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Tunisie – Elections : Nos bloggeurs pourront-ils réussir là où l’ISIE a échoué ?

Malgré la campagne médiatique de l’Instance Supérieure Indépendante pour les Eléctions (ISIE), très peu de Tunisiens se sont déplacés pour inscrire leur nom pour les élections. Un comité d’anciens bloggeurs tunisiens a donc décidé de réagir en lançant le premier atelier gratuit de formation dans les techniques de blogging afin d’inciter les Tunisiens à aller s’inscrire.

Les élections de l’assemblée constituante représentent une étape cruciale dans l’avenir de la Tunisie Post-Révolution. C’est grâce à elles que se dessineraient les principaux traits de la Deuxième République Tunisienne. Malgré l’importance de ce rendez-vous, il ne suscite pas pour l’instant un engouement à la hauteur de l’enjeu qu’il représente. Pour motiver les foules à aller s’inscrire, un comité de bloggeurs tunisien décidés d’avoir recours à l’arme qui a tant contribué à la chute de l’ancien régime, c’est-à-dire l’activisme Internet et le blogging.

Parmi eux, un jeune ingénieur tunisien nommé Abdel Karim Ben Abdallah (@karim2k sur twitter), qui a organisé hier mardi 26 juillet, un atelier ouvert de live blogging dédié à la réussite des élections. C’est à propos de cet atelier que tunisiehautdebit.com l’a rencontré pour expliquer le but de cette action. Interview.

THD : Pouvez-vous nous faire une petite présentation pour ceux qui ne vous connaissent pas, et une présentation sommaire de l’évènement dont vous en êtes l’organisateur :

Karim2k : Mon nom est Abdel Karim Ben Abdallah. Je suis un ingénieur Tunisien et blogueur, sous le pseudonyme karim2k. Cet atelier ouvert de Live Blogging vient renforcer une action ultérieure lancée par les blogueurs. Ces derniers ont posté des billets sur leurs blogs afin de sensibiliser les Tunisiens sur l’importance d’inscription et les inciter à s’inscrire pour les élections de la constituante en octobre prochain. Le principe de cet atelier est donc d’encourager les gens, spécialement la communauté Internet tunisienne, à s’inscrire dans les listes électorales et initier les gens à blogguer en ouvrant leurs propres blogs.


Photo exposée à l’Espace d’art Mille Feuilles, Marsa Plage

En dépit de l’apport considérable d’Internet, à travers le blogging et les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, dans la réussite de l’effondrement de la dictature de Ben Ali, les gens sont, paradoxalement, moins optimistes quant à sa contribution dans la réussite des élections. A votre avis, à quoi est dû ce pessimisme et quelles solutions proposez-vous pour convaincre ces personnes-là ?

Les lourdes séquelles portées à la presse durant les années despotiques ont enlevé le peu de confiance qu’avaient les Tunisiens en eux. Ce manque de confiance est accentué par le fait que beaucoup de Tunisiens sentent que rien n’a changé dans les médias. Les mêmes visages, les mêmes voix, et les mêmes plumes qui faisaient la propagande de Ben Ali occupent encore les devants de la scène. C’est pourquoi les gens se sont tournés vers le principal réseau social, à savoir Facebook. Mais l’atmosphère sur ce dernier s’est vite trouvée altérée et est devenue peu propice à la démocratie. Et pour cause, on y voit maintenant que des insultes, accusations mensongères et rumeurs qui fusent de partout. Bref, le Tunisien ne sait plus à quel saint se vouer pour trouver un support média d’information de confiance et respectueux. C’est là que le blogging peut remplir ce besoin.

Il y en a qui pensent que le mépris qu’ont les Tunisiens envers les partis politiques nouvellement créés, est la raison principale de ce désintérêt pour les inscriptions. A travers votre atelier de formation, allez-vous inciter les internautes à ce qu’ils encouragent les autres jeunes à adhérer à la vie politique, et donc à un parti politique ?

Les blogueurs n’ont pas les mêmes contraintes que les journalistes. Ces derniers doivent en effet suivre une ligne éditoriale tout en restant le plus neutre possible. Le blogueur, par contre, est libre de mettre en façade ses choix, ou orientations politiques. Mais pour le moment, notre but n’est pas de privilégier un courant ou un parti politique, mais plutôt d’encourager les gens à aller voter via les blogs. Inciter les Tunisiens à participer à la vie politique peut se faire après, juste avant les élections.

Quoi qu’il en soit, le blogging est un moyen comme autre qu’une personne lambda pourra utiliser pour aider son pays. On peut dire que bloguer est aussi une action citoyenne et qui est totalement gratuite en plus.

Propos recueillis par Seif Eddine Akkari

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