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Plus d’adresses IPv4 disponibles: l’Europe en alerte rouge, quid de la Tunisie ?

Le Registre régional d’adresses IP qui dessert l’Europe, une partie de l’Asie, et notamment le Moyen-Orient, RIPE NCC, a annoncé dans un communiqué publié lundi, avoir attribué le tout dernier bloc de 22/adresses IPv4 disponible dans sa réserve. Passer à l’IPv6 est, de ce fait, vital.

Une adresse IPv4 est, pour rappel, l’adresse numérique d’une machine connectée à Internet. Utilisée depuis les années 70, soit depuis la naissance d’Internet, l’IPv4 devait arriver à terme à cause, notamment, de son adressage de 32 bits constitué de chiffres uniquement.

La pénurie d’adresses de la version 4 du Protocole Internet – base d’une grande partie des communications sur Internet – a notons-le, été annoncée depuis les années 2000. Le RIPE NCC avait, alors, tiré la sonnette d’alarme face à l’explosion du nombre de connexions dans le monde, de par la démocratisation des smartphones et des objets connectés.

L’IPv4 peut tolérer jusqu’à 4,3 milliards d’utilisateurs. En 2017, on comptait déjà dans le monde plus de huit milliards de connexions mobiles y compris le cellulaire IoT (GSMA). Les ordinateurs ne sont, en effet, pas les seuls à avoir besoin de ces adresses.

Dans son communiqué, le RIPE NCC a ajouté qu’il serait, toutefois, en mesure d’attribuer une quantité minime d’adresses IPv4 récupérées notamment auprès des organisations ayant cessé leurs activités ou des réseaux qui renvoient les adresses dont ils n’ont plus besoin.

Ces adresses seront attribuées en fonction de l’ordre des demandeurs sur la liste d’attente du RIPE NCC.

Mais, à ce stade, opérateurs et hébergeurs n’ont d’autre choix que de passer à l’IPv6 et de toute urgence. Soulignant que, sans déploiement de l’IPv6 à grande échelle, le monde risque de s’engager dans un avenir où la croissance d’Internet sera inutilement limitée (…) par manque d’identificateurs de réseau, le RIPE NCC a appelé toutes les parties prenantes à jouer leur rôle en soutenant le déploiement de l’IPv6, surtout qu’en plus de la pénurie de l’IPV4, certaines applications mobiles, en particulier iOS, ne sont compatibles qu’avec la version 6 du Protocole Internet.

En mai 2016, Apple a annoncé qu’à partir du 1er juin de la même année,  les applications développées pour figurer dans l’App Store seraient obligatoirement et nativement fonctionnelles que sur l’IPv6.

L’IPv6 – lancée dans les années 90, par l’Internet Engineering Task Force (IEFT) pour pallier la pénurie de l’IPv4 – est composée de 28 caractères (des chiffres et des lettres). Son adressage de 128 bits permet donc un nombre illimité de combinaisons et rend pratiquement impossible (dans le futur moyen du moins) d’arriver à saturation.

Quid de la Tunisie ? 

Alors que le monde annonçait la fin de l’IPv4 pour 2011, la Tunisie a créé en 2009 une commission nationale pour superviser un programme de passage progressif à l’IPv6. Un site internet a, par ailleurs, été créé pour expliquer l’importance de ce projet de migration et mettre en avant les travaux de ladite commission, mais en s’y référant, nous avons constaté que la dernière actualité datait de novembre 2009 et qu’il n’existait aucune information sur le plan que cette commission était supposée élaborer.

Quatre ans après la mise en place de ce “Task Force spécial IPv6”, l’Agence tunisienne d’Internet (ATI) a signé une convention d’adhésion au RIPE NCC pour satisfaire les besoins croissants en connexions IPv4 et préparer la transition vers l’IPv6.

Puis, au terme de l’année 2017 – alors qu’on comptait, en Tunisie, près de 16,8 millions de connexions dont 44% sur les réseaux 3G/4G – l’Instance nationale de Télécommunications (INT) a mis en place un projet de plan national pour enclencher la migration vers l’IPv6 et ainsi élargir l’espace d’adressage IP passant d’une suite de 32 bits (IPv4) à une suite de 128 bits (IPv6).

Dans le cadre de ce projet, un appel d’offre a été lancé pour l’élaboration d’une stratégie nationale de migration vers l’IPV6. Cet appel d’offre a été remporté par Next Step. Selon nos sources, ce projet stagne toujours et n’a enregistré aucun développement.

Afin de se renseigner sur la réserve tunisienne d’IPv4 et en savoir davantage sur l’avancement des travaux de migration vers l’IPv6, la rédaction de THD.tn a tenté de joindre l’INT, mais en vain.

Nadya Jennene 

 

 

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