Que pense le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Mongi Marzoug, du secteur des TIC en Tunisie après plus de 2 ans de sa prise de fonction ? Surtout que Ali Laarayedh, président du gouvernement, serait sur le point de présenter sa démission selon la feuille de route du quartet. Mais avec la réponse à cette question que la rédaction de THD a posée à M. Marzoug dans une interview réalisée en fin de semaine dernière, on s’est vite aperçu que l’état du secteur était archaïque par rapport au rythme des évolutions technologiques.
Que pense le ministre des Technologies de l’information et de la communication, Mongi Marzoug, du secteur des TIC en Tunisie après plus de 2 ans de sa prise de fonction ? Surtout que Ali Laarayedh, président du gouvernement, serait sur le point de présenter sa démission selon la feuille de route du quartet. Mais avec la réponse à cette question que la rédaction de THD a posée à M. Marzoug dans une interview réalisée en fin de semaine dernière, on s’est vite aperçu que l’état du secteur était archaïque par rapport au rythme des évolutions technologiques. C’est une vraie course contre la montre qu’a entreprise le ministère des TIC pour corriger ce qu’il y a à rectifier en urgence pour que la Tunisie ne rate pas le grand virage de l’économie numérique.
Dans la première partie de l’interview, M. Marzoug a abordé la problématique de l’organigramme dans le but de réduire la bureaucratie administrative dans son ministère et les organismes qui lui sont rattachés. Un problème qui est pratiquement réglé. Il a également parlé de la 4G et de la TNT. Dans cette deuxième partie de l’interview, il énumère le reste des dossiers que son successeur doit absolument terminer.
THD : Dans le cas où la HAICA, la présidence du gouvernement et le ministère des TIC arrivent à booster le contenu télé sur la TNT, et en termes de ressources spectrales, avons-nous la garantie sur le plus long terme qu’il n’y aura pas de saturation sur la TNT ?
Mongi Marzoug : Pour l’instant et avec la technologie DVB-T, nous avons 4 multiplex disponibles sur les 8 affectés initialement à la Tunisie en 2006 (par l’UIT, ndlr). Chaque multiplex peut accueillir jusqu’à 12 chaines de télé en qualité SD (standard-definition, ndlr), ou 9 chaines TV en SD et une en qualité HD (high-definition, ndlr). Mais on peut exploiter la technologie DVB-T2 qui augmentera cette capacité d’environ 30%. On pourra, de ce fait, avoir beaucoup plus de chaines sur ces 4 multiplex. Il est à noter qu’aujourd’hui seulement la chaine “nationale 1” et la chaine “nationale 2” sont diffusées sur le réseau TNT.
Pourquoi en utiliser 4 seulement puisque nous en avons 8 au total ?
Car nous avons fait le choix de récupérer la bande 800 Mhz, utilisée actuellement par la télé analogique, pour la 4G. Car c’est grâce à cette bande qu’on pourra faire parvenir le très haut débit mobile aux zones rurales. Ceci s’inscrit dans la stratégie nationale du Très Haut Débit que notre ministère, l’ANF et l’INT, sont en train de préparer depuis plusieurs mois en collaboration avec les différents intervenants du secteur. Il faut noter qu’en plus du sans fil (4G, 3G, Wimax, Wifi, etc., ndlr), cette stratégie du Très Haut Débit se basera aussi sur la fibre optique. Ceci représente à lui seul un autre dossier que le prochain ministre des TIC devra saisir dès sa prise de fonction pour le terminer. Cette stratégie est cruciale pour le développement économique du pays.
C’est à dire le projet Smart Tunisia ?
Smart Tunisia n’est qu’un des volets de ce développement. Il y a plusieurs secteurs qui peuvent améliorer leur productivité et leurs revenus grâce aux TIC, et notamment grâce la connectivité Internet, services en ligne et approches du “cloud”. Et les bienfaits de cette stratégie se ressentiront même au niveau des services de l’Etat et la réduction des dépenses publiques. Que ce soit dans les hôpitaux, ou l’administration voire même l’éducation. D’ailleurs, nous avons entamé le projet d’interconnexion des administrations publiques à la fibre optique avec des services comme les réunions à distance -visio-conférence ou autres solutions équivalentes-pour un meilleur passage de l’information entre les directions centrales ou le ministère et ses représentations régionales.
Mongi Marzoug, ministre des TIC du gouvernement Laarayedh
Ce projet est toujours en cours de préparation. Mais on peut dire que le plus dur a été fait. Nous avons, en effet, recensé 1200 établissements administratifs sur tout le territoire et avons effectué des visites dans tous ces édifices pour étudier la faisabilité du projet. Ce qui reste maintenant, c’est définir les modalités de raccordement, surtout que nous comptons faire jouer la concurrence entre les trois opérateurs télécom dans ce projet. C’est encore là un autre dossier que le prochain ministre des TIC devra finaliser et déployer.
Mais ceci ne va-t-il pas approfondir la fracture numérique entre les zones densément et celles peu peuplées, qui sont généralement très pauvres ? Et par conséquent, ce projet ne risque-t-il pas de créer des tensions sociales supplémentaires ?
C’est la raison pour laquelle nous avons modifié le décret qui régit la caisse de développement des TIC. Le budget de ce fond est aux alentours de 170 millions de dinars annuellement. Il va financer en partie la création d’une infrastructure Internet solide pour ces zones-là. Nous avons de ce fait inscrit l’accès au Net comme une composante du service universel que l’Etat doit fournir à ses citoyens.
Il y a également la composante offre sociale qui permettrait d’offrir un accès internet pour certaines catégories de citoyens où l’abonnement est en partie subventionné par ce fond. Par exemple, il est possible d’étendre ce type d’Internet social aux chercheurs d’emploi.
Mais pour développer une activité commerciale dans une région, il n’y a pas seulement besoin d’Internet.
C’est vrai. Il faut une stratégie globale pour développer une région comme l’infrastructure routière, les administrations publiques, les installations industrielles, etc. Pour notre ministère, nous y avons déjà pensé. Le fond de développement des TIC pourra, en effet, financer la création d’un bureau de poste dans une zone rurale. Même s’il n’aura potentiellement qu’un ou deux clients par jour, ce service doit exister pour encourager le développement dans ces zones défavorisées. Mieux encore, la Poste est elle-même appelée à renforcer son positionnement en proposant de meilleurs services en ligne et des services financiers de qualité.
Au lieu d’avoir le rôle de catalyseur du secteur IT en Tunisie, on se rend vite compte que le ministère des TIC joue aussi le rôle de coordinateur entre les différents services de l’Etat en matière de TIC (réseau, équipements, etc.). On dirait que, lui et ses organismes de tutelle, font le travail d’une direction de système d’information (DSI) pour le compte de l’Etat.
Justement, parce que nous n’avons pas l’équivalent d’une DSI pour l’Etat tunisien. C’est en partant de ce constat que nous avons créé le Conseil Supérieur du Numérique (CSN, ndlr) qui sera sous la présidence du Chef du gouvernement. Composé des principaux acteurs du secteur public, du secteur privé et d’experts internationaux, ce conseil aura la tâche de tracer les grandes lignes de la stratégie nationale en matière des TIC et ce, dans tous les domaines. Il assurera également le pilotage stratégique des grands projets nationaux tels que les projets en cours, Smart Tunisia, le RNIA2 (le réseau national inter administration, ndlr) et mènera les grandes réformes du secteur, ou même, il pourra proposer un nouveau code des télécoms.
Fin de la deuxième partie. A suivre
Propos recueillis par Welid Naffati
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