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Tunisie : 83% de la bande passante consommée passe à l’international

«L’ATCE était un actionnaire dans le capital de l’ATI à hauteur de 13%», a déclaré M. Moez Chakchouk durant sa présentation de l’Agence Tunisienne d’Internet lors de la première journée de l’Arab Bloggers meeting à la cité des sciences de Tunis.

L’Agence Tunisienne de Communication Extérieure (ATCE) était sous Ben Ali l’agence de propagande du régime, en Tunisie et à l’étranger.  Pire encore, et comme on l’a déjà révélé sur thd.tn (lire notre article : «Ammar 404 c’était aussi les étudiants tunisiens à l’étranger, notamment à Marseille»), l’ATCE a joué un rôle important dans la cyber censure et le flicage sur Internet. Après la révolution, cette ATCE a été dissoute.

«On cherche à réserver à l’ATI le même sort que l’ATCE», surenchère-t-il, accusant à la volée ses détracteurs de vouloir faire porter le chapeau de Ammar 404 à l’ATI comme si elle était la seule et unique responsable de tout le mal du Net en Tunisie. «Tuer Ammar 404, oui. Tuer l’ATI, non !», rajoute-t-il par la suite.

M. Chakchouk a également exposé le fonctionnement du filtrage du Web sous Ben Ali et a fait une révélation incendiaire : «Le régime de Ben Ali bénéficiait d’un escompte de la part des fournisseurs des solutions Deep Packet Inspection (DPI) et des équipements de censure, car la Tunisie était le pays où ces sociétés testaient le bon fonctionnement de leurs produits avant de les commercialiser dans les pays du Moyen-Orient».

M. Chakchouk Keynote at the 3rd Arab Bloggers Meeting

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Or, ces rabais ne s’appliquent plus depuis la chute de Zaba. De ce fait, «le coût du filtrage est non-négociable et sera plus important que celui que l’Etat a déboursé du temps de Zaba car le trafic a augmenté de 35%. Et même l’efficacité de l’utilisation de Smart Filter est remise en cause. Nous avons remarqué que ce logiciel empêche l’accès à plusieurs adresses n’ayant pas de contenu pornographique. Alors qu’en théorie, seuls les sites X sont censés être filtrés», fait-il remarquer aux bloggeurs et à la presse internationale venus nombreux à l’événement.

Visiblement tourné vers l’avenir, M. Moez Chakchouk a exposé sa vision du Net tunisien où l’ATI veut jouer un rôle constructif : «L’agence a déjà installé des serveurs miroirs de téléchargement de logiciels Opensource et on y rajoutera au fur et à mesure d’autres programmes à l’instar du proxy Tor. L’ATI cherche maintenant à faciliter le lancement de services à valeur ajoutée hébergés en Tunisie, comme la Web TV et la Web Radio».

Et pour cause, 83% de la bande passante globale que consomment les internautes en Tunisie passent à l’étranger avec des pics fréquents de 41 Gb/s. 7 Gb/s seulement sont consommés sur des sites hébergés en Tunisie. Or, plus nous consommons de la bande passante à l’internationale, plus l’opérateur historique nationale Tunisie Telecom paiera au prix fort cette bande passante et autant d’argent en devises sera perdu pour des services qui peuvent être hébergés en Tunisie.

C’est la raison pour laquelle l’ATI a installé les miroirs de téléchargement et des serveurs de Caching pour des services gourmands en bande passante, tels que Dailymotion.

Mais développer des services en local demande également du travail sur des réformes profondes dans le secteur d’hébergement aussi bien sur le volet législatif que technique à l’instar de la réforme du .tn et son ouverture au grand public. Mais au lieu de se focaliser sur ces chantiers, l’ATI perd son temps, son argent et ses ressources à se défendre contre les attaques de ses détracteurs (exemple des avocats qui cherchent à obliger l’ATI à rétablir la censure par ordre de justice).

Welid Naffati

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