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Tribune : Tunisie Digitale – C’est avant tout une question de crédibilité

Tribune : Tunisie Digitale – C’est avant tout une question de crédibilité

Nous écoutons et nous lisons ces derniers temps des prises de positions multiples concernant l’avancement des programmes «Tunisie digitale». Si les auteurs de ces prises de positions sont unanimes sur au moins 3 points :

Tribune : Tunisie Digitale – C’est avant tout une question de crédibilitéNous écoutons et nous lisons ces derniers temps des prises de positions multiples concernant l’avancement des programmes «Tunisie digitale». Si les auteurs de ces prises de positions sont unanimes sur au moins 3 points :

– le secteur a un fort potentiel d’employabilité notamment pour les diplômés du supérieur

– le marché existe car notre pays en particulier le secteur public a pris beaucoup de retard en matière d’automatisation et de traitement des données depuis au moins 20 ans

– Tunisie digitale est un cadre adéquat pour insuffler l’énergie nécessaire pour le développement du secteur ;

Néanmoins, des divergences sur les causes du retard pris ont montré que le diagnostic n’est pas partagé afin de pouvoir tracer une voix commune pour sortir de l’impasse. Ainsi, les causes avancées sont :

– les procédures des marchés publics

– le lancement de la 4G (sic !)

– L’incapacité du Ministre à faire avancer la feuille de route

– l’inexistence d’un Small Business Act permettant aux start up de participer au développement des projets

– la non utilisation du fond telecom aux fins pour lesquels il a été créé.

– la non création d’une solution de cloud national

– l’absence de vision pour le lancement des projets e-santé, e-tourisme, e-justice, etc.

Au-delà des avis différents qui représentent une richesse, il est désolant que le secteur privé ne parle pas d’une même voix concernant ce dossier, ce qui a nuit à sa crédibilité lors des réunions du haut comité stratégique.

Khalil Charfi, Ex président de l'INFOTICA

Khalil Charfi, Ex président de l’INFOTICA

En effet, les orientations de Tunisie Digitale ont été le fruit de plusieurs années de concertations et de réflexion à l’intérieur du secteur privé depuis l’organisation du sommet mondial de l’information en 2005. La chance a été de trouver deux Ministres successifs (MM. JLASSI et FEHRI) qui se sont appropriés l’ensemble de ces orientations et qui les ont fait aboutir avec un plan national doté d’un organe de gouvernance au plus haut niveau. 

Voyant que les projets n’avancent pas, la profession nous donne l’impression qu’une fois les orientations générales adoptées, elle se trouve à court d’idées pour concevoir et définir la suite, en vue de la mise en ouvre opérationnelle des orientations unanimement adoptées. Ainsi, au lieu de faire des propositions, elle s’est mise à attaquer le Ministre des TICs, celui-là même qui venait de porter ses idées vers la concrétisation. 

Cela n’est pas surprenant quand on connait le manque de concertation à l’intérieur même du secteur privé, où les règles les plus élémentaires ne sont pas appliquées. En effet, le règlement intérieur de l’Utica stipule qu’une assemblée générale annuelle non élective doit avoir lieu chaque année au moins pour présenter les résultats des actions du bureau et définir les orientations pour la période qui suit. Combien de chambres du secteur privé des TICs ont tenu leurs assemblées annuelles ? L’éloignement de la base devient alors inéluctable et ce n’est pas un secret quand on dit que les réunions des bureaux de plusieurs chambres se tiennent avec un nombre de présents qui ne dépasse pas les doigts d’une seule main. 

Quelle représentativité et quelle crédibilité peuvent alors avoir des responsables qui n’ont pas confronté leurs idées à leur base, avant de les étaler dans les médias et dans les plus hautes sphères de la gestion du pays ? 

Il est donc urgent de corriger la trajectoire, et de bien définir la feuille de route opérationnelle, en identifiant les vrais accélérateurs du programme ainsi que ses principaux freins. L’argent étant le nerf de la guerre, le rôle du Ministère des finances pour débloquer les fonds prélevés sur le chiffres d’affaires du secteur (les opérateurs télécoms) sont, de part la loi de finances de 2012, sous la responsabilité du Ministre des TICs, ce qui n’est pas du goût du ministère des Finances. Cet arbitrage doit clairement être fait par le Chef du gouvernement.

Khalil Charfi

Ex président de l’INFOTICA (UTICA)

*Titre de la rédaction

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