Cela fait des jours que vous essayez de recharger votre solde téléphonique, de payer vos factures, acheter sur un site marchand ou prendre un billet d’avion, en ligne et rien ne passe ? Rassurez-vous, ce n’est nullement un problème chez votre banque. C’est pire ! La Société monétique Tunisie (SMT) a décidé de mettre à jour le système de paiement en ligne en Tunisie et sans aviser les consommateurs. Par ignorance ou par maladresse, on ne sait ce qu’il en est vraiment car personne à la SMT ne répond et l’entreprise a préféré jouer à l’autruche au lieu d’éclairer l’opinion publique sur ce qui se passe dans ses services.
Revenons un peu en arrière. Les paiements électroniques étaient très perturbés et parfois en panne pour tout type de cartes de paiement nationales et internationales. Rien ne passe jusqu’à l’écriture de ces lignes. Si vous allez sur la plateforme de recharge en ligne de votre opérateur, par exemple, et que vous remplissez le formulaire clictopay, tout passe jusqu’à l’introduction du code unique qui vous est transmis par SMS. Là vous aurez un message indiquant que l’opération a échoué. Pourquoi ? Parce qu’il se trouve que Visa et MasterCard ont averti la SMT du changement de protocole et des mises à jour sur leurs API, sauf que le quasi-monopole de paiement électronique en Tunisie n’a pas daigné procéder, dans les délais, aux modifications nécessaires.
Selon nos sources, la migration vers la nouvelle plateforme s’est faite directement sur l’environnement de production. C’est-à-dire sur la partie visible pour les consommateurs. Cela a déstabilisé le système provoquant une interruption de service. La démarche de la SMT a, d’ailleurs, fortement impacté l’activité de plusieurs acteurs économiques qui utilisent le paiement en ligne comme moyen de règlement sur leurs sites. Fort heureusement, les inconstances dues à cette migration opérée dans l’urgence devraient se régler prochainement. Nous ne pouvons avancer de date, car, comme indiqué la SMT n’a pas répondu à nos sollicitations.
S’il y a un constat à retenir de cette catastrophe – le manque à gagner étant indéniable –, c’est qu’il est temps pour les autorités de tutelles de s’ouvrir davantage à l’idée de mettre en place un cadre légal clair et incitatif permettant aux Fintechs de se développer en Tunisie. Ces structures dont le nombre se compte sur les doigts de la main en Tunisie proposent des solutions de paiement électronique innovantes qui permettent de répondre au besoin du marché local dans un contexte marqué par l’explosion du commerce électronique.
Ces startups ont révolutionné les moyens de paiement à travers le globe. Selon une récente étude de McKinsey sur les fintechs en Afrique, ses startups connaissent la croissance la plus rapide dans ce continent où environ 65% de la population sont peu ou pas du tout bancarisés. La firme américaine explique, également, que l’adoption de solutions de paiement – les portefeuilles numériques, entre autres – connaît, depuis quelques années, un développement constant dans plusieurs pays africains. Cette tendance s’est, d’ailleurs, accélérée pendant la pandémie Covid-19.
Nadya Jennene