Quelle approche doit adopter un gouvernement en temps de crise pour créer de l’emploi ? C’est la question à laquelle Ericsson a voulu répondre lors d’un workshop organisé en marge du forum ICT4All le jeudi 20 septembre à Hammamet.
«D’après une étude que nous avons menée, sur chaque 1000 nouvelles connexions haut débit, on crée, en moyenne, 80 nouveaux emplois. Mieux encore : à chaque fois que le taux de pénétration de l’Internet haut débit augmente de 10%, le PIB croit de 1%», a affirmé Slim Ghariani, Country Manager d’Ericsson en Tunisie. «Quand un opérateur investi dans un réseau haut débit, il crée de l’emploi sur le court terme (sur 5 ans). Comme les techniciens en télécommunication, les ouvriers de génie civile et télécom, etc.».
Sur un plus long terme (de 2 jusqu’à 10 ans), ces investissements induisent une amélioration de la qualité de la connectivité Internet. Ceci incitera les entreprises à lancer de nouveaux services et augmenter, donc, leur productivité. Résultat : leur chiffre d’affaires progressera et l’entreprise créera de nouveaux emplois.
Le Country Manager d’Ericsson a par la suite fait un état des lieux de l’Internet en Tunisie. Un bilan qui est très insuffisant face aux défis du moment : 6,9% seulement de la population tunisienne est connectée et le PIB national est de 46 millions de dollars.
Jusqu’à 1677 millions de dollars injectés dans l’économie
«Si on arrive à augmenter de 8,1% le pourcentage de la population tunisienne connectée à l’Internet haut débit, on créera dans l’immédiat 28 mille emplois environ. Soit une croissance du PIB de l’ordre de 0,9%», explique M. Ghariani. «Elle pourra atteindre 916 millions de dollars (2%) si on connecte 25% de la population à Internet et 1677 millions de dollars si on arrive à desservir 40% de la population».
Autre donnée intéressante : de 62 mille à 113 mille nouveaux emplois peuvent être créés grâce à la démocratisation d’Internet. «D’une manière plus générale, l’impact direct du haut débit sur le PIB est quasi immédiat», rajoute le Country Manager de Ericsson en Tunisie. «A chaque fois qu’on double le débit de connexion, on obtient 0,3% de croissance du PIB soit 137,6 millions de dollars dans la situation actuelle. Bien entendu, cette croissance sera multipliée si on augmente avec elle le taux de pénétration».
De plus en plus d’opérateurs sont confrontés au gros problème du haut débit mobile. Avec l’explosion de la Data (ADSL, fibre optique, Smartphones, etc.), les investissements – nécessaires à l’élargissement de la capacité du réseau afin de desservir plus d’abonnés en bande passante-, sont en passe de devenir trop contraignants pour la bonne santé économique des opérateurs télécoms.
Et pourtant, les études d’Ericsson démontrent clairement que sans cette bande passante, il sera difficile pour le gouvernement de créer de l’emploi et améliorer, ainsi, son économie dans une période où tous les indicateurs virent au rouge. L’Etat tunisien doit-il dans ce cas subventionner les connexions Internet ?
Ne pas être un opérateur tuyaux
A moins qu’on découvre par miracle que la Tunisie flotte sur une nappe de pétrole, le contribuable ne pourra, en aucun cas, supporter une charge supplémentaire. La solution ? Ce sont les opérateurs eux-mêmes qui doivent la fournir. Comment ? Avec la création de la valeur ajoutée via des services qui accompagnent les connectivités (comme les solutions clés en main pour les entreprises ou des services qui améliorent la qualité de vie du citoyen). En un mot : innovons !
«C’est pourquoi nous lançons une campagne de sensibilisation à but non lucratif que nous avons appelé Unplug», déclare M. Ghariani. «Cette campagne incitera les opérateurs télécoms à sortir du cadre classique de leurs activités pour devenir des créateurs de services à valeur ajoutée».
En d’autres termes : Tunisie Telecom, Tunisiana et Orange doivent se débarrasser de leur statut d’opérateur tuyaux. Au jour d’aujourd’hui, seule Orange semble avoir anticipé ce besoin en travaillant depuis son lancement sur le programme développeur. Elle a été suivie par Tunisiana quelques mois après.
Tunisie Telecom, par contre, a préféré concentrer ses efforts dans la création de services à valeur ajoutée sur le secteur des entreprises. Un marché très lucratif pour l’opérateur puisqu’il occupe la première place en terme de chiffre d’affaires par rapport aux autres activités commerciales de Tunisie Telecom. Mais est-ce assez ? Probablement non. Et c’est la raison pour laquelle on assiste depuis quelques semaines à l’adaptation de quelques services Pro au grand public, comme c’est le cas de «Follow Me». L’opérateur historique est-il en train de changer, enfin, sa stratégie Business ? Peut-être.
Entre temps, l’Etat tunisien doit s’impliquer davantage dans la régulation du secteur en prenant des décisions osées telles que la colocation de l’infrastructure nationale et internationale (dégroupage, Bitstream, fibre optique, etc.), la portabilité des numéros et la réduction du prix d’appel. Des mesures qui favoriseront une concurrence saine entre les différents acteurs télécoms du pays.
Welid Naffati
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