Le réseau Mourakiboun, réseau citoyen tunisien qui vise la formation d’observateurs pour les élections en Tunisie, annonce la création d’une cellule de veille électorale sur les réseaux sociaux. C’est la première fois que cette ONG depuis les élections de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) déploie un tel dispositif dédié à Internet.
Le réseau Mourakiboun, réseau citoyen tunisien qui vise la formation d’observateurs pour les élections en Tunisie, annonce la création d’une cellule de veille électorale sur les réseaux sociaux. C’est la première fois que cette ONG depuis les élections de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) déploie un tel dispositif dédié à Internet.
«Nous avons remarqué que les Tunisiens suivent très bien ce qui se passe sur Internet et notamment sur Facebook», déclare Anis Samaali de Mourakiboun. «On s’était rendu compte que les événements sur les réseaux sociaux reflétaient la société tunisienne et même les politiciens. D’ailleurs combien de politiciens font des déclarations sur leur profil facebook public et/ou leur page officielle».
Pour M. Samaali, si le silence électoral de 24 heures avant la date du scrutin -qui est dicté par la Haute Autorité Indépendante de la Communication Audiovisuelle (HAICA) pour les médias et la loi électorale pour l’activité politique- sera facile à faire respecter, il y a de fortes chances que ce silence ne soit pas respecté sur Internet. D’où la raison d’être de cette cellule.
«En 2011, nous avons déployé près de 4000 observateurs sur le terrain, partout en Tunisie, le jour du scrutin. Mais ceci s’avère être insuffisant si on veut observer tout le processus électoral qui commence bien avant et continue bien après», remarque M. Samaali. «Pour cette année, nous avons formé 2 observateurs dans chaque gouvernorat. Chaque observateur a à sa disposition des dizaines d’observateurs qui font le travail sur le terrain dans les délégations et assurent le reporting. De ce fait, on a aujourd’hui plus de 700 agents déployés sur tout le territoire pour observer l’activité politique des partis partout en Tunisie».
Est-ce donc ces agents qui vont observer les élections le jour du scrutin ? «Les 4000 observateurs de 2011 vont être appelé ce jour là en plus de nos propres agents permanents et qui vont surveiller les 854 centres de l’ISIE», répond Anis Samaali.
Le travail de Mourakiboun consiste essentiellement à analyser les informations reçues par ses observateurs, les évaluer et puis émettre des recommandations sous forme de rapports périodiques. Notamment durant la campagne électorale. Mais vu la forte corrélation qui existe parfois entre l’activité facebookienne et l’activité politique, Mourakiboun a décidé, donc, d’inclure l’observation des réseaux sociaux dans ses rapports.
«Il sera en effet intéressant de détecter le phénomène de violence électorale sur le virtuel, bien avant sur le terrain», commente le représentant de l’ONG. «D’ailleurs une version dédiée aux élections de Webradar, outil tunisien de veille sur Internet, est en cours de finalisation. Il analysera toutes les publications susceptibles de toucher de près ou de loin aux élections et ce, grâce à des mots clefs écrits en caractère latin, en arabe ou même en langage SMS. Il permettra de détecter ainsi les sentiments positifs ou négatifs par rapport à ce sujet là».
Mais en termes de vie privée, est-ce que Mourakiboun va, de ce fait, archiver même les statuts persos ? «Non», nous répond l’ONT. «Le logiciel ne va prendre en considération que les statuts en mode public. Sur facebook, par exemple, ces statuts ont l’icône d’un globe terrestre. Cela veut dire que tout le monde peut lire ce statut, même s’il n’est pas dans sa liste d’amis».
Facebook, les blogs et twitter vont servir de jauge à Mourakiboun pour mieux orienter leur observation. Car nul ne peut nier l’existence de plusieurs pages facebook, voire même de faux profils, qui sont parfois à la solde des partis politiques et dont le rôle principal est de diffamer les concurrents ou carrément de lancer des appels à la violence à leur encontre.
Mais quid de l’ISIE et son rapport avec le Centre National d’Informatique (CNI) ? Mourakiboun va-t-elle observer, aussi, le travail du CNI sur la gestion de la base de données ? «Comme la CNI détient la base de données et le registre électoral, et comme l’observation du travail qu’effectue cette dernière sur la base de données est impossible» répond Anis Samaali, «Il existe une méthode d’observation pour le registre électoral déjà testée et approuvée le ‘voter to list’ et le ‘list to voter’. C’est-à-dire qu’après la publication des listes des électeurs, Mourakiboun va prendre un échantillon représentatif des noms figurants sur la liste et vérifier si ces gens existent bel et bien. Après on vérifie s’ils sont éligibles au vote à la bonne circonscription et qu’ils figurent au bureau de vote où ils se sont enregistrés. C’est ça le ‘list to voter’».
«Le ‘voter to list’ par contre, c’est le fait de faire le chemin inverse en partant d’un échantillon de soutien et de vérifier leur présence sur la liste publiée. Cette méthode permet de vérifier l’exactitude de ces dites listes électorales sans pour autant être tout le temps à la CNI pour suivre ses travaux», conclut le représentant de Mourakiboun.
Welid Naffati
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