La 4ème édition du Baromètre Opendata, réalisé de manière annuelle par la World Wide Web Foundation vient de paraître. Et si la Tunisie conserve son leadership sur le niveau régional arabe, sa position globale a reculé, signe d’une stagnation dans les efforts vers l’ouverture et la transparence des données.
La 4ème édition du Baromètre Opendata, réalisé de manière annuelle par la World Wide Web Foundation vient de paraître. Et si la Tunisie conserve son leadership sur le niveau régional arabe, sa position globale a reculé, signe d’une stagnation dans les efforts vers l’ouverture et la transparence des données.
En effet, ce rapport, qui utilise les données issues d’une étude statistique réalisée entre les mois de Mai et Septembre 2016, donne une note de 32 sur 100 à la Tunisie, ce qui la place à la 50ème position mondiale. La Tunisie régresse donc de 11 par rapport à l’édition 2015, qui avait placé le seul rescapé du printemps arabe à la 39ème place.
Le score de la Tunisie est calculé selon 3 critères : La préparation, dans laquelle la Tunisie a obtenu un score de 45/100, l’implémentation, avec un 32/100, et enfin, l’impact, qui a été très minime, n’obtenant que 22/100. En matière de préparation, nous avons noté que ce qui pénalise l’open data sont les politiques gouvernementales, n’ayant obtenu que 24/100, et les données relatives aux entrepreneurs et à la finance, avec 35/100. En revanche, la société civile a obtenu un score respectable de 75/100.
En matière d’implémentation, les disparités sont plus confirmées. Et si les secteurs des statistiques, de la budgétisation de l’état ou encore de la criminologie sont ouvertement disponibles et accessibles (80/100), certains secteurs sont beaucoup plus difficiles d’accès. Nous citons, à titre d’exemple, les cartographies et les titres de propriété, les dépenses étatiques ou encore le secteur de la santé, ou une note de 5/100 seulement a été attribuée. Et si nous avons noté la présence des données sur tous les secteurs, en revanche, un problème de lisibilité a été également constaté, car, pour la totalité des secteurs, les données qui sont disponibles ne contiennent pas d’identificateurs clé de données permettant de comprendre de manière simplifiée les données obtenues. Enfin, au niveau de l’impact, le résultat a été très au deçà des attentes, avec notamment, un 36/100 pour les données politiques, 10/100 pour les données sociales et seulement 8/100 pour les données économiques. Ces différents résultats placent la Tunisie première dans le monde arabe, et 3ème sur le plan africain, juste derrière le Kenya et l’Afrique du Sud.
Bien qu’une évolution légère soit constatée d’année en année, la Tunisie peine encore à implémenter de manière significative l’OpenData. Les politiques obsolètes gouvernementaux encore en vigueur pénalisent fortement le travail de la société civile ou même l’action gouvernementale. De même, l’opacité dans les milieux sociaux et surtout économiques sont des facteurs clés qui contribuent, non seulement à la stagnation du score de la Tunisie en matière d’OpenData, mais peut également conduire à certains troubles d’ordre social, l’exemple du pétrole en est un exemple concret. En effet, c’est le secret entourant les différents contrats et chiffres de production qui ont alimenté la colère de la population, et qui ont conduit à des troubles sociaux qui auraient été mieux géré en cas de transparence totale du secteur économique. Un long travail, de législation et de politique, attend donc la Tunisie, pour être l’une des pionnières dans l’OpenData, et arriver à la hauteur du trio de tête, qui sont, sans surprise le Royaume Uni, le Canada et la France.
Seif Eddine Akkari