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Paypal compte-t-il vraiment s’installer en Tunisie?

Paypal compte-t-il vraiment s’installer en Tunisie ?

Les rumeurs vont bon train depuis un moment sur le Net tunisien annonçant l’arrivée imminente du géant du paiement en ligne Paypal en Tunisie. Rumeurs appuyées notamment par la création d’une page Facebook «Paypal Tunisie».

Paypal compte-t-il vraiment s’installer en Tunisie ?Les rumeurs vont bon train depuis un moment sur le Net tunisien annonçant l’arrivée imminente du géant du paiement en ligne Paypal en Tunisie. Rumeurs appuyées notamment par la création d’une page Facebook «Paypal Tunisie». Cette rumeur s’appuie aussi sur l’information qui circule sur l’ouverture imminente d’un bureau de Paypal à Dubai. De plus, on nous a affirmé de sources internes, chez Paypal, que l’extension de ce service dans le monde arabe ne saurait tarder pour l’avenir. D’où un potentiel de déploiement sur l’Afrique du nord et le Maghreb en particulier.

Concernant un service très utilisé par les professionnels du Web en Tunisie, cette nouvelle chamboulerait, certainement, leur quotidien et leur ouvrirait de nouvelles opportunités d’investissement. Encore faut-il qu’elle soit vraie…

Paypal compte-t-il vraiment ouvrir une filiale en Tunisie ? Pour tirer les choses au clair, la rédaction de THD a posé la question à Paypal. «L’ouverture d’un bureau Paypal en Tunisie n’est pas encore à l’ordre du jour», nous a répondu Ayana Gisser, directrice des relations publiques de Paypal pour la région Europe et MENA (Afrique du Nord et Moyen Orient). «Nous sommes déjà présents en Tunisie depuis plusieurs années, et chaque internaute peut créer un compte PayPal pour effectuer des achats en ligne dans plus de 190 pays, dans 25 devises».

Bien que cela puisse paraître étonnant pour les non initiés, il est en effet possible d’ouvrir et d’utiliser un compte Paypal depuis la Tunisie. Mais une condition sine qua non est nécessaire pour l’utiliser pleinement : il faut bénéficier, au préalable, d’une denrée rare qu’est le compte en devises, dont peu de Tunisiens peuvent se vanter de disposer. Pas possible, donc, pour les citoyens lambda de tirer profit de ce service puisqu’ils ne pourront régler leurs achats ou transférer des sommes d’argent en Dinars.

Et comme on dit, le besoin est mère des inventions. Beaucoup de Tunisiens ont donc créé un nouveau écosystème basé sur Paypal. Ces «débrouillards» ont généralement un compte bancaire à l’étranger et/ou un compte Paypal toujours alimentés en devises.

Pour répondre aux besoins de certains professionnels du Web qui n’ont pas le moyen de se procurer de l’argent en devises pour effectuer leurs achats depuis leur Paypal (nom de domaine, achat d’applications, achat de serveurs d’hébergement Web etc.), ces «débrouillards» proposent de leur faire un virement des montants dont ils ont besoin contre un paiement en main propre de l’équivalent de la somme en dinars. Si quelques-uns ne cherchent pas vraiment de contre-partie financière à ce service, d’autres, cependant, exigent des marges qui peuvent atteindre les 20% ou plus sur chaque virement. Sans parler du risque que la source de cet argent soit celle d’un compte bancaire piraté.

Que pense, alors, Paypal de ce phénomène qui cause beaucoup de préjudice à l’entreprise ? La réponse a été tout aussi évasive que diplomatique : «Les contraintes actuelles de PayPal en Tunisie sont le fait de différents facteurs, et sachez que nous faisons le maximum jour après jour pour améliorer l’expérience client et la satisfaction de tous les utilisateurs».

Une réponse qui laissera beaucoup d’Internautes tunisiens sur leur faim, surtout ceux qui cherchent un moyen légal et permanent pour régler leurs achats en devises depuis la Tunisie sur le Net. D’autres, cherchent d’ores et déjà des solutions alternatives. C’est le cas de Taher Mestiri de Tunandroid.com qui considère que l’absence de comptes en devises peut constituer un barrage à l’entreprenariat, surtout pour les jeunes développeurs.

La proposition de Taher Mestiri consiste à créer un compte en devises plafonné à 500€ pour les diplômés de l’enseignement supérieur qui se convertissent à l’entreprenariat alimenté par une opération de change locale et déductible de leurs allocations touristiques. Rappelons que ces allocations sont de l’ordre de 6 mille dinars par an et par individu, un plafond fixé pour ceux qui veulent faire le change avant de partir à l’étranger. Une autre condition a été également posée : ils doivent avoir une patente et ne peuvent effectuer les retraits qu’en dinars.

Taher Mestiri propose également que le droit au contrat d’initiation à la vie professionnelle (SIVP) ne leur soit pas retiré après l’octroi de la patente, si ces derniers décident de rejoindre un emploi avant la fin du deuxième exercice comptable. Cette initiative a été officiellement proposée aux autorités compétentes. Ces derniers ont promis l’étude en profondeur du dossier… sans donner suite.

On ne peut condamner les lois protectionnistes de la Tunisie pour le maintien de l’équilibre du stock en devises du pays. Et pour cause : imaginons que notre monnaie soit complètement convertible avec possibilité de tout acheter en ligne en euros ou en dollars, avec des Tunisiens toujours à l’affût de bonnes affaires, surtout celles qui viennent de l’étranger, ceci pourrait mettre à plat l’économie locale. Déjà qu’on voit plein de produits «importés» sur les étalages de nos magasins en dépit de toutes les politiques de protectionnisme actuelles…

Il est donc quelque part, nécessaire de protéger notre économie, compte tenu des circonstances actuelles : crises, le dinar qui perd de plus en plus sa valeur et de pauvres réserves en devise. Mais rendre les lois plus flexibles pour les petits entrepreneurs qui pourraient relancer l’économie, voire même renflouer les caisses de l’Etat en devises en vendant leurs services sur le Net, commence à devenir une nécessité pour pouvoir relancer l’économie nationale. Faut-il encore rappeler que pendant les crises, les TIC restent parmi les rares secteurs qui résistent à la morosité économique comme c’est le cas en Grèce ?

Emir Sfaxi

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