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TIC et modèle de développement en Tunise : Des plans d’action urgents pour sauver l’économie

TIC et modèle de développement en Tunise : Des plans d’actions urgents pour sauver l’économie

La Tunisie se trouve aujourd’hui à un moment charnière. Plusieurs responsables politiques nationaux et étrangers, respectivement le ministre de l’Economie Hakim Ben Hamouda, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Chedli Ayari, Ilcheong Yi Coordinateur de recherche au sein de la United Nations Research Institute for Social Develpment, Ahmed Réda Chami, ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies au Maroc, etc. ont été invités à l’atelier stratégique national organisé le 23 juin dans un hôtel à Gammarth, dans la banlieue nord de la capitale.

TIC et modèle de développement en Tunise : Des plans d’actions urgents pour sauver l’économieLa Tunisie se trouve aujourd’hui à un moment charnière. Plusieurs responsables politiques nationaux et étrangers, respectivement le ministre de l’Economie Hakim Ben Hamouda, le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Chedli Ayari, Ilcheong Yi Coordinateur de recherche au sein de la United Nations Research Institute for Social Develpment, Ahmed Réda Chami, ancien ministre de l’Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies au Maroc, etc. ont été invités à l’atelier stratégique national organisé le 23 juin dans un hôtel à Gammarth, dans la banlieue nord de la capitale. Ils sont venus débattre et exposer leurs expériences quant à la question : «Quel nouveau modèle de développement pour la Tunisie». L’atelier se donne en effet pour ambition de réfléchir, de reconstruire voire de corriger un modèle économique en vigueur caractérisé depuis l’indépendance du pays par un hiatus grandissant entre les régions littorales et les régions limitrophes. 

Dans ce contexte, Taoufik Jelassi, ministre des TIC, de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique, s’est interrogé sur le cadre dans lequel doit s’inscrire l’innovation et la création surtout celles mobilisant les TIC. En suivant l’analyse du ministre, la singularité du modèle national réside dans une sorte d’enracinement par rapport à une routine que le pays n’arrive pas à dépasser : «C’est l’éternel recommencement», a-t-il dit. En ce sens, il préconise qu’on trouve un modèle dépassant les routines pour finir avec le modèle de la récitation et adopter le modèle de l’entrepreneuriat et de l’initiative individuelle.

Mais pour sortir du blocage et de l’immobilisme qui guetterait de nouveau l’économie tunisienne, quelles innovations proposer, quelles recherches faut-il encourager et quelles éducations offrir ? 

Chedly Ayari

Chedly Ayari

En ce qui concerne l’innovation, l’heure est à l’investissement dans le numérique et dans tout ce qui a trait à l’infrastructure. Ainsi, Karim Ahres, Président de la chambre nationale des sociétés de services et d’Ingénierie Informatique – UTICA a déclaré à THD : «On a fait quelques réunions avec la Banque Centrale concernant les jeunes qui développent des applications mobiles, on arrive maintenant au bout de ce processus et les tâches et transactions à l’international de ces jeunes seront encouragées […] dans le numérique à l’échelle nationale maintenant. On a fait une réunion le 1er juin à Korba où il y a avait l’ensemble des acteurs TIC du pays. Nous avons avancé sur la vision du projet ‘Tunisie numérique 2018’. L’objectif est ainsi de transformer le pays en un cluster de l’innovation et de devenir un leader régional. L’idée est de faire, donc, des TIC un levier de développement socioéconomique dans le e-government, e-santé, e-tourisme, e-commerce. On a besoin de financer ces projets et de trouver les moyens d’aller vite, car le temps c’est de l’argent surtout en matière de technologies modernes».  

En ce qui concerne la recherche maintenant, parmi les pistes relatives aux technologies, Jean Louis Reiffers, Economiste et Président du comité scientifique de l’Institut de la Méditerranée France, a mis l’accent sur la nécessité de proposer des bourses doctorales et post-doctorales pour les jeunes tunisiens afin qu’ils puissent aiguiller, améliorer et enrichir leurs expériences dans les filières des TIC. Il a aussi mis en relief l’impératif d’avoir un code d’investissement clair pour la région du Maghreb. Cela permettrait de mettre plus de cohérence et de confiance chez les investisseurs étrangers. 

En ce qui concerne le volet éducation et en particulier dans le domaine des TIC, les différents intervenants pointaient du doigt le chômage des jeunes diplômés dont le taux est l’un des plus élevés au monde. Ils ont aussi insisté sur l’urgence de réformer les modes d’apprentissage en privilégiant la pédagogie de l’entrepreneuriat, de la créativité et de l’innovation dès l’école maternelle. 

Il semble que les TIC favorisent également le désenclavement des régions par la mise en place du  très haut débit comme c’est le cas récemment dans la région de Borj el Kadra. Certains intervenants évoquaient dans cette perspective la question des «autoroutes de l’information». Des câbles internétiques qui rendraient l’économie tunisienne plus inclusive, sachant que selon les chiffres officiels de l’Institut national des statistiques, 15% du territoire national n’a pas encore l’infrastructure nécessaire en matière de TIC. Suivant les intervenants de cet atelier, le très haut débit engendre de surcroît les investissements privés et la création d’entreprises telles que les sociétés Offshore. Ce genre d’entreprise, selon les experts, peut constituer un vivier de recrutement pour les jeunes diplômés n’ayant pas ou peu d’expérience professionnelle. 

Tawfik Jelassi

Tawfik Jelassi

Autre problème évoqué : la question du téléphone 3G. La téléphonie de troisième génération demeure, en effet, selon les conférenciers très peu appropriée pour l’ensemble de la population. Seulement, 10% de celle-ci à un Smartphone (bien que d’après le rapport JFK de 2013, le taux de pénétration est plutôt de 15%). Le problème évoqué et qui serait la raison de cette réticence à s’équiper d’un Smartphone ? La taxe de 23%. Cette bureaucratie et cette taxation forte appliquées à cette technologie numérique rajouterait de l’ankylose à l’environnement d’entreprise et maintient le prix du téléphone hors d’atteinte de la classe moyenne. 

Donnant de l’ampleur et de la généralité à la question des TIC, Chedli Ayari, gouverneur de la Banque Centrale, met en exergue le caractère inadapté du modèle économique suivi depuis l’indépendance du pays. Ce modèle économique dit-il néglige les écarts. Ce système est fondé ainsi sur le dogme du «go and stop» qui pousse en effet à l’informalité et la clandestinité qui représente presque la moitié de l’économie locale. Ce modèle entrave le fait d’envisager une stratégie bien établie notamment en matière d’innovation. La singularité du modèle jusque là appliqué est qu’il est sous l’emprise des emprunts des instances internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale. Ayari a pointé aussi du doigt le manque énorme de productivité et de la valeur travail : deux facteurs inaliénables pour l’entretien de la richesse.

Mohamed Ali Elhaou

 

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