Avant de commencer quoi que ce soit, soyons clairs sur une chose : Avec ses deux précédents articles (voir ici et ici), cet actuel et ceux qui suivront, Thd.tn ne cherche pas à salir la réputation de la Tunisie ou la saboter comme destination technologique. Nous essayons, juste, de recadrer les discussions (interminables) des commissions sectorielles en pointant du doigt LES VRAIS réformes à faire avant d’écrire un plan d’action quinquennale qui n’aboutira probablement jamais. Car pour chaque problème rencontré, il y a, généralement, des causes non apparentes plus profondes et plus graves.
Avant de commencer quoi que ce soit, soyons clairs sur une chose : Avec ses deux précédents articles (voir ici et ici), cet actuel et ceux qui suivront, Thd.tn ne cherche pas à salir la réputation de la Tunisie ou la saboter comme destination technologique. Nous essayons, juste, de recadrer les discussions (interminables) des commissions sectorielles en pointant du doigt LES VRAIS réformes à faire avant d’écrire un plan d’action quinquennale qui n’aboutira probablement jamais. Car pour chaque problème rencontré, il y a, généralement, des causes non apparentes plus profondes et plus graves.
Après l’environnement d’investissement pour les Startups, on s’intéresse ici au projet Smart Tunisia qui est destiné à l’OffShoring. Mais deux ans après sa création, les résultats sont (pratiquement) à zéro. Certes, il y a plusieurs dizaines de contrat d’OffShoring qui seront signés vers fin novembre, mais la machine Smart Tunisia n’évolue pas assez rapidement à cause des problèmes logistiques et des entraves administratives. Comment peut-on encourager l’Offshoring et la prospection client à l’international quand l’équipe est très limitée ? Comment veut-on que Smart Tunisia soit la vitrine reluisante de l’économie numérique du pays quand, cette même vitrine, se voit relogée dans deux petits bureaux au siège du ministère comme un vulgaire service administratif ? Comment veut-on que la Tunisie devienne un hub numérique quand Smart Tunisia se voit refuser une demande d’Appel d’offre pour recruter une agence de communication et marketing qui l’aidera à mieux communiquer à l’international (foires, salons, médias, etc.) ?
Les Startups tunisiennes ont aussi besoin de leur Smart Tunisia
La cause de tout ça ? Le manque de moyens. Pourtant, le budget qui lui est réservé existe. Mais le ministère des Finances traine des pieds à le verser pour des raisons inexpliquées. Et en voyant aussi le blocage, par ce même ministère, à verser les augmentations des employés de l’Instance Nationale des Télécommunications (qui alimente, chaque année, les caisses de l’Etat avec 2 millions de dinars de son excédent de budget), on se demande si le ministère des Finances n’est pas, finalement, en train de saboter celui des TIC et ses organes de tutelles.
Qu’à cela ne tienne. Avec un peu de pression et de patience, les choses finiront par se débloquer. Mais en même temps, pourquoi les Startups tunisiennes ne peuvent pas bénéficier du soutient de Smart Tunisia comme guichet unique pour créer son entreprise TIC en Tunisie ? Ce guichet unique pourra, en effet, outre passer tous les blocages qu’on a évoqué dans nos précédents articles. Au lieu de passer par l’Agence de Promotion de l’Industrie (API) pour créer son entreprise (qu’elle soit d’offshoring ou d’onshoring) on le fait directement chez Smart Tunisia. Comme ça, on évite les lourdeurs administratives et les caprices des agents de l’API qui, parfois, ne comprennent rien dans le digital.
Pourquoi doit-on passer par mille et une administrations si on veut avoir une autorisation d’importation ou d’exportation d’un produit hightech, avec, en sus, un passage obligatoire par la CERT pour l’homologation ? Ce n’est pas mieux que Smart Tunisia joue, là aussi, son rôle de guichet unique ? Avoir un financement public ou privé pour sa Startup est un vrai parcours du combattant (comme on l’a déjà expliqué dans la deuxième partie). Pourquoi Smart Tunisia ne concentre pas chez elle tous ces programmes de financement, notamment ceux publics, destinés aux Startups ?
Parmi ses tâches, Smart Tunisia assurera la formation du personnel que vont recruter les entreprises TIC offshore qui s’installent en Tunisie. Mais, ce besoin de la main d’œuvre qualifiée n’est pas exclusif aux sociétés offshores. Les Startups et les entreprises tunisiennes ont en aussi besoin. Avec le prochain code d’investissement, l’Import sur les Sociétés (IS) devra, normalement, baisser de 25% à 15%. Si Smart Tunisia devient une sorte d’API pour les sociétés TIC, chaque Startup créée pourra verser ce 10% de différence à Smart Tunisia. Une sorte de redevance grâce à laquelle la Startup a un accès aux services de Smart Tunisia (formation et formation continue du personnel, accès aux financements et programmes de soutient, facilitateur de procédures auprès des autres ministères, etc.).
Pourquoi on ne peut pas assurer un logiciel ou une donnée ?
Chaque entreprise qui traite des données, a un risque de se faire voler son idée/son projet. Malheureusement en Tunisie, on ne prend pas au sérieux ce vol, même si le salarié en question signe un contrat de confidentialité. Parmi les raisons de cette défaillance ? Le manque de formation des juges. Alors pourquoi Smart Tunisia n’intègre pas chez elle un pôle judiciaire du numérique ? Une sorte de tribunal habilité à statuer sur les plaintes des entreprises concernant les logiciels, les brevets, etc. Et qui pourra même former les autres juges sur les dossiers concernant les TIC. Toujours au sujet du vol des données/brevets. Comment ça se fait qu’en Tunisie on ne peut pas assurer une idée ou un projet immatériel ? Si je suis une entreprise et que je suis victime d’un accident (incendie, vol, etc.), je serais doublement pénalisé : Perte du matériel/personne et Perte des données ce qui m’encourt, en plus, un risque de faillite vu que je ne serais pas apte à livrer mon projet dans les délais impartis à mon client.
C’est là qu’on voit l’intérêt d’avoir une assurance sur les produits immatériels. Et à ce sujet, en Tunisie, il n’y a aucune partie habilitée, justement, à valoriser ce patrimoine numérique immatériel (pour les assurances, pour les augmentations de capital, etc.). Or, Smart Tunisia pourra, aussi, jouer ce rôle là. En plus clair, toute Startup aura intérêt à payer le 10% de son IS comme redevance à Smart Tunisia pour accéder à ses services. De plus, Smart Tunisia aura sa propre autonomie financière sans alourdir le Fond des TIC ou attendre l’aumône du ministère des Finances. Une pierre, deux coups !
En reprenant le sujet de l’innovation et sa relation avec la lourdeur administrative, c’est la multitude des intervenants et des process qui font qu’une startup, ou une entreprise en général, se trouve bloquée par l’administration. C’est en ayant beaucoup de tenants et des aboutissants dans chaque dossier qu’on a du mal à réformer. Car, tout simplement, les indicateurs sont éparpillés. En centralisant le tout chez Smart Tunisia, on peut facilement détecter les défaillances et proposer des plans d’actions plus efficaces pour la relance de l’économie grâce au numérique. Et non via des commissions de discussions dans un tel ou tel ministère.
Encore faut-il que l’entrepreneur n’ait pas peur pour son intégrité physique dans un Etat où certains policiers et certains juges semblent être intouchables. A suivre.
Welid Naffati
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