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Retour de Ammar 404 en Tunisie : l’ATI dissipe les malentendus

L’agence tunisienne d’Internet a organisé le mercredi 11 mai une séance de questions-réponses avec 3 médias en ligne, Tunisiehautdebit.com/Tunitech.net, webdo.tn et Malissonline.com. L’ordre du jour : la nouvelle vague de censure qui touche le Net tunisien depuis la fin de la semaine dernière.

«C’est un filtrage et non une censure», a tenu à préciser M. Moez Chakchouk, président directeur général de l’ATI. «La censure, c’est le fait de tout bloquer et d’empêcher le passage de l’information. Mais comme vous le savez, il y a mille et un moyens d’y accéder, notamment par proxy ou en tapant une autre syntaxe de l’URL. Ce que le juge d’instruction du tribunal militaire a demandé, c’est donc du filtrage pour ne pas laisser passer seulement certaines adresses».

M. Chakchouk nous a ensuite désigné une pile de papiers devant lui «Vous voyez ça ? Ce sont des réquisitions que nous avons reçues dernièrement. Beaucoup d’entre elles concernent des relevés d’identité sur le Net en rapport à des sujets de diffamation». Devons-nous comprendre que la majorité des demandes reçues réclame le filtrage de pages Web pour cause de la diffamation ? L’avons-nous interrogé. Mais M. Chakchouk s’est empressé de répondre que, jusqu’à maintenant, «l’ATI n’a reçu que 4 demandes dans ce sens. Les autres réquisitions concernent d’autres sujets qui pour certains sont du ressort de l’agence, d’autres pas».

«Quand j’ai reçu la première demande de filtrage, j’ai eu peur que ça enflamme l’opinion publique. Surtout dans un contexte ou tout s’est soudainement embrasé dans le pays après les vidéos de Farhat Errajhi sur facebook. Je me suis entretenu avec le ministère de la Défense et on a réussi à me convaincre. (…) De toutes les façons, le refus d’exécution d’une réquisition nous exposait à des poursuites pénales. On n’avait pas le choix».

Le PDG de l’ATI a par la suite évoqué les difficultés d’application de ces demandes de filtrage : «Les équipements de contrôle du Net que l’ATI hébergeaient ont été mis hors tension et physiquement isolés après le 14 janvier. Il fallait les remettre en marche puis comprendre comment ils fonctionnaient». Vous n’avez pas peur que les agents de Abdelwahab Abdallah s’y connectent pour se faufiler sur le réseau Internet national ? «Le module d’accès à distance a été supprimé», nous répond le directeur technique de l’ATI qui était présent, aux côtés de M. Chakchouk, avant que ce dernier reprenne ses explications. «Comme je l’ai dit et je le répète encore une fois, on avait le matos de filtrage du Net, mais on n’avait nullement l’accès dessus. On ne savait même pas comment le paramétrer. Nos ingénieurs ont passé un temps fou pour arriver à appliquer le filtrage».

A la fin de la rencontre, nous avons posé à M. Moez Chakchouk des questions sur son point de vue concernant les réformes urgentes du secteur télécom en Tunisie, et notamment l’ATI. Il ne manquera pas de nous surprendre en nous déclarant que l’entrée de Tunisiana, d’Orange et des FAIs dans le capital de l’ATI (déjà détenue à hauteur de 37% par Tunisie Telecom) serait préférable. Nous y reviendrons.

Welid Naffati

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