Une information d’une extrême dangerosité vient d’être publiée dans les médias égyptiens. Les militaires ont arrêté trois personnes qui s’apprêtaient à couper un troisième câble sous-marin de secours le matin du mercredi 27 mars…
Une information d’une extrême dangerosité vient d’être publiée dans les médias égyptiens. Les militaires ont arrêté trois personnes qui s’apprêtaient à couper un troisième câble sous-marin de secours le matin du mercredi 27 mars. Cette arrestation intervient après la découverte, quelques heures plus tôt, d’une section dans le câble international SeaMeWe4 (SMW4) rompant ainsi toutes les communications sur cette liaison. Deux autres câbles de secours avaient également été coupés vendredi dernier.
Bien qu’il lui reste encore 5 câbles intacts, l’Egypte a énormément souffert de la section du SMW4 puisqu’il est considéré comme la principale liaison de télécommunication du pays. L’opérateur historique égyptien a en effet annoncé que les autres câbles de secours sont presque arrivés à saturation et que des ralentissements dans la navigation pourraient être constatés dans les prochains jours. D’autant plus que les travaux de restauration prendront 15 jours au minimum.
Mais le pays des Pharaons n’est pas le seul à souffrir de cet incident puisque la Jordanie annonce, pour sa part, jusqu’à 60% de ralentissement de son Internet à cause de la coupure du SMW4. Ce câble, en effet, relie plusieurs pays de la Méditerranée, du Moyen-Orient et de l’Asie. Sa section au niveau de l’Egypte bloque ainsi la retransmission des données jusqu’à ces pays.
Du côté de la Tunisie, il y a peu de risques que nos liaisons Internet en souffrent puisque la majorité de nos télécommunications se font avec l’Europe et les Etats-Unis. Mais des perturbations pourraient être constatées dans les communications avec l’Egypte et les pays du Golfe.
La section de ces 3 câbles sous-marins est clairement un acte terroriste qui visait à plonger l’Egypte dans un black out total afin d’isoler les internautes égyptiens du reste du monde. Une pratique qui rappelle les agissements du régime de Moubarek qui, quelques jours avant sa chute, avait coupé toutes les liaisons Internet pendant plus de 24h durant les grandes manifestations qui ont secoué plusieurs villes du pays. Une pratique qui renvoie également à ce qu’a fait l’Iran pendant la contestation populaire en 2009.
Rappelons que la société civile égyptienne est très active sur Internet et que plusieurs nouveaux médias libres et indépendants ont vu le jour grâce aux réseaux sociaux et Youtube.
Après la chute de leurs régimes despotiques, la Tunisie et l’Egypte présentent beaucoup de points en commun. On citera, à la volée, la tension qui monte chaque jour d’un cran entre les dirigeants islamistes et le reste du peuple provoquant ponctuellement des affrontements sanglants.
Bien que, globalement, la situation en Tunisie semble moins tendue qu’en Egypte, mais le risque d’un deuxième soulèvement populaire contre la classe politique dirigeante est toujours d’actualité. Marqué par un contexte économique très difficile et un laxisme frôlant la complicité du parti Ennahdha au pouvoir envers les extrémistes religieux, la situation risque bien de dégénérer.
De ce fait, ce qui s’est passé en Egypte au sujet des câbles sous-marins pourrait arriver également à la Tunisie. D’où la question : avec 3 câbles seulement (SMW4, Keltra et Hannibal), la Tunisie a-t-elle pris les mesures nécessaires pour sécuriser ses télécommunications internationales afin d’éviter un scénario à l’égyptienne ?
Welid Naffati