Le mouvement islamiste Ennahdha a organisé le 8 aout dernier une cérémonie de rupture de jeûne où ce parti a convié Hammadi Jebali, actuel chef du gouvernement nahdhaoui, ses ministres et plusieurs députés nahdhaouis de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Plusieurs activistes et hommes de média (dont beaucoup ont par ailleurs servi la machine de propagande de Ben Ali) ont été également conviés à l’événement.
Ennahdha s’est même permis d’inviter plusieurs ambassadeurs (à l’instar du nouvel ambassadeur des Etats Unis en Tunisie) ainsi que des politiciens tunisiens. Parmi ces derniers, plusieurs figures notoires de l’ex-RCD (l’ancien parti au pouvoir) et des ex-ministres de Ben Ali.
Visant probablement à améliorer son image auprès de l’élite tunisienne, Ennahdha n’a pas lésiné sur les moyens pour faire réussir son évènement. Une grande salle a été louée au prestigieux hôtel Golden Tulip Gammarth. Ce dernier s’est également chargé de préparer le repas à plus de 1200 personnes.
Plusieurs voix se sont alors élevées sur la Toile épinglant Ennahdha -le parti au pouvoir dans la Troika- sur ces dépenses jugées inutiles. Surtout dans une période où plusieurs régions en Tunisie sont privées d’eau et d’électricité pendant que d’autres n’ont plus de quoi se nourrir à cause de la hausse des prix.
Mais voilà que le lendemain de la cérémonie, un document non encore authentifié a fuité sur facebook et il risque de faire des gorges chaudes. Ce document n’est autre que la facture de l’hôtel concernant l’organisation de cette soirée et qui a été adressée à Ennahdha. D’après le leak, la cérémonie de rupture de jeûne pour 1200 personnes aurait coûté au parti de Rached El Ghannouchi plus de 58000 dinars, répartis comme suit : 46 dinars par personne pour le menu, 100 accompagnateurs à 25 dinars chacun, une sonorisation à 750 dinars et le buffet.
En attente de confirmation sur l’originalité de cette dite facture, plusieurs personnes se sont d’ores et déjà indignés de cette somme faramineuse. Cette extravagance payée par le parti fort au pouvoir soulève plusieurs questions sur les sources de financement de ce parti politique. Et vu que Ennahdha suit les pas du RCD et s’érige de plus en plus comme un parti-Etat, on se demande si cette facture salée ne sera pas payée, en fin de compte, par le contribuable.
Seif Edine Akkari