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Prix Chatham House: Des Internautes tunisiens lancent une pétition en ligne contre Rached Ghannouchi

Prix Chatham House 2012 : Des Internautes tunisiens lancent une pétition en ligne contre Rached GhannouchiLe président Moncef Marzouki a annoncé dans son entretien à l’hebdomadaire ‘‘Le Point’’, en mai dernier, que lui et le chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, sont tous les deux lauréats du prix 2012 du think tank britannique Chatham House.

Connu officiellement sous le nom de l’Institut Royal des Affaires Internationales, cette prestigieuse organisation londonienne décerne, chaque année, une récompense au nom de la reine d’Angleterre à une personnalité qui a œuvré à l’amélioration des relations internationales. Plusieurs voix se sont alors élevées pour protester contre ce qu’ils considèrent être une infamie. Une pétition en ligne vient même d’être lancée par un collectif de la société civile tunisienne.

Mais pourquoi cette pétition est-elle apparue aussi tardivement ? Amel Djaiet Belkaid, membre de ce collectif et initiatrice de cette pétition, explique que depuis l’annonce de ce prix, Ghannouchi n’a pas joué un rôle positif dans la reconstruction du pays, et dans la promotion de l’idée de compatibilité entre l’islam et la démocratie, comme l’avait indiqué le rapport de Chatham House. Pire encore : il n’a fait «qu’appliquer un agenda personnel et politique, n’ayant rien à voir avec la démocratisation d’un pays post révolutionnaire».

Rached Ghannouchi ou le Ayatollah version tunisienne

«Il ne s’agit pas d’instruire un procès à l’encontre de Rached Ghannouchi, président du parti Ennahdha. Mais au fil des jours et des semaines – et sans occuper un titre gouvernemental –, il s’est autoproclamé autorité politique suprême du pays et son porte-voix. Selon les textes et les institutions du pays, rien ne légitime cette attitude», explique-t-elle.

«De jour en jour, tous les rouages de l’Etat se grippent en raison d’un véritable problème de gouvernance et le pays s’enfonce dans la crise. Insécurité, difficultés financières et économiques sapent le moral des Tunisiens.

Le peuple tunisien a joué la carte de la démocratie en acceptant tout naturellement le verdict des urnes, en donnant ses chances au parti islamiste – il domine la coalition gouvernementale – pour exercer le pouvoir, pendant une période de transition. Le temps que l’Assemblée Nationale Constituante rédige la nouvelle Constitution et organise les élections législatives et présidentielles. Mais, contrairement aux attentes, on assiste depuis quelques mois à une multiplication des signes et des gestes qu’Enahdha est en train d’investir tous les lieux de pouvoir en vue de changer le modèle de la société tunisienne».

D’après Mme Djaiet Belkaid, les vidéos leakées de Rached Ghannouchi pendant ses réunions ou conversations téléphoniques avec les Salafistes, «montrent qu’il est non seulement le maître d’œuvre de ce nouveau paradigme, mais que ses intentions de réaliser un véritable ‘hold-up’ ne relèvent d’aucune fiction». Avant de souligner que «même si l’on cherche encore des excuses à ce comportement, la réalité tunisienne parle d’elle-même».

Diviser le pays par la haine

«L’islam est devenu un facteur de division alors que la société est à 98% musulmane. Cet antagonisme, jamais vécu auparavant, conduit les Tunisiens à s’opposer les uns aux autres. Des groupes ultra-minoritaires de salafistes terrorisent au quotidien les citoyens du pays dans une impunité totale. Tout désigne Rached Ghannouchi comme étant l’instigateur de ce processus qui risque de mener vers des violences incalculables».

«Donner ce prix équivaudrait à adouber un homme qui n’a fait que diviser les Tunisiens afin de satisfaire un agenda personnel et idéologique qui n’a rien à voir avec la construction d’une démocratie pérenne dans un pays qui pourrait être un modèle pour la région et au-delà», conclut Mme Djaiet Belkaid.

A la date du 31 octobre 2012, plus de 1130 personnes ont signé cette pétition en ligne. Témoins d’un râle qui grandit de jour en jour chez une partie des Tunisiens. Des Tunisiens observent avec dégout leur Tunisie se transformer en un terrain de violences partisanes et religieuses avec un pouvoir d’achat qui dégringole à vue d’œil et une communication gouvernementale calamiteuse qui ne fait qu’attiser les tensions.

Seif Eddine Akkari

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