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Tunisie – Abdelwahab Hani : Non à la censure, oui au contrôle sélectif

«Limiter le débat de la censure à la pornographie est une grave erreur de jugement», déclare M. Abdelwahab Hani, fondateur du parti centriste Al Majd lors de son interview accordé à Malissonline.com et thd.tn. «Censurer est un mal nécessaire, au vu des nombreux méfaits et dangers qui guettent les gens sur Internet. Mais ce n’est pas uniquement pour protéger une enfance menacée par la pornographie et autres dangers. Nous considérons par exemple qu’il est plus qu’utile de limiter l’accès à Internet uniquement aux sites nécessaires au travail, car l’accès libre dans les bureaux, soient-ils privés ou étatiques, cause une perte considérable du temps».

Mais, cette “censure” devrait-elle revenir à l’Etat ? «Non, nous sommes clairs là dessus, nous ne voulons plus un système de censure. Nous optons plutôt pour un système de contrôle, sur 3 niveaux : le niveau familial, ou les parents doivent installer des logiciels de contrôle parental, le niveau professionnel, ou limiter l’accès aux sites utiles, et même le niveau national, en contrôlant les sites susceptibles de dealer des armes ou de la drogue, ce qui représente une menace pour la sécurité de la nation».

Inciter les chercheurs expatriés à revenir en Tunisie

Concernant les grandes compagnies technologiques, qui s’implémentent annuellement en Tunisie, M. Abdelwahab Hani refuse de donner carte blanche à celles-ci sans contrepartie. En effet, il estime que ces compagnies doivent obligatoirement s’engager dans le R&D (recherche et développement) et ce, en partenariat avec les instituts technologiques tunisiens. «Un bonus fiscal sera le bienvenu à toute compagnie qui investit une partie de ses bénéfices dans la recherche et le développement, surtout dans les zones rurales». D’autre part, il estime qu’il est grand temps d’essayer d’attirer les chercheurs tunisiens expatriés en Tunisie. «Ces chercheurs, ont le droit de participer à la reconstruction de la Tunisie Post Révolution. C’est pour cela que je propose de les attirer par tous les moyens, même en leurs accordant des bonus supérieurs à leurs homologues étrangers».

Les maisons de jeunes et le Net

Notre question de routine concernant l’e-constitution, ce sorte de brouillon de la loi suprême mis à disposition des internautes à la manière d’un wiki, a été appréciée par M. Hani, mais n’a pas été jugée très importante pour l’instant. «Il existe des priorités quant à l’utilisation d’Internet : comme le chômage», dit-il. Internet pourrait nous être très utile pour éradiquer grandement ce problème. Il s’agit aussi de résoudre les difficultés liées à l’infrastructure, à la répartition du réseau, etc. Il est par exemple inadmissible qu’une maison de jeunesse n’ouvre qu’une heure par jour et ce, suivant la volonté du responsable».

Al Majd opte, en quelque sorte, pour une démocratisation totale et urgente de l’Internet en Tunisie : «Internet doit être présent partout. Car ce n’est pas seulement un outil d’expression ou de loisir, il sert aussi à chercher un travail et à étudier (etc.)».

M. Hani a par la suite évoqué le rôle important des TIC dans le combat contre la dictature. Il a ainsi évoqué le cas de Marwen Ben Zineb, un informaticien assassiné par le palais pour avoir infiltré le PC de Ben Ali. Ou encore Zouhayer Yahyaoui, le fondateur du célèbre tunezine, le premier site de cyber dissidence, qui lui a valu une arrestation de 18 mois. Les tortures durant cette période en prison l’ont affaibli causant sa mort suite à une crise cardiaque.

M. Abdelwahab Hani a conclu en rappelant le leadership de la Tunisie dans le monde dans le secteur des TIC. La preuve ? Le fait que le 1er clavier arabe fut développé par IBM en Tunisie. Selon le président du parti El Majd, la Tunisie doit conserver sa position historique et encourager davantage les TIC pour qu’ils contribuent à hisser la Tunisie au rang des pays développés.

Seif Ediine Akkari

 

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