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Télémédecine – Les startups face à la nonchalance du gouvernement

L’Ordre des médecins a publié, la semaine dernière, un communiqué, interdisant à ses adhérents toute pratique de télémédecine et les a appelés à suspendre toute convention avec les sites spécialisés notamment Tobba.tn et Med.tn. Motif ? La non publication par le gouvernement des décrets d’application de la loi sur la télémédecine, pourtant adoptée par l’Assemblée des représentants du peule depuis 2018.

Cette loi devait donner aux professionnels de la santé la possibilité d’exercer leurs activités médicales et dentaires à distance et ce dans le cadre d’une stratégie de généralisation et d’optimisation des services de santé en particulier dans les régions défavorisées et ce en permettant aux habitants de bénéficier de prestations de pointe sans avoir à parcourir des centaines de kilomètres.

De prime abord, la décision de l’Ordre des médecins est tout à fait légitime. Les décrets d’application viendraient, en effet, réguler le secteur de façon structurée en expliquant dans le moindre détails les modalités d’application du texte de loi. Ce blocage apposé par l’Ordre des médecins demeure, toutefois, incompréhensible si l’on prend en considération le fait que consulter un médecin par téléphone est aussi considéré comme une forme de la télémédecine.  Sans oublier son impact sur les startups spécialisées dans ce domaine surtout qu’elles ne sont pas nombreuses et que leur activité est tout à fait légale et reconnue par les autorités tunisiennes.

La télémédecine est, rappelons-le, définie comme « une pratique médicale à distance mobilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC) pour mettre en rapport entre eux, soit le patient et un ou plusieurs professionnels de la santé (parmi lesquels au moins un professionnel médical), soit plusieurs professionnels médicaux entre eux [1]. Il s’agit d’un acte médical à part entière quant à son indication et sa qualité ».

Contacté dans ce cadre, le fondateur de Tobba.tn, Imed Abed, a déploré la décision de l’Ordre des médecins soulignant que le grand perdant est encore une fois la Tunisie et les populations démunies et dépourvues d’accès à des soins de santé convenables.

« La non-publication des décrets d’application ne peut être considérée comme un prétexte. La toute première loi de médecine a exigé des textes d’application. Ceux-ci n’ont, cependant, été publié que quinze plus tard. Or, durant ces quinze ans, l’activité n’a été exercée que suivant les dispositions du texte de loi », a-t-il expliqué dans une déclaration à THD.tn soulignant sa surprise face à la décision de l’Ordre des médecins.

Imed Abed a, dans ce sens, dénoncé le retard accusé dans la publication des décrets d’application de la loi de télémédecine par les gouvernements qui se sont succédé depuis. Il a précisé qu’après plusieurs versions élaborées en concertation entre le ministère de la Santé, celui des Tic et le ministère des Affaires sociales, une a fini par faire consensus il y a de cela quelques mois, et pourtant, elle n’a toujours pas vu le jour.

En décembre 2020 alors que l’épidémie du Coronavirus battait son plein, l’ancien ministre de la Santé, Faouzi Mehdi, a, pour rappel, annoncé que tout était fin prêt et que les arrêtés avaient été transmis à la Kasbah. Accélérer la mise en œuvre de la télémédecine avait alors pour objectif de garantir la continuité du service dans un pays ravagé par une crise multidimensionnelle.

Interpellé sur l’impact de la décision de l’Ordre des médecins, Imed Abed a signalé que plusieurs médecins avaient demandé de suspendre leur convention ou la résilier, regrettant que des pays comme le Marco soit en avance dans ce domaine alors que la Tunisie a été pionnière et que le marché est demandeur. Une étude conduite sur le sujet a démontré que plus d’un tiers des médecins pratiquants en Tunisie étaient intéressés par la télémédecine.

Pour le cas de Med.tn, nous noterons que l’Ordre des médecins s’est, sans doute, trompé en citant la startup. Celle-ci ne propose, en effet, que de la prise de rendez-vous via sa plateforme. Le service télémédecine existe, déjà, chez Med.tn mais n’a pas encore été lancé en raison des retards accusés dans la publication des textes d’application relatif à la loi de télémédecine.

Nadya Jennene

 

 

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