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Startup Story : «La Tunisie, un superbe bac à sable qui peut se transformer en lises, à moins que…»

Six ans déjà que Digital Mania se fraye un chemin sur le marché international des jeux vidéos. En dépit des obstacles, ce studio a réussi à se constituer une renommée et un portefeuille produits estimable. L’entreprise compte, actuellement, à son actif une centaine de jeux vidéos. Son CEO, Walid Sultan Midani, nous en dit davantage dans ce nouvel épisode de Startup Story by IntilaQ.

Créer des jeux vidéos n’est pas aussi simple qu’on le pense. Au contraire, le développement d’un jeu est bien plus complexe que le développement d’une application mobile, par exemple. Selon Walid Sultan Midani, “un jeu vidéo est le logiciel le plus compliqué à réaliser”. En cause, “toute la couche d’émotions qui tourne autour du jeu”. “On juge un jeu vidéo de la même façon qu’un film”, a affirmé le CEO de Digital Mania. Créer de la satisfaction et un lien émotionnel entre l’utilisateur et le jeu est un ingrédient indispensable. Au delà de la technicité, il faut en effet permettre à l’utilisateur de plonger et vivre les situations que présente un jeu vidéo.

“Faire le jeu représente 30% du projet, depuis l’idée au design en passant par le développement l’intégration et l’animation. C’est là que démarre toute une autre phase : la mise en place sur les stores et la commercialisation”, a expliqué Walid Sultan Midani. Un autre volet qui présente aussi une certaine complexité. “Un jeu vidéo ne se présente pas. Il faut le tester, il faut jouer”.”C’est comme la médecine; des spécialistes de différents horizons se réunissent, testent et partagent le retour sur expérience pour faire évoluer le produit et le marché dans sa globalité. L’industrie des jeux vidéos est très collaborative”, a-t-il indiqué.

La mission de l’entrepreneur? Trouver des solutions.

Interrogé sur les tâches qui incombent à un entrepreneur, Walid Sultan Midani a d’abord noté qu’être entrepreneur est “un choix de vie”. “Être un startupeur, n’est facile nulle part. Cela exige beaucoup d’engagement et d’implication d’autant plus que la mission d’un entrepreneur et de gérer les problèmes et y remédier en trouvant les solutions”, a-t-il avancé.

Cela dit, dans certains écosystèmes, la situation peut être moins rude pour certains entrepreneurs. “Il y a trois types d’écosystèmes dans le monde. Le premier est celui de la Silicon Valley où l’on nage aisément avec le courant. Le deuxième est celui qu’on trouve en Estonie ou encore en France. Dans cet écosystème, on te pousse, on t’encourage. Et enfin, le dernier, celui où l’on nage contre le courant, où l’on fournit beaucoup d’énergie pour faire du sur place que dire si l’on veut avancer!”, a fait savoir Walid Sultan Midani soulignant que “la Tunisie fait partie de cette dernière catégorie”.

La Tunisie un superbe bac à sable qui peut se transformer en lises

“C’est génial de se lancer mais il faut peser le pour et le contre”, a assuré Walid Sultan Midani. “Après 2011, nous avons eu une vague extraordinaire d’entrepreneuriat. Les fonds sont disponibles mais nous avons encore des obstacles. Se lancer en Tunisie n’est pas de même que se lancer en France ou à San Francisco”, a-t-il noté.

Le CEO de Digital Mania est revenu sur les barrières réglementaires et économiques qui persistent en Tunisie, notamment le blocage du projet de loi Startup Act à plusieurs niveaux*. “En Tunisie, nous n’avons toujours pas la possibilité d’ouvrir des comptes marchands sur Google Play par exemple”, a-t-il déploré avant d’ajouter que ” de ce fait, l’activité commerciale doit se faire à l’étranger”.

Il a conclu en disant que “la Tunisie est un superbe bac à sable mais qui peut rapidement devenir un terrain de sables mouvants en absence de la fameuse Startup Act”.

*Le projet de loi de la Startup Act a été approuvé par le Conseil ministériel le 13 décembre 2017 et sera bientôt débattu au sein de l’ARP.

Pour écouter l’interview, veuillez cliquer ici.

Nadya Jennene

 

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