Dernièrement, des médias tunisiens ont évoqué la possibilité que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) émette sa propre crypto monnaie, voire même une obligation souveraine en Bitcoin. Or, toute utilisation d’une crypto-monnaie, nécessite de facto, l’adoption de la Blockchain.
Souvenez-vous, en mai 2018, Talan organisait en collaboration avec la BCT et Paris Europlace, en marge de l’African Blockchain Summit, un Hackathon de 36 heures non-stop autour du paiement transfrontalier basé sur la technologie Blockchain.
Les équipes participantes ont proposé des solutions diverses et variées. La plus significative est celle axée autour de la création d’une crypto-monnaie spécifique et unique à chaque pays africain. L’échange se faisant ensuite sur une market place implémentée dans la Blockchain.
Les crypto monnaies : Une solution fiable pour les banques centrales africaines
Ce Hackathon a donné des idées à la BCT pour mieux gérer ses flux monétaires nationaux et internationaux. C’était une occasion pour nous de réinviter, pour ce nouvel épisode de Digiclub, nos deux spécialistes de la Blockchain et des cryptocurrencies : Imen Ayari, Head of innovation Factory chez Talan, ainsi que Sami Bel Hadj, Senior Manager chez le groupe financier franco-allemand ODDO BHF.
«Cette solution permet aux pays africains, dont la monnaie n’est pas convertible, d’éviter les opérations de change en devises internationales pour effectuer les transactions souhaitées et tous les frais qui en découlent, surtout en termes de taux de change», a déclaré Imen Ayari.
«Prenons l’exemple de deux pays ayant des échanges commerciaux réguliers comme l’Algérie et la Tunisie. Ils peuvent fixer un taux de change pour leurs monnaies respectives émises sous forme de crypto-monnaies. Imaginons, dans ce cas, que la Tunisie doit payer à l’Algérie l’équivalent de 200 millions de dinars et que l’Algérie doit, elle, verser à la Tunisie 100 millions de dinars. Grâce à cette méthode, la Tunisie n’aura qu’à payer la différence, c’est à dire 100 millions de dinars en taux fixes de la dite crypto-monnaie».
Ceci permet donc à chaque pays de garder sa souveraineté sur sa monnaie et de faciliter les échanges entre les différents acteurs, notamment en cas de conflits d’intérêts.
Pour expliquer davantage l’utilité de cette technologie, nos deux spécialistes ont déroulé plusieurs cas d’utilisation. L’un des exemples les plus parlants est lié à l’octroi des crédits à la consommation.
La Blockhain, votre prochaine voiture et votre banque
Dans une configuration Blockchain, une banque serait en mesure de faire une estimation exacte du crédit qu’elle pourrait accorder à un client qui souhaiterait acheter une voiture d’occasion. Cette estimation sera dans ce cas là calculée en fonction des données répertoriées dans la Blockchain, à savoir l’âge de la voiture, kilométrage, pannes réparées… et qui, une fois intégrées, ne peuvent être changées.
Mieux encore : imaginons qu’un client X souhaite quitter sa banque A pour ouvrir un nouveau compte bancaire chez la banque B. Imaginons que ce même client X a un historique de mauvais payeur ou mauvais gestionnaire de son compte chez la banque A qu’il souhaite quitter. Grâce à la Blockchain, les banques concurrentes vont pouvoir consulter mutuellement l’historique des clients. De ce fait, la banque B pourra connaître en avance les «casseroles» que traine ce client X et saura le gérer afin de minimiser les risques.
Encore faut-il réussir à convaincre les partenaires à se réunir autour d’une même table pour non seulement échanger leurs données mais aussi s’accorder sur un même standard de communication.
La transformation digitale et la Blockchain
Avant d’élaborer et mettre en œuvre une stratégie de transformation digitale, il faut avant tout «faire une réflexion sur les problèmes auxquels on fait face et les objectifs qu’on souhaite atteindre», a declaré Sami Bel Hadj. Si l’entreprise désire aller plus loin dans la réflexion et «repenser en entier son business, c’est la que l’on peut s’orienter vers la Blockchain». De ce fait, une transformation digitale d’une entreprise pourrait bien inclure la Blockchain comme outil infaillible à l’amélioration de son business et son management.
A titre d’exemple, on peut parler du système de traçabilité des poulets vendus par une enseigne française afin d’éviter un scandale alimentaire.
Pour plus de détails veuillez écouter l’épisode 101 de Digiclub disponible sur SoundCloud et sur iTunes.
NJ & WN