Afin de faire le point sur l’état d’avancement de l’affaire de «Jabeur Mejri» et plus précisément la campagne de soutien mieux connue sous le nom de «free jabeur» une conférence de presse a été donnée le vendredi 24 août 2013 au local du syndicat des journalistes. En voici les détails.
Afin de faire le point sur l’état d’avancement de l’affaire de «Jabeur Mejri» et plus précisément la campagne de soutien mieux connue sous le nom de «free jabeur» une conférence de presse a été donnée le vendredi 24 août 2013 au local du syndicat des journalistes. En voici les détails ; commençons par rappeler les faits :
Le 5 mars 2012 « Jabeur Mejri » a été arrêté après avoir publié des photos sur son mur (Facebook) : des photos « qui portent atteinte au prophète Mohamed » et le 28 mars 2012 il fut condamné à “5 ans de prison et une amende de 1.200 dinars pour avoir publié et diffusé des écrits susceptibles de trouble à l’ordre public, 2 ans de prison pour offense à autrui via les réseaux publics de communication et 6 mois de prison pour outrage aux bonnes mœurs par le geste et la parole” selon le comité de soutien. Egalement, son ami « Ghazi Béji » a été condamné par contumace à la même peine, mais il a quitté la Tunisie clandestinement pour obtenir l’asile politique en France. Ces condamnations ont été fondées sur des lois instaurées par Ben Ali qui servaient à l’époque à limiter la liberté d’expression sur internet.
Il est à noter que ce verdict a été confirmé par la Cour d’appel de Monastir le 25 juin 2012 et une seconde fois par la Cour de Cassation de Tunis le 25 avril 2013. Et depuis plusieurs tentatives de mobilisation ont été mises en place par le comité de soutien, dont, récemment, une demande de grâce présidentielle qui a été déposée par « Bochra Bel Haj Hmida » auprès du ministère de la Justice mais elle ne lui a pas été accordée ; pour autant 343 prisonniers ont bénéficié de cette même grâce à l’occasion de l’Aid El Fitr. Une décision qui engendre des inquiétudes sur le futur de la liberté d’expression dans une Tunisie post révolutionnaire, préoccupations renforcées par la non-réaction du président de la République qui était pourtant un ancien président de la Ligue Tunisienne des droits de l’Homme.
Les événements ont connu une tournure dangereuse lorsque « Ghazi Béji », qui était censé être à l’abri dans un camp de réfugiés en France, a été victime d’agressions à deux reprises par des fanatiques religieux ainsi que Jabeur qui a été agressé voir même menacé à plusieurs reprises en prison. Chose qui a poussé le comité de soutien à redoubler d’efforts et à annoncer plusieurs décisions en guise de nouvelles étapes dans cette lutte pour un droit vital et évident de chaque individu. Parmi ces actions on peut citer : l’organisation, tous les 13 de chaque mois, d’une manifestation intitulée « Mouvement du 13 Mars » (le 13 mars étant la Journée nationale pour la liberté d’Internet en Tunisie) ainsi que le lancement d’un festival de caricatures (le 1er festival est programmé pour le 1er octobre 2013), des expositions de photos de rues et des campagnes de sensibilisation à l’échelle nationale ainsi qu’à l’échelle internationale… Le comité a également annoncé l’éventualité d’entamer une grève de la faim si la situation l’imposait et si les institutions de tutelle continuent à faire la sourde oreille.
La situation de « Jabeur Mejri » aujourd’hui nous emmène à poser plusieurs questions qui nous brûlent les lèvres depuis un bon moment : Qu’en est-il de l’avenir de la liberté d’expression dans ce pays ? Avons-nous les garanties de ne pas voir des procès pareils dans l’avenir prochain ou sommes-nous toujours accablés par des lois régies par un dictateur déchu ? Aucune réponse concise n’est fournie pour le moment mais pourvu que ça change…
Arwa Jouini