Après la déclaration à la presse du Directeur Général Adjoint de Tunisie Telecom, Fadhel Kraiem, sur la décision unilatérale prise par les revendeurs des recharges téléphoniques sur l’augmentation de leurs tarifs, voilà qu’Orange sort de son silence à son tour pour dénoncer cette hausse injustifiée des prix.
Après la déclaration à la presse du Directeur Général Adjoint de Tunisie Telecom, Fadhel Kraiem, sur la décision unilatérale prise par les revendeurs des recharges téléphoniques sur l’augmentation de leurs tarifs, voilà qu’Orange sort de son silence à son tour pour dénoncer cette hausse injustifiée des prix.
Dans ce communiqué diffusé aux médias, Orange affirme, en effet, que «les trois opérateurs téléphoniques Tunisie Télécom, Ooredoo Tunisie et Orange Tunisie, informent leurs clients qu’aucun changement tarifaire n’a été opéré sur les recharges électroniques ou à carte. Ce rappel vient suite à la décision prise par plusieurs points de vente privés pour l’augmentation injustifiée des tarifs de recharge du solde téléphonique mobile.
Pour éviter tout éventuels abus ou confusion, Tunisie Télécom, Ooredoo et Orange mettent une grille tarifaire de référence à la disposition de leurs clients».
On s’attend à ce que ooredoo emboîte le pas dans les prochains jours et envoi à son tour un communiqué officiel sur cette augmentation qui n’a aucune base juridique. Entre temps, il y a une pénurie de cartes de recharges et des recharges dits lights (électroniques) chez les commerces dans les quartiers.
Mais que c’est-il passé au juste pour arriver à une telle situation ? La réponse : La loi des finances 2015. Mais avant ça, il faut comprendre le système de vente de ces recharges. L’opérateur téléphonique vend ses recharges à des sociétés de distribution agrées. Ces distributeurs vendent directement les recharges aux commerces. Mais vu leur représentativité régionale trop faible, un chaînon s’est incrusté entre ces distributeurs et les commerçants : Ce sont les intermédiaires, ou appelés plus couramment dans le domaine par «les grossites». Dans certaines zones/régions, ces derniers vendent les recharges à d’autres intermédiaires (une sorte de sous-grossistes) qui vont satisfaire la demande des commerçants dans les zones assez éloignées ou les quartiers très denses.
Jusqu’au 31 décembre 2014, ces grossistes (et bien entendu les sous-grossistes) pouvaient acheter les recharges sans l’obligation d’avoir une matricule fiscale. De ce fait, beaucoup d’entre eux effectuaient leur paiement en espèce et en très grandes sommes : Entre 300 et 500 mille dinars par jours. Certes, les marges de gain sur chaque recharge sont trop faibles (moins de 1%). Mais en volume (surtout si le grossiste revend les recharges des 3 opérateurs), les gains se chiffrent en milliers de dinars.
Devant cette situation où des millions de dinars circulent chaque jour hors du contrôle de l’Etat chez des intermédiaires devenus de vrais «barons» des recharges téléphoniques, la loi des finances 2015 a donc exigé à ces distributeurs agrées d’appliquer une retenue à la source à tous ses clients de 1.5%. De ce fait, il n’est plus possible d’acheter en espèce ses recharges à coup de plusieurs milliers de dinars en une seule fois. Le dépôt de cet argent dans le compte bancaire du distributeur est devenu donc une exigence. Résultat : ces «grossistes» doivent désormais justifier ces sommes en cas de contrôle fiscal. Ils doivent, donc, avoir leur propre matricule fiscal.
Or, tous ceci (la retenue à la source, le risque d’avoir un contrôle fiscal en versant une importante somme d’argent dans le compte bancaire du distributeur, etc.) va grignoter un très grand pourcentage des marges qu’ils gagnaient sur la revente de ces recharges téléphoniques. C’est ce qui explique la pénurie de ces dernières dans les commerces dans différents quartiers.
Entre temps, les recharges chez les boutiques de l’opérateur (franchises et boutiques propres) sont toujours disponibles, et sans sur-taxation. En plus de combattre le marché noir dans le domaine des recharges téléphoniques, il est clair que cette nouvelle loi des finances 2015 est en train de pousser les citoyens, petit à petit, à adopter une nouvelle façon de consommer le téléphone : les forfaits ou les régimes post-payées au lieu du prépayé. Ceci va pousser, donc, les clients à avoir une seule ou deux lignes téléphoniques, au lieu de plusieurs numéros (Multi-SIM). A moins que les opérateurs décident de leur côté de réduire leur gain pour compenser les pertes de toute la chaine de distribution jusqu’au client final…
Notons au final que le gouvernement travaille actuellement sur l’implantation de l’identifiant unique et l’utilisation du téléphone dans plusieurs de ses services (e-administration, e-santé, e-poste, etc.). Rappelons également que plusieurs des terroristes à la frontière Tuniso-algérienne utilisent parfois les cartes SIM prépayées tunisiennes pour communiquer en 3G.
Welid Naffati
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