Depuis deux jours, une soixantaine de députés de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) ont entamé un sit in ouvert devant l’ANC au Bardo. Des sympathisants de gauche et des citoyens sont venus prêter main forte aux revendications de ces députés de l’opposition : la dissolution de l’ANC et de toutes les institutions qui en ont découlé, gouvernement compris. Cette hausse du ton intervient après l’assassinat de leur collègue et leader de gauche Mohamed Brahi, le 25 juillet dernier, devant chez lui par 14 coups de feu.
Depuis deux jours, une soixantaine de députés de l’Assemblée Nationale Constituante (ANC) ont entamé un sit in ouvert devant l’ANC au Bardo. Des sympathisants de gauche et des citoyens sont venus prêter main forte aux revendications de ces députés de l’opposition : la dissolution de l’ANC et de toutes les institutions qui en ont découlé, gouvernement compris. Cette hausse du ton intervient après l’assassinat de leur collègue et leader de gauche Mohamed Brahi, le 25 juillet dernier, devant chez lui par 14 coups de feu.
La première journée, une petite foule de citoyens sous le choc s’était rassemblée devant l’ANC pleurant le martyr, pendant qu’environ 2500 personnes sont allées manifester, sous un soleil de plomb, devant le ministère de l’Intérieur au centre ville de Tunis. Le soir, après la rupture du jeûne, presque le double de ce nombre s’est mobilisé sur l’artère principale de la capitale poussant les policiers à user de gaz lacrymogènes pour disperser la foule.
Le Front populaire a alors appelé à ce que tout le monde rejoigne le sit in ouvert devant l’ANC. Un appel qui a été très suivi après l’inhumation du défunt. Mais dès le début de la marche, depuis le cimetière Al Djallaz (Bab Alioua) jusqu’au Bardo, les policiers ont chargé sur les quelques personnes déjà présentes sur les lieux dans le but de les disperser et de dissuader les quelque 10 mille personnes venant à pied.
Les manifestants partant du cimetière Al Djellaz vers le Bardo
Et pourtant, les confrontations et l’usage massif du gaz lacrymo par les forces de l’ordre n’ont pas réussi à dissuader des centaines d’entre eux qui ont fini par installer leur tente sur le carrefour en face de l’ANC. Quelques députés les ont rejoints pour y passer la nuit. C’est alors qu’après la rupture du jeûne, quelque 4000 mille personnes sont venues crier leur rage contre le gouvernement et le parti islamiste en particulier.
Les photos et vidéos des pages facebook et les tweetos (utilisateurs de twitter) anti gouvernement ont crée un état de panique manifeste chez le parti Ennahdha qui a appelé, dans l’urgence et via les pages non officielles du parti, à la mobilisation générale de ses sympathisants pour contrecarrer cette manif et venir prêter main forte aux 30 aines de personnes déjà sur place venues crier leur soutien inconditionnel au parti au pouvoir.
La police charge sur les sitineurs demandant la dissolution de l’ANC
Cet appel n’a pas été suivi puisque quelques centaines seulement ont répondu à l’appel poussant, plus tard dans la nuit, Sahbi Atig, président du bloc Ennahdha à l’ANC, à venir galvaniser sa foule. Il a prononcé un discours rempli de haine stigmatisant l’opposition et toute personne appelant à dissoudre l’ANC. Quelques minutes plus tard, la police charge sur les sittineurs, agressant tout le monde, même les députés.
Après la plainte de ces derniers auprès du ministre de l’Intérieur et l’obtention des autorisations pour continuer leur sit in, les pages nahdhaouies et leurs comptes twitter ont alors commencé une campagne sans relâche appelant tantôt au calme et à l’union nationale et tantôt à attaquer implicitement les opposants.
A gauche les tweets de propagande des Pro Ennahdha en français, à droite les tweets haineux du fils du président du gouvernement Ali Laarayedh
Sur Twitter, des comptes de personnes «normales» font la propagande pro Ennahdha en douce et en français. Comment ? En réduisant la crise politique aux caprices de l’opposition qui a peur des résultats des urnes et qui souhaite récupérer le pouvoir par un coup d’Etat. But de la manœuvre : fausser l’opinion publique étrangère sur les vraies raisons de ce soulèvement populaire (puisque le sit in a été soutenu dans les régions par plusieurs manifestations allant jusqu’à l’occupation de quelques mairies, notamment à Sidi Bouzid et Kerkennah, et la déclaration de ces gouvernorats indépendants du pouvoir central).
Mais puisque le français n’est pas assez fort pour avoir de l’écho dans le monde, les pro nahdha sur twitter ont également usé de l’anglais pour s’attaquer aux opposants sittineurs et les dénigrer. Et tout ceci dans un mélange étonnant de mauvaise foi et des accusations bas de gamme (collabos de l’ancien régime, mécréants, anti-révolution, etc.).
Les tweets de propagande des pro Ennahdha en anglais
Jusque-là, les tweetos pro sitin communiquaient en français ou en dialecte local pour manifester leur colère contre la main mise du parti islamiste et sa volonté manifeste de rétablir la dictature sous un couvert religieux. Mais en voyant cette tentative de manipulation de l’opinion publique internationale, un comité de tweetos tunisiens s’est formé pour communiquer essentiellement en anglais sur ce qui se passe en Tunisie et contre-carrer, ainsi, la propagande islamiste.
Malgré tout les efforts des islamistes. Des milliers de Tunisiens se sont mobilisés en cette fin d’après-midi du dimanche 28 juillet créant une panique générale chez les nahdhaouis sur twitter et facebook. Les statuts, tweets, photos et vidéos se sont alternés les uns après les autres à raison d’une publication chaque minute ou chaque 30 secondes. Le mot d’ordre : attiser la haine contre les sittineurs et tenter de les terroriser en diffusant des alertes d’attaques terroristes imminentes… même via SMS. A suivre.
Welid Naffati
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