l’Instance nationale des télécommunication a répondu.
Migration vers l’IPv6 : Motivations et challenges
Les principaux objectifs de la migration de l’IPv4 vers l’IPv6 consistent à étendre l’espace d’adressage IP passant ainsi d’une suite de 32 bits à une suite de 128 bits, corriger les défaillances de l’IPv4 et anticiper les besoins futurs en connexions internet.
Les motivations demeurent essentiellement liées à la pénurie d’IP face à l’augmentation des besoins. “Du côté des opérateurs téléphoniques, la principale motivation est le nombre croissant des utilisateurs d’internet, mobile notamment, et l’augmentation du temps de connexion”, a expliqué Hichem Maalaoui, Co-fondateur et Directeur général de Next Step IT, lors de sa présentation du plan d’action national de passage vers l’IPv6.
Il a noté également “le nombre d’objets connectés qui seront déployés dans le futur après l’octroi des licences IoT par le ministère des TIC”. “La STEG travaille sur des applications de compteurs intelligents (smart metering) mais, à moyen terme, elle ne pourra pas connecter tous les compteurs (soit 4 millions environ) avec l’IPv4”, a-t-il signalé.
Le besoin en adresses IP ne s’arrête pas aux opérateurs téléphonique et applications IoT. Le CCK (Centre de Calcul al-Khawarizmi) a également exprimé la nécessité de passer à l’IPv6 de par les besoins croissants en connexions dans le milieu universitaire et le secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche.
D’après Hichem Maalaoui, seuls les établissements à caractère administratif et les réseaux communautaires ne voient pas l’utilité de migrer vers l’IPv6 en raison du manque des ressources. Sans parler des challenges techniques qui peuvent accompagner ce passage vers un nouveau protocole. “La maîtrise de l’IPv6 n’est pas aussi facile que l’on croit. Il existe des challenges de plusieurs ordres, notamment en termes de cybersécurité, extensions, restrictions budgétaires, fuite des cerveaux… en plus du manque de coordination entre les différents acteurs”, a signalé Hichem Maalaoui.
Projet du plan d’action national de migration vers l’IPv6
“Si nous ne migrons pas vers l’IPv6, nous allons nous retrouver isolés”, a déclaré Hichem Maalaoui en expliquant que “certaines applications, si non-compatibles IPv6, ne peuvent être publiées sur l’Apple store, ce qui peut être compromettant pour les développeurs tunisiens”.
Soulignant que 70% du contenu dans le monde est compatible IPv6, le directeur général de Next Step IT a appuyé la nécessité de réussir cette migration vers le nouveau protocole IPv6. Pour ce faire, un ensemble d’actions doit être mis en place à destination des différents acteurs impliqués, à commencer par l’administration où la réticence est la plus ardue. A ce niveau, le projet de plan d’action national de migration vers l’IPv6 propose la publication d’un texte réglementaire péremptoire, la formation des équipes informatique et l’accompagnement.
Veuillez cliquer ici pour consulter le plan d’action en détail.
L’ATI, IPv6 ready et enabled
Après l’Afrique du Sud, la Tunisie a été le premier pays à tester l’IPv6. La question de la migration vers l’IPv6 s’est posée depuis le début des années 2000. L’Agence tunisienne d’internet (ATI) a endossé à l’époque le rôle de communicateur et de sensibilisateur pour ensuite tester l’IPv6 en 2003. “Le besoin était clair. Pour rester connecté tout le temps, l’IPv4 ne suffisait plus”, a indiqué Jaouhar Ferjaoui, DG de l’ATI lors de son intervention.
En 2009, l’ATI a travaillé sur la formation d’un comité stratégique pour le lancement de l’IPv6. Un comité au sein duquel l’agence s’est positionnée en tant que secrétariat général. “L’objectif étant de déterminer les étapes les plus faciles à franchir pour réussir la migration de l’IPv4 vers l’IPv6”.
Dans ce sens, l’ATI a développé plusieurs solutions lui permettant d’être capable de fournir des IPv6. “Toute la chaîne de valeur au sein de l’ATI est IPv6 ready et enabled. Nous avons par ailleurs signé une convention pour devenir fournisseur de certification IPv6”, a affirmé le DG de l’ATI.
Nadya Jennene